Megève – Eglise Saint Jean-Baptiste

Le nom de Megève est sur beaucoup de langues : une station huppée pour les sports d’hiver, la neige à Noël, les forêts savoyardes… chacun y verra au moins l’une de ces expressions dans ces six lettres. Megève a possédé et possède encore de multiples facettes. Comme beaucoup de communes de la région, son passé est essentiellement agricole. Les cartes postales anciennes nous présentent une commune vide d’habitations avec des champs à perte de vue ! Megève a aussi été une place forte pour la religion en Pays de Savoie : on la considérait comme la « Jérusalem savoyarde », excusez du peu ! Dotée d’une grande piété, la paroisse de Megève et ses curés hauts en couleurs ont permis à une chapelle au dessus du bourg de recevoir pendant plusieurs années les faveurs du Pape : quiconque s’y rendait avec de saintes intentions pouvait y recevoir l’indulgence de la Portioncule, dit-on pour faciliter l’accès au Paradis ! Pour en arriver là, l’abbé Ambroise Martin, curé de Megève en 1820 à 1863 a entrepris la réalisation d’un véritable Calvaire : 15 oratoires et chapelles qui rappellent le chemin de croix du Christ au Vendredi Saint. Cet élément du patrimoine mégevan existe encore et les chapelles témoignent de cette foi immense. Au siècle suivant, la famille de Rothschild plantent leurs bâtons à Megève et initient la station de ski au sortir de la Première Guerre Mondiale. Un siècle plus tard, cette même station se trouve faire partie d’un domaine skiable qui offre l’un des plus beaux panoramas : le massif du Mont-Blanc !

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L’église Saint-Jean-Baptiste se dresse sur la place centrale du village. Sa particularité : elle appartient à deux communes ! Comment est-ce possible ? Au XVIIIème siècle, la commune de Demi-Quartier est érigée mais continue de dépendre de Megève au spirituel. Depuis sa création, elle dispose d’un cinquième de l’église et participe donc, à cette hauteur, à son entretien ! Notons que Demi-Quartier ne possédait pas jusqu’à il y a peu de mairie : cette dernière se trouvait sur la place principale de Megève ! Mais le tir vient d’être corrigé avec une nouvelle mairie sur son territoire. Revenons à l’église Saint-Jean-Baptiste. On raconte qu’elle a été fondée par des moines de Saint-Michel de la Cluse (actuelle Italie) au XIIème siècle. En 1202, Guillaume de Faucigny jure dans cette église sur l’Evangile de prendre sous son aile un autre prieuré, celui de Chamonix. L’église de Megève ne témoigne malheureusement aucunement de cette époque : le chœur daterait du XVème siècle (avec une petite marge d’erreur sur les siècles précédent et suivant) alors que la nef et le clocher datent du XVIIème siècle et l’avant nef date de 1870. Le sommet du clocher, quant à lui, a été reconstruit plusieurs fois au gré des incendies et des guerres, la dernière édification datant de 1809. Comme presque toutes les églises du diocèse, elle sera visitée par le futur saint François de Sales alors évêque de Genève en 1606. Entre 1687 et 1682, l’église est reconstruite car trop exiguë pour les paroissiens. Durement touchée après l’incendie du clocher en 1728, le monument est reconstruit grâce à la piété des habitants émigrés à Vienne. L’église est durement touchée par la Révolution qui la dépouille de son carillon et d’une grande partie de son mobilier. Heureusement, quelques pièces ont pu être cachées. L’église servira de dépôt avant d’être rendue au culte le 28 décembre 1799. Au XIXème siècle, les abbés Pissard et Martin, curés successifs, auront à cœur de redonner à l’église sa splendeur d’antan. En 1842, le nouvel orgue des frères Callinet est solennellement béni le jour de la Saint Jean. Depuis quelques années, l’église subit une attention toute particulière : la toiture a été presque intégralement reprise ainsi que les façades, de même que le clocher. Actuellement c’est au tour de l’intérieur de l’édifice de subir une cure de jouvence ! Viendra ensuite, peut-être, l’orgue et les cloches. De quoi inscrire cette église dans le nouveau millénaire ouvert voilà presque 25 ans !

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Le passé campanaire de Megève est assez mal connu. Nous savons simplement qu’en 1578, une horloge avec une aiguille est installée sur la face nord du clocher : on peut supposer que des cloches l’accompagnaient pour sonner les heures. Le 5 octobre 1728, le feu prend dans le clocher de l’église et le réduit en cendres. Très vite, grâce au zèle des mégevans, il est reconstruit. Les cloches ne sont pas mentionnées mais nous pouvons librement penser qu’avec un clocher détruit, les cloches n’ont pas été épargnées ! Le 9 novembre 1754, la tour subit de plein fouet un incendie qui détruit une bonne partie du bourg. On raconte que la grosse cloche, léchée par les flammes, est tombée jusqu’en bas du clocher sur un tas de charbon utilisé pour la sacristie. Le clocher restera plusieurs années sans les élégants dômes qui le couronnaient avant une reconstruction en 1768 seulement ! Cependant, en 1757 déjà, une nouvelle horloge à deux aiguilles est installée sur la face nord. Il est très probable que dans cette même période, une nouvelle sonnerie est réalisée pour l’église. Le timbre civil situé dans le dôme sommital porte d’ailleurs la date de 1756.

En 1783, deux des cloches sont fêlées. Il est alors décidé de refondre totalement la sonnerie. Les fondeurs Antoine et Joseph Livremont, natifs de Pontarlier et maîtres fondeurs, sont sollicités pour la fonte de six cloches : cinq cloches « en harmonie de ton » et une plus grande « en tierce avec la seconde ». L’objectif est de former un carillon. Ces cloches seront réalisées le 30 octobre 1783 : d’abord la plus grande, puis les cinq petites. Au démoulage, les petites cloches donnent satisfaction mais la plus grande présente quelques défauts. Il est donc décidé de reporter sa fonte à l’année prochaine. Le poids de ces six cloches est donné dans les archives municipales : 4150, 2247, 1604, 1168, 900 et 634 livres. Le payement de cette réalisation s’étirera sur quelques années, en témoignent la correspondance entre les fondeurs et les municipalités de Megève et Demi-Quartier. On raconte alors que le carillon de Megève est le plus beau des Alpes !

Une décennie plus tard, les cloches de l’église et des chapelles de Megève et Demi-Quartier furent saisies et le clocher fut décapité. Permission était donnée de conserver une seule cloche par commune. Celle de Demi-Quartier étant unie pour le religieux à Megève, cette dernière a aussi revendiqué son droit de conserver une cloche au clocher de l’église. 18 cloches ont été saisies de l’église et des chapelles. Les cloches ont été emmenées à Sallanches avant de rejoindre le dépôt de Bonneville où étaient centralisées toutes les cloches du Faucigny pour être fondues en canon. Bon nombre d’entre elles n’ont jamais été cassées et ont été récupérées par d’autres paroisses que celles d’origines, provoquant un gigantesque jeu des « chaises musicales » encore présent de nos jours. C’est ainsi que Juvigny possède encore aujourd’hui la cloche de la chapelle de la Tonnaz, édifice disparu de Praz-sur-Arly, citée dans les 18 cloches fournies par la paroisse de Megève. Pour conserver deux des cloches de 1783 au clocher, les mégevands avaient dû céder le timbre de 1756. Mais en 1795, le district de Cluses autorise Megève à le reprendre. Pour se faire, les élus missionnent Michel Socquet-Clerc.

En 1809, le clocher est reconstruit tel que nous le connaissons, même s’il sera bien sûr restauré durant les deux siècles à venir. Dans les années 1820, Claude Paccard, représentant de la seconde génération de la fonderie toujours active en région annécienne, est sollicité pour fondre de nouvelles cloches. Elles seront réalisées le 28 octobre 1825. La plus grosse se fêle très vite et est refondue le 20 août 1829 par le même fondeur. Dans les années 1880, un projet d’ampleur se prépare : les archives paroissiales gardent en mémoire les échanges nourris entre la fonderie Paccard et l’abbé Monnard, curé-archiprêtre de Megève. L’objectif initial du projet était de marquer avec solennité l’année 1886, marquant les 50 ans de l’ordination presbytérale d’un enfant du pays. Né le 28 septembre 1810, Mgr Jean-Marie Tissot a été ordonné prêtre le 24 septembre 1836 pour les Missionnaires de Saint-François-de-Sales. Figurant parmi les premiers prêtres de l’ordre à partir en mission en Inde dès 1845, il sera nommé pro-vicaire apostolique de Visakhapatnam en 1852 puis vicaire en titre en 1863 tout en devenant évêque. En 1886, le vicariat apostolique est érigé en diocèse et il en deviendra le premier évêque jusqu’à sa mort, le 27 septembre 1890, la veille de ses 80 ans.

Plusieurs projets sont alors évoqués même si une idée ne changera pas : réaliser un bourdon honorant Mgr Tissot. Un brouillon non daté fait d’abord état d’une cloche de plus de 3’500 kilos, probablement un la grave. Il inclut la refonte de la troisième cloche pour la donner plus légère (de 1’250 kilos elle ne devait peser plus que 1’000 kilos) et la fonte d’une petite cloche de 240 kilos. Les évènements vont tout de même rattraper le projet car à Rome, le Pape Léon XIII décide de consacrer l’année 1886 à la Vierge Marie et statue que le mois d’octobre sera, pour cette année et celles à venir, le mois du Rosaire. Le 2 janvier 1886 est signé un contrat entre les Paccard et l’abbé Monnard pour la fonte de quatre cloches : un bourdon plus léger (2’850 kilos) et trois petites cloches. Ces quatre cloches seront livrées pour la saint Jean-Baptiste, fête patronale, après un long travail épistolaire pour le curé. Outre les échanges avec les Paccard, toute une souscription s’est mise en place pour le bourdon. La cloche de 240 kilos sera financée par la confrérie du Rosaire, tandis que les deux autres seront prises en charge par plusieurs familles de la paroisse. Le chanoine Poncet, vicaire général du diocèse, se rend même au clocher et fait plusieurs propositions à l’abbé Monnard. Il lui propose d’étendre le carillon avec deux cloches supplémentaires d’une part (portant le nombre de nouvelles cloches à 6), et de refondre les cloches 2 et 3 pour n’en faire qu’une seule intermédiaire. Il ajoute même que ces deux cloches sont fausses et lorsque les nouvelles cloches seront fondues, tout le monde s’en rendra compte ! Cette idée ne fut pas réalisée et les deux cloches concernées sont toujours en place ! Quant aux deux petites cloches… elles ont failli être fondues ! Le chanoine Poncet, très emballé par son idée, transmet ses ordres à Paccard qui était prêt à s’exécuter. Dans une lettre au curé, ils indiquent qu’ils peuvent même faire un prix ! Et en parallèle, sans doute par la voix du vicaire général, l’évêque d’Annecy apprend le projet. Beaucoup moins enthousiaste, il met en garde le curé que par les temps qui courent, engager une dépense aussi colossale peut mettre en péril la paroisse voire le diocèse. Il convient de préciser que nous n’étions pas dans un climat très favorable pour l’Eglise avec des lois laïques votées en nombre et la célèbre loi de 1905 à l’horizon. Sans doute que l’évêque fut contrarié et jaloux, puisque l’abbé Monnard n’a pas demandé au préalable son autorisation, et que le bourdon allait donner la même note que celui de la cathédrale. Cette dernière n’est en plus pourvue que de deux cloches. Et ajoutons que ce bourdon allait honorer un autre évêque vivant à l’autre bout du Monde ! Toujours est-il que le curé répond courtoisement à son évêque que le projet est réfléchi et que la souscription avance à un bon rythme et que les souscripteurs se refusent à donner de l’argent pour un autre projet que le bourdon commémorant le sacerdoce de Mgr Tissot ! Il précise aussi que les petites cloches ont été payées presque en totalité par leurs parrains et marraines en parallèle. Les cloches arriveront à Megève au mois de juin et seront bénites le 2 août par le chanoine Poncet. En même temps que leur bénédiction est installée une plaque commémorative de Mgr Tissot sur la façade de l’église, toujours visible. En 1887, la fonderie Paccard remet sur la table la fonte des deux petites cloches proposées par le chanoine Poncet. Pour déduire la facture, il est proposé de racheter une petite cloche de 50 centimètres de diamètre pesant environ 80 kilos. Son origine est inconnue : provient elle de l’église ou d’une chapelle ? Finalement, cette fonte n’aura pas lieu. En 1890, la fonderie Paccard demande au curé archiprêtre de solliciter Charles Arragon, fondeur de cloches lyonnais, qui prétend électrifier les carillons afin de soutirer des informations. Cette lettre est très intéressante car elle donne un état des lieux du clocher de Megève. MM. Paccard expliquent au curé les propos qu’il doit tenir dans sa demande et l’invitent à donner les poids des cloches (approximatifs) : « Il faudrait lui dire que vous avez des cloches dont la plus grosse pèse près de 3000 K et les autres 2100, 1200, 850, 600, 450, 360, 240, 170, 120, 100 K environ ».  Les trois poids soulignés laissent interrogatifs : ils ne sont identifiés à aucune cloche citée dans les archives (dans l’ordre : 1886, 1829, 1825, 1825, 1783, ?, 1886, 1886, 1886, ?, ?). Mais deux informations sont à considérer : deux cloches ont été sauvées à la Révolution et il n’est jamais fait mention de refonte d’une cloche pour les fontes de 1825 et 1886, si ce n’est la refonte de la seconde cloche dès 1829 après une première coulée malheureuse. La liste donne également le poids de 11 cloches, incluant donc très certainement le timbre civil au sommet du clocher. Cette cloche estimée à 150 kilos est certainement l’une des deux cloches les plus légères. Il y a aussi, dans une précédente lettre que j’évoque, le cas de la petite cloche de 80 kilos qui est promise à la refonte. Etant donné que les poids sont donnés très arrondis (on passe de 2’848 à 3000 kilos pour le bourdon) probablement que cette cloche, si elle était bien à l’église, est celle de 100 kilos (et donc le timbre celle de 120 kilos). Concernant celle de 450 kilos, son origine n’est pas certifiée mais tout laisse à penser qu’il s’agit de la seconde cloche sauvée à la Révolution française. Son poids n’est malheureusement pas connu si ce n’est qu’il faut recouper entre les poids de 1783 (en livres de Chambéry) et les poids des cloches descendues du clocher (en quintal de Genève) :

Poids des cloches de 1783 de l’église de Megève :

En 1783

(en livres de Chambéry ~40g)

Source : procès verbal de fonte

En 1792

(en quintal de Genève ~55kg)

Source : procès verbal à la Révolution

4150 (env. 1650 kg)

25 (env. 1375 kg)

2247 (env. 900 kg)

13 (env. 715 kg)
1604 (env. 650 kg)

1168 (env. 450kg)

900 (env. 360kg) 7 (env. 385 kg)
634 (env. 250 kg)

4 (env. 220 kg)

Ces comparatifs peuvent laisser interrogatifs : quels poids seraient les plus corrects ? On notera en effet une importante différence entre ceux de la fonte et ceux de la réquisition, en particulier sur les deux plus grandes. On note cependant, grâce aux deux plus petites, qu’il reste quoi qu’il arrive un trou béant entre la 2e et la 5e cloche, compte tenu de la description musicale de la sonnerie « les petites étaient en accord de ton » : c’est-à-dire une portion de gamme musicale, comme nous avons à Megève aujourd’hui. En 1783, les fondeurs étaient tout à fait capables de réaliser une sonnerie plutôt « accordée » et donc avec une certaine proportionnalité des poids. Ces considérations proportionnelles et musicales nous permettent, avec la description de la sonnerie en 1783 d’attribuer des notes de musique aux cloches : Fa, Sol, La, Si bémol et Do, avec un Ré pour la plus grave. A noter que la troisième de 1783 est toujours en place : c’est aujourd’hui la cinquième, le Sol, dont le poids est bien estimé à 650 kilos. Sa petite sœur de 1923 n’est autre qu’un La d’environ 450 kilos. Il n’y a donc pas de doute quant à sa refonte en 1923 et peut être qu’un jour les archives relatives à cette refonte seront retrouvées. Cette cloche, la plus récente du clocher, s’appelle « Jeanne ». C’est un souvenir de la Confirmation donnée à l’église en 1923.

Le tour d’horizon ne saurait être complet sans évoquer la plus petite cloche, « Philippine-Ambroisine ». Datée de 1896, elle a été fondue grâce « à la libéralité de [ses] parrains ». Là aussi, les archives sont terriblement lacunaires. D’un poids d’environ 120 kilos, cette cloche pourrait remplacer, sans aucun doute, la cloche de 80 kilos citée dans les lettres après la grande coulée de 1886. Le contexte de cette coulée, avec celle de 1923, n’est malheureusement pas encore totalement explicable mais la découverte future de nouvelles archives nous aidera probablement à y voir plus clair.

Il semblerait que la sonnerie de l’église ne fut électrifiée qu’en 1954 : les 10 cloches furent alors dotées de marteaux de tintement pour carillonner, alors que seules trois cloches ont été motorisées pour la volée : les cloches 3, 4 et 5. Le bourdon ne sera motorisé pour la volée qu’en 1963 et la cloche 2 à une date ultérieure (inconnue). Les cloches 6 et 7 sont toujours équipées d’une corde alors que les cloches 8, 9 et 10 sont bridées, empêchant la volée et sont donc uniquement tintées.

Nom Fondeur Année Diamètre (cm) Masse (kg) Note
1 Marie Françoise Joséphine du Sacré-Cœur G&F Paccard 1886 166,5 2848

Si 2

2

Claude Paccard 1829 150,8 ~2100 Do 3
3 Jeanne Françoise Claude Paccard 1825 126,3 ~1200

Mi3

4

Claude Paccard 1825 113,0 ~850 Fa 3
5 Antoine et Joseph Livremont 1783 105,0 ~650

Sol 3

6

Jeanne Les fils de G. Paccard 1923 88,0 ~450 La 3
7 Anne Françoise des Sept Douleurs G&F Paccard 1886 82,7 349

Si3

8

Marie Julie Thérèse du Rosaire G&F Paccard 1886 73,2 245 Do 4
9 Vierge du Rosaire G&F Paccard 1886 65,1 168

Ré 4

10

Philippe Ambroisine G&F Paccard 1896 61,9 ~150 Mi4
Timbre Livremont 1756 65,8 ~150

4

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Mes remerciements à :

Le père Bruno Duperthuy, curé, pour son accueil et ses autorisations.
M. Jacques Socquet-Clerc, archiviste et sacristain, pour son accueil et les recherches historiques.
M. David Rossoni, archiviste communal de Megève pour les recherches historiques.
Mme Mélanie Maréchal, archiviste du diocèse d’Annecy pour les recherches historiques.
M. Anthony Gerfaud-Valentin, carillonneur et organiste de Megève.
Mes amis Claude-Michaël Mevs alias « Quasimodo », Victor Fraysse et Loris Rabier alias « Les Cloches Mauriennaises pour l’aide apportée.

Sources & Liens :
Paroisse de Megève
Mairie de Megève
Mairie de Demi-Quartier
Archives paroissiales
Archives communales
Echo paroissial de Megève
« Histoire de Megève pendant la Révolution Française », Abbé Clovis Grosset, 1869

Val-Cenis – Eglise Saint-Etienne (Sollières)

Installée de part et d’autre de la rivière Arc qui creuse depuis des millénaires la vallée de la Maurienne, la paroisse de Sollières s’organise autour de son église Saint-Etienne. D’abord liée administrativement avec celle de Saint-Laurent de Sardières, elle se retrouve aujourd’hui dans une vaste commune nommée Val-Cenis qui englobe d’autres villages en amont et en aval. Le nom Val-Cenis fait évidemment référence au col du Mont-Cenis, trait d’union entre la France et l’Italie et très emprunté avant que le tunnel du Fréjus voit le jour. Percé à Modane, plus en amont, il a malheureusement condamné la haute Maurienne à beaucoup plus de ruralité. Les amateurs de jolis paysages n’en seront pas mécontent, tant la route qui remonte la vallée offre à chaque virage de somptueux paysages dignes d’une carte postale avec de jolis villages typiques, le clou du spectacle étant celui de Bonneval-sur-Arc, qui figure d’ailleurs dans la liste des plus beaux villages de France.

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L’église Saint-Etienne de Sollières a été construite dans un style baroque typique des vallées savoyardes. Ou plutôt reconstruite : en 1817, un éboulement endommage sérieusement l’église qui ne se trouvait pas à son emplacement actuel. Il est donc décidé de la reconstruire et de la déplacer de 200 mètres en amont pour qu’elle soit à l’abri de tout danger naturel : isolé des éboulement et en hauteur de l’Arc pour éviter une crue dévastatrice. Mais cette décision n’a pas été prise sans un long et âpre débat qui a divisé les habitants durant huit années ! Par miracle, certains éléments majeurs de l’église ont été épargnés et réutilisés comme les retables ou encore le baptistère portant la date (approximative) de 1525. L’entrée de l’église peut laisser perplexe : on y pénètre par un vestibule doté de deux entrées latérales, et non par la façade principale ! Ce dernier protège l’église des intempéries et du froid. D’autres personnes raconteront volontiers que les deux entrées de l’église permettaient d’éviter les querelles entre les gens de « Sollières endroit » et ceux de « Sollières envers », une querelle de clochers… autour du même ! C’est aussi la raison qui justifie que le cimetière fasse le tour de l’église avec, là encore, deux entrées opposées. 

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Le clocher, parlons en sans évoquer de querelles cette fois, est encore l’un des rares encore sonnés à la corde dans la région. Il se dit d’ailleurs qu’il y a quelques décennies, elles avaient été électrifiées… au grand dam des habitants ! Le système étant défectueux d’emblée, il aurait été démonté aussitôt ! Réalité, ou alors médisances des habitants farouchement opposés à la fée électricité dans son clocher ? Quoi qu’il en soit, les quatre vénérables dames de bronze sont accrochées sur un beffroi en bois et donnent chacune dans une baie, contemplant chacune des maisons de la paroisse. Elles sont surmontées d’une élégante flèche en pièce cernée par quatre pinacles, architecture courante dans le haut de la vallée. Sous elles, le fin observateur notera que chaque face possède une baie identique mais obstruée : décoration, ou bien indice d’un clocher surélevé pour que sa voix porte plus loin ? Aucune certitude, mais l’hypothèse est là. Au niveau de l’histoire campanaire, les doutes sont aussi présents : les quatre cloches ont été fondues entre 1829 et 1883 par la fonderie Paccard, d’abord à Quintal puis à Annecy-le-Vieux. Les deux plus petites sont les plus anciennes. Elles ont été commandées alors que l’église venait d’être reconstruite : les anciennes ont-elles péries dans l’éboulement ? Ces deux cloches portent la griffe de Claude Paccard et la date du 20 août 1829. Le lieu de fonte est aussi indiqué : Quintal, en Haute-Savoie. C’est dans cette commune que le père de Claude, Antoine, y installe un four dès 1796, année de fondation de l’entreprise encore active aujourd’hui. Sur la plus petite figure la même signature. Mais un détail interpelle : un petit blason circulaire avec une cloche. Elle est entourée par l’inscription circulaire « Paccard fondeur à Quintal ». Sur la cloche du blason, il est inscrit « Jean Paccar ». Il peut s’agir de deux personnes : Jean-Pierre Paccard, frère cadet de Claude, lui aussi fondeur (son nom apparaîtra sur les cloches au côté de Claude dès le début des années 1830) ou alors Jean Paccard, un autre frère de Claude. Il sera d’ailleurs directeur des forges de Giez puis de Cran. Elles appartenaient à Louis Frèrejean, entrepreneur lyonnais. A noter que Claude Paccard a signé comme « fondeur de Mr Louis Frèrejean » sur une partie des cloches livrées durant la décennie 1820. Ajoutons enfin que le même jour (20 août 1829), Claude Paccard réalise l’actuel « petit bourdon » de l’église Saint-Jean-Baptiste de Megève (Haute-Savoie) qui est quant à lui signé « Claude Paccard fondeur de Mr Louis Frèrejean » ! Les deux petites cloches de Sollières ont pour maxime « Sit nom Domini benedictum » c’est à dire « Bénit soit le nom du Seigneur » alors que la plus grande, livrée en 1856, invoque le patron de la paroisse, saint Etienne, fêté le 26 décembre. Elle ajoute la phrase suivante « de la religion sonore monument raisonne pour les morts convoque les vivants ». La seconde cloche, la plus jeune, tire sa maxime du livre des proverbes « Vox mea ad filios hominum » (« Ma voix d’adresse aux enfants des hommes » Prov 8, 4).

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

St Etienne

Frères Paccard

1856

111

~800

Fa3

2

G&F Paccard

1883

100,2

~600

Sol3

3

Claude Paccard

1829

81

~300

La3

4

Claude Paccard

1829

75,8

~220

Do4

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Ils s’appellent Nathan, Timo ou encore Victor. Natifs de Sollières et des villages voisins d’Aussois et Bramans, ces jeunes qui ont la vingtaine se relaient ou s’associent au gré des fêtes pour carillonner sur les cloches et assistent Bernard, devenu il y a plusieurs années le carillonneur de Sollières. Les mélodies sont variées : l’Ane de Saint-Antoine, composition d’un ancien carillonneur du clocher, ou encore une adaptation de l’Ave Maria, l’Eau Vive… Tant de mélodies joyeuses qui rappellent au village que le jour vécu est festif. Les réjouissances ne s’achèvent jamais sans lancer une volée après le carillon. Les quatre cloches se balancent donc avec entrain ! Parfois même, la grande volée peut laisser place au glas. C’est ce qu’il c’est passé le 31 décembre 2022 : alors que les carillonneurs saluaient l’année 2022 pour la saint Sylvestre, voilà que l’on apprend le décès de Benoit XVI, pape de 2005 à 2013. Pour l’occasion, seule la grosse cloche c’était mise en branle ce jour là, comme il est de coutume pour un défunt. Une exception pour montrer que les cloches ont elle aussi une âme et continuent à être de véritables messagères, même si elles ne sonnent pas chaque demi-heure comme les villages voisins. Puissent elles encore longtemps être actionnées par l’énergie d’une poignée de jeunes passionnés par leurs traditions vivantes ! 

Mes remerciements à :

  • M. Bernard Pinot, carillonneur de l’église, pour son accueil.
  • M. Yvan Caporizzo, chancelier des diocèses de Chambéry, Maurienne et Tarentaise, pour l’organisation du rendez-vous
  • MM. Bois, Favre et Fraysse, jeunes carillonneurs, pour l’interprétation des mélodies
  • Mes amis Claude-Michaël Mevs « Quasimodo » et Loris Rabier « Les Cloches Mauriennaises » pour l’aide apportée à la réalisation de ce reportage.

Sources & Liens :
Sollières-Sardières
Relevé personnel
Clichés personnels

Arbusigny – Eglise Saint-Jean-Baptiste

Juché contre les pentes du plateau des Bornes, le village d’Arbusigny se situe sur le trajet de l’antique « chemin du sel », voie romaine reliant Genève à Annecy. Ce chemin ne traverse cependant pas son chef-lieu mais une poignée de la cinquantaine d’hameaux qui compose les 12 kilomètres carré de la commune et dans lesquels se répartissent plus de 1100 arbusigniens. A la chute de l’empire romain et cette voie tombée dans l’oubli, Arbusigny se retrouve en marge des principaux axes de la région pendant des siècles, isolant alors cette commune rurale vivant principalement de l’agriculture lors d’hivers rigoureux. Evidemment, ce temps est révolu et Arbusigny est même aujourd’hui un village plutôt prisé de personnes qui recherchent la tranquillité et une excellente qualité de vie avec en -cerise sur le gâteau- un magnifique panorama à 360° sur les montagnes environnantes.

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Placée sous le vocable de saint Jean-Baptiste, gage de son ancienneté, la paroisse d’Arbusigny est citée pour la première fois il y a un millénaire. Conon de Genève, alors évêque de Maurienne, la donne entre 1090 et 1107 aux chanoines de Saint-Jean de Genève. Nous savons ensuite que l’évêque Jean de Bertrand la visite en 1411 et trouve « un chœur en ruines ». Il est aussi relevé le manque de piété des habitants qui préfèrent danser dans le cimetière que de se rendre à l’église ! Au XVIème siècle, l’église est reconstruite au même emplacement que la précédente. La porte du monument est d’ailleurs datée de 1533, signe de cette reconstruction. L’édifice est plein de curiosités : nef unique au plafond de bois, chœur avec voûtes gothiques et cinq chapelles latérales de dimensions inégales. A la Révolution, comme dans beaucoup d’endroits, l’église est pillée. Les années 1830 sont le théâtre dans la commune un grand débat : reconstruire le clocher, et comment le faire. Plusieurs hypothèses voient le jour : construire un beffroi au dessus de la nef ou alors une tour, créant alors porche. C’est finalement cette option qui sera retenue. Ce dernier est estampillé du millésime 1837. Le 7 mai 1859, Mgr Cesbron, évêque d’Annecy, procède à la bénédiction de la restauration du monument après une réorganisation de la nef et des chapelles. Plus récemment, les peintures extérieures ont été reprises. Un très beau jaune remplace un gris terne présent sur le monument depuis des décennies.

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Evidemment que la paroisse d’Arbusigny possède des cloches depuis longtemps. Malheureusement pour nous, les archives sont plutôt discrètes à ce sujet. En 1816, Jean-Baptiste Pitton, maître-fondeur à Carouge, réalise une cloche d’environ 475 kilos offerte par Jean-François-Emmanuel Collomb d’Arcine, colonel au 4ème régiment de la garde royale en France et par sa femme. La cloche a été fondue « l’année de la libération des françois » comme elle le précise. Sans doute elle n’était pas seule car en 1850, on refond et augmente une plus petite cloche qu’on appellera « Jeanne-Marie ». Cette cloche de 350 kilos est le fruit d’un don du curé archiprêtre d’Arbusigny, le révérend Pachon. Mais il faut savoir que cette cloche n’est pas venue seule. En 1849, la commune d’Arbusigny étudie la possibilité de fondre une cloche de 20 quintaux (environ 1’200 kilos) avec les excédents budgétaires de la commune. C’est finalement une cloche de 1’400 kilos baptisée « Jeanne-Eugénie » qui rejoindra le clocher d’Arbusigny achevé quelques années auparavant. Ces deux cloches ont été bénites dans le cimetière autour de l’église le 20 août 1850. Les autorités ont d’ailleurs fait appel à MM. François et Jean-Marie Bulliod, fondeurs de cloches à Carouge et successeurs de Jean-Baptiste Pitton. C’est donc une sonnerie entièrement carougeoise qui retentit depuis le clocher d’Arbusigny. 
Le 2 janvier 1892, le clocher d’Arbusigny est au cœur d’un drame relaté par le journal « l’Indicateur de la Savoie ». Un jeune homme de la commune est chargé de faire sonner les cloches pour une sépulture. Trouvant qu’elles ne montaient pas assez haut, il décida de grimper sur le beffroi pour les sonner par leurs jougs ! Il perd l’équilibre et il tombe. Il croise alors l’une des cloches en mouvement qui le projette contre le mur. Le malheureux dont le crâne fit fracassé par la violence du choc rendit son dernier souffre trois jours après le drame.

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

Jeanne-Eugénie

Bulliod frères

1850

132,7

~1’400

Ré3

2

 

Jean-Baptiste Pitton

1816

92,5

~475

Sol3

3

Jeanne-Marie

Bulliod frères

1850

83,8

~350

La3

Les deux cloches fondues en 1850 :

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La cloche fondue en 1816 :

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Mes remerciements à :
M. Roland Excoffier () pour l’organisation de cette visite.
La municipalité d’Arbusigny et plus particulièrement Madame le Maire et ses maires-adjoint(e)s. 
M. Serge Jacquemoud, sacristain, pour son accueil.
Mme Nathalie Debize, membre d’association La Salévienne, pour la mise à disposition d’archives.
Mon ami Claude-Michaël Mevs dit « Quasimodo » pour l’étroite collaboration.

Sources & Liens :
Archives départementales de Haute-Savoie (fonds 6FS114 et 6FS115)
Paroisse Saint-Jean-XXIII d’Arve et Salève
Commune d’Arbusigny
La Salévienne
Indicateur de la Savoie, 23 janvier 1892, page 2
Fonds privés
Relevé et clichés personnels

Saint-Gingolph – Eglise Saint-Gingolph

Au sud du Lac Léman, on peut trouver deux communes au nom identique : Saint-Gingolph. Ces deux communes ne sont séparées que par une rivière : la Morge. Cette petite rivière est depuis des siècles la frontière entre deux territoires qui sont devenus avec le temps, d’une part la France (Haute-Savoie) et d’autre par la Suisse (Valais). Ce qui était autrement qu’une seule communauté se retrouve donc séparée « pour toujours » en deux entités distinctes. Le cimetière et l’église pour les deux communes se trouvent tous deux en France. Si bien que les défunts suisses doivent traverser la frontière pour rejoindre leur dernière demeure. Pendant le conflit 1939-1945, de nombreuses « fausses funérailles » étaient organisées à Saint-Gingolph : les cercueils qui traversaient la frontière étaient en fait pleins d’armes et de vivres pour les français en plein conflit ! Il faut aussi mentionner la « Tragédie de Saint-Gingolph » le 23 juillet 1944 : en représailles à la Résistance, une grande partie de la commune française est brûlée par les allemands et certains villageois seront fusillés. Comme la communauté catholique se rend en France pour le culte, le diocèse d’Annecy (qui couvre presque toute la Haute-Savoie) déborde donc automatiquement sur la commune suisse. 

Borne frontière sur un trottoir.

Le nom des villages peut venir de deux saints : saint Gingolph, membre de la légion thébaine décimée à quelques kilomètres de là à l’Abbaye de Saint-Maurice, du nom du capitaine de cette légion chrétienne. Il y a aussi saint Gangolf d’Avallon, qui aurait foulé cette terre au VIIIème siècle et aurait fondé le village. Mais les écrits nous racontent qu’aux prémices de la chrétienté, le village se trouvait centré sur l’actuel hameau de Bret (côté Français) et qu’un éboulement en 640 fit déplacer la paroisse vers sa position actuelle. L’ « Ecclésia Sant Gendoulfo » fut reconstruite à peu près à l’emplacement de l’actuel édifice, à quelques mètres du torrent. En 1153, Eugène III donne l’église au prieuré Saint-Jean de Genève qui dépendait lui-même de l’abbaye d’Ainay près de Lyon. L’église sera ensuite intégrée au diocèse de Genève puis au diocèse d’Annecy. Un éboulement aura raison du sanctuaire en 1584 avant d’être reconstruit. Le lieu de culte actuel date de 1770. Il a été consacré le 13 juillet 1784. Il fut relativement épargné à la Révolution grâce à la proximité suisse : le bâtiment a été racheté par la bourgeoisie de Saint-Gingolph, offrant -en plus de la binationalité paroissiale- une autre singularité : l’édifice n’était aucunement concerné par la loi de 1905 qui -entre autres choses- restituait le patrimoine religieux aux communes. La bourgeoisie est toujours propriétaire du lieu, affecté au culte catholique et desservi par la paroisse d’Evian-les-Bains. Epargné de justesse par l’incendie du village en 1944, l’édifice religieux est intégralement restauré avec le concours de la bourgeoisie et la communauté locale en 1999.

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Le clocher, adossé à la sacristie et au chœur, peut s’enorgueillir de posséder deux cloches prérévolutionnaires, palmarès rare détenu avec une poignée de clochers haut savoyards. La situation du lieu à la Révolution n’y est absolument pas étrangère. La plus ancienne mention campanaire remonte à 1673. Jean Richenet, fondeur basé à Vevey (Suisse) réalise une cloche d’environ 300 kilos. Elle sera rejointe en 1729 par une plus petite cloche nommée « Marie ». Cette cloche a été commandée par Etienne Dérivaz, notaire apostolique et chatelain, les syndics et conseillers de Saint-Gingolph. En 1785, Pierre Dreffet -lui aussi établi à Vevey- est chargé de refondre une troisième cloche. Pendant 152 ans, le clocher de Saint-Gingolph conservera ses trois voix avant que la doyenne ne rende l’âme : elle était fêlée. Décision est prise d’en commander une nouvelle aux ateliers anciléviens dirigés par les fils de Georges Paccard pour commémorer la mission effectuée en 1937. C’est ainsi que la paroisse accueille avec ferveur « Anne Thérèse Louise Augustine » qui reprend une partie des inscriptions de sa prédécesseure. L’aventure continuera en 2019 avec l’ajout, sur l’initiative de l’association « Patrimoine de Saint-Gingolph » d’un carillon de 12 cloches installées dans les baies nord et ouest du clocher. Fondu -lui aussi- aux ateliers Paccard, il permet d’agrémenter les rues du bourg de diverses mélodies. Il est le fruit de la générosité de nombreux mécènes. 

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

Pierre Dreffet

1785

92

~400

La3

2

Anne Thérèse Louise Augustine

Les fils de G. Paccard

1937

74,1

259

4

3

Marie

Inconnu

1729

54

~90

Fa4

Carillon : 12 cloches – Paccard, 2019 – 419kg – Do5 diatonique Mi6 + Fa5 et Si5

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Mes remerciements à :
M. Michel Galliker, président du conseil de paroisse de Saint-Gingolph, pour son aimable autorisation et son accueil.
M. Gérard Scheurer, président de l’association « Patrimoine de Saint-Gingolph ».

Sources & Liens :
Saint Gingolph sur Wikipédia
Association « Patrimoine de Saint-Gingolph »
Relevé sur site
Fonds privés
Clichés personnels

Chênex – Eglise Notre-Dame-de-l’Assomption

Au cœur du Genevois, à quelques encablures du bec que forme la Suisse en France, la commune de Chênex se dresse contre les pentes douces de la montagne de Sion, à proximité du Mont Vuache. Cette petite commune rurale a été longtemps marquée par l’agriculture. Elle donnera cependant de nombreux ecclésiastiques au diocèse d’Annecy. Deux d’entre eux seront élevés à la dignité épiscopale : d’une part Mgr Joseph Duval, archevêque de Rouen et Primat de Normandie et d’autre part son oncle, le cardinal Léon-Etienne Duval, archevêque d’Alger. Ces deux personnalités religieuses du XXème siècle ont été baptisées dans le baptistère, au fond de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Chênex.

On retrouve des traces de la paroisse depuis le XIIIème siècle. Mais il est probable qu’elle soit plus ancienne. La visite de l’évêque en 1412 est assez détonante : le curé vit en concubinage et les paroissiens dansent dans l’église ! De quoi agacer le prélat. A la Réforme, la paroisse n’échappe pas aux protestants qui y imposent par la force leur religion dès 1536 (nous ne sommes qu’à quelques pas de Genève !). En 1598, onze paroissiens abjureront le protestantisme aux Quarante Heures de Thonon. Au XVIIème siècle, la paroisse est un temps sous le joug de celle de Viry. Car si l’église était relativement préservé de l’invasion protestante, il n’y avait plus de presbytère et plus de prêtre non plus dans la paroisse ! A la Révolution, comme toutes les communes, Chênex est privé de cloche et clocher. La paroisse sera une nouvelle fois rétrogradée au Concordat pour être rattachée cette fois à Valleiry. Si Chênex a pu redevenir une paroisse indépendante, c’est grâce au curé de Valleiry en personne… malgré lui ! Il fallait reconstruire son église et il mit à profit toute sa paroisse. Cependant Chênex ne l’entendait pas de cet avis : il y avait une église elle aussi en mauvais état. Après d’âpres discussions et coups bas, Chênex redevient indépendant en 1841. Mais il fallut encore 50 ans avant de pouvoir entreprendre des travaux sur l’église, manque de moyens. En 1888, le vicaire général d’Annecy déclare à propos de l’église qu’il n’y en a pas davantage délabrée dans le diocèse ! Après avoir trouvé les fonds, l’église est bâtie dès le 20 mai 1890 à un autre emplacement (plus loin de la rivière) et l’évêque consacrera le lieu le 24 septembre 1892. On a confié les plans du monument à l’architecte Dénarié qui a proposé un style néo roman. L’église possède encore le tabernacle de la chartreuse de Pomier, probablement du XVIème siècle et une Vierge à l’Enfant du XVIIème. L’orgue à tuyaux est un don du cardinal Duval en personne. Initialement installé à l’église Notre-Dame-des-Victoires d’Alger, ce monument redeviendra une mosquée lors de l’indépendance algérienne et l’orgue y était donc superflu. 

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Le clocher, qui vient de troquer son ancienne flèche délabrée contre une neuve, abrite deux cloches. Elles ont été installées de l’ancienne église dont elles sont des vestiges. Avant cela, le registre des baptêmes nous indique que le 2 octobre 1760 est bénie une cloche dédiée à la Vierge Marie et conçue par Jean-François Livremont. Son poids était d’environ 196 kilos. Démontée à la Révolution et déplacée à Carouge pour y être fondue, elle est remplacée en 1796 par une cloche issue du dépôt de Bonneville. Il est évident que cette cloche n’a jamais connu Chênex avant son installation ! Au début des années 1860, la cloche est provisoirement placée sur des poutres de bois en mauvais état et à chaque sonnerie, tout menace ruine ! Les délibérations municipales nous apprennent plus tard qu’en 1866, la cloche unique est cassée et qu’il faut la refondre. Il convient alors de la remplacer par une cloche toute neuve. Le 30 avril 1867, le fondeur Burdin Ainé de Lyon ne livre pas une mais deux cloches fondues l’année précédente ! La grosse cloche arbore le nom de ses parrains et marraines, du maire, de son adjoint et du curé. La plus petite cloche cite également son parrain et sa marraine en précisant que c’est un hommage à Marie Immaculée de leur part. Il y a donc fort à parier que cette cloche est un don spécial. En 1873, le conseil municipal expose qu’il reste à régler une somme importante à M. Burdin. La faute serait aux souscripteurs qui y mettent « de la mauvaise volonté ». Une autorisation est demandée au préfet de prélever la somme sur son budget pour préserver l’honneur de la commune. En 1989, les deux cloches doivent être électrifiées. Problème : la plus grosse semble sonner comme une cloche fêlée. Décision est prise de la remplacer. Une cloche neuve est donc fondue aux ateliers Paccard moyennant un rabais avec la reprise de la vielle cloche. Mais Pierre Duval -habitant du village- ne pouvait se résoudre à voir cette cloche partir à la casse et la rachète au prix du bronze. Elle coule depuis une retraite paisible dans sa propriété, à quelques pas du clocher. Comme cette cloche devait disparaître, la décision avait été prise de reprendre ses inscriptions sur la nouvelle, tout en y ajoutant la seconde date de fonte et le nom des autorités en place (maire, adjoint et curé). 

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

 

Fonderie Paccard

1989

83,8

~360

Si3

2

Marie Immaculée

Burdin Ainé

1866

58,3

~145

Fa 4

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Mes remerciements à : 
M. Pierre-Jean Crastes, maire de Chênex
M. Luc Brunier, cantonier de Chênex
Mme Dominique Miffon, auteure d’une prochaine biographie sur le village de Chênex
M. Claude Mégevand, président de la Salévienne

Sources & Liens :
Mairie de Chênex
Archives Départementales de la Haute-Savoie
Fonds de Mme Dominique Miffon
La Salévienne
Fonds privés
Clichés personnels
Relevé sur site

Brenthonne – Château Saint-Michel d’Avully

Il y a quelques années, je vous emmenais à la découverte de l’église Saint-Maurice de Brenthonne. Cet édifice néoclassique du XIXème siècle possède la particularité d’être séparée de son clocher, resté à l’emplacement de l’ancien monument. Brenthonne, c’est aussi la fusion de trois anciennes paroisses avec Vigny et Avully. Sur cette dernière ancienne paroisse, une église fut consacrée en 1479. Elle a malheureusement disparue depuis. Mais au lieu d’un clocher d’église, c’est un donjon de château qui trône : celui du Château Saint-Michel d’Avully.
Cette maison forte fut construite au XIVème siècle à l’emplacement d’une importante villa romaine. Elle était alors le siège de la seigneurerie d’Avully. La famille d’Avully fut d’abord vassale de la famille de Faucigny, avant de faire aveu aux Comtes de Savoie puis aux Dauphins de Viennois. La demeure passera ensuite par les mains de plusieurs familles avant d’être en possession de la famille Saint-Michel, d’où il tire encore son nom actuel, qui -a contrario des églises- n’est nullement un vocable ou une dédicace. Au XVIIIème siècle, la famille de Sales achète le château, qui tombera progressivement à l’abandon jusqu’à l’état de ruines. C’est à la fin du XXème siècle qu’il retrouvera de sa superbe avec la famille Guyon qui le rachètera à son tour. Cette famille portera sa restauration, ou plutôt sa reconstruction, afin de l’ouvrir au public aujourd’hui. Véritable lieu d’histoire, le château accueille tout au long de l’année des évènements privés comme des mariages ou encore des séminaires.

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Au sommet du donjon, qui sert aussi de clocher à l’ensemble, se trouvent huit cloches d’un poids total d’environ 440 kilos. Fondues en 1999 par la fonderie Paccard, elles permettent de rythmer le quotidien des lieux et de ponctuer les évènements qui s’y déroulent. Il a été installé et financé par Jean et Yvonne Guyon pour leur 55 ans de mariage, cinq ans après un premier don campanaire pour l’église Saint-Symphorien d’Excenevex. Sur leur flancs sont gravés de multiples prénoms et noms : il s’agit de la descendance des Guyon et des hommages à des personnes qui leur étaient chères. Muet assez rapidement après son installation, il a été remis en fonction il y a quelques mois. Ce travail a pu être réalisé avec le concours et l’aide d’un électricien, Laurent Nicolet, et des Chevaliers d’Avalon de Genève. Pour la petite anecdote, les genevois ont souhaité détruire le château d’Avully en 1603, en réponse à l’Escalade qui eut lieu à Genève quelques mois plus tôt. Mais les habitants d’Avully s’y sont opposés, protégeant le château en dépit de leurs biens personnels, souvent confisqués par l’ennemi. C’est aujourd’hui en toute amitié qu’ils viennent chaque année depuis 2013, -leur président Laurent Farinelli en tête- pour aider les propriétaires de multiples manières : soutien financier, conseils, logistique ou encore entretien divers et variés. Une belle manière d’enterrer la hache de guerre et de préserver un patrimoine séculaire !

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Mes remerciements à la famille Guyon, et plus particulièrement à Pierre Guyon, pour son chaleureux accueil.

Sources & Liens :
Château d’Avully
Château d’Avully sur Wikipédia
Chevaliers d’Avalon
Clichés personnels
Fonds privés
Relevé personnel

Collonges-sous-Salève – Eglise Saint-Martin

Avez-vous déjà entendu parler de la varappe ? Le nom de ce sport où nous devons escalader le couloir rocheux d’une montagne tire ses origines de Collonges-sous-Salève ! Nous sommes à mille lieues de l’art campanaire, j’en conviens, mais il est important de notifier ceci alors que je m’apprête à présenter une petite commune frontalière en Haute-Savoie et qui accueille aujourd’hui énormément de frontaliers parmi ses habitants. La commune de Collonges-sous-Salève a également partagé une histoire commune avec sa voisine d’Archamps, tantôt une seule entité spirituelle et/ou administrative. Collonges-sous-Salève peut donc s’émouvoir de posséder, sur sa commune, le couloir dit « de la Grande Varappe » qui donnera donc progressivement ce nom à un sport, même si aujourd’hui ce nom commun est délaissé pour simplement parler d’escalade, que ce soit sur un mur, dans un gymnase, ou grandeur nature. Est-ce la seule fierté de Collonges ? Non ! Que l’on aime ou pas la musique classique, nous avons tous entendu une fois un air de Guiseppe Verdi (1813 – 1901) quelque part… Le rapport avec Collonges est simple : c’est dans l’église que Verdi a épousé en secondes noces Giuseppina Strepponi. Alors qu’il était dans ses grandes heures, il dû l’épouser en secret dans une paroisse qu’il n’aura fréquenté qu’un seul jour de sa vie. Les témoins ? Le cocher qui les a emmené à Collonges depuis Genève (ville qui a refusé de les marier!) et le sonneur de cloches de Collonges. Le célébrant ? L’abbé Gaspard Mermillod, futur cardinal, alors curé de Notre-Dame de Genève. Une plaque contre l’église avec son buste permettent de se rappeler ce moment presque clandestin d’une personne pourtant si célèbre.

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L’église Saint-Martin de Collonges, parlons en, est malheureusement très peu documentée. Le fin clocher qui a été entièrement restauré en 2013 serait antérieur à l’église actuelle, reconstruite entre 1850 et 1851 dans un style néogothique, sans doute la première en Pays de Savoie. Les plans sont de Jean-Marie Gignoux, auteur de l’église Saint-André d’Annemasse ou encore de la Basilique Notre-Dame de Genève. De manière antérieure, on sait qu’une ancienne église fut consacrée en 1480 et que le 13 juin 1671, un maître-autel fut consacré, quelques jours après la consécration des autels de l’église voisine d’Archamps. L’église de Collonges reprend la forme d’une croix latine, chose qui ne faisait absolument pas l’unanimité à l’époque alors que la vogue était aux églises néoclassiques sardes avec un plan basilical. On raconte aussi qu’après les travaux et la consécration du monument le 9 mai 1852 par l’évêque d’Annecy Mgr Rendu, il restait 19 782 livres à payer à l’entrepreneur, François Faletti. Ce dernier fut contraint de menacer la commune de sévères poursuites pour que cette dernière solde cette dépense avec un don du curé, plusieurs emprunts et des corvées des habitants. L’aménagement intérieur, dont le charmant chemin de croix et les autels latéraux dédiés à la Vierge et à saint Joseph, n’est malheureusement pas précisé dans le détail.

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Nous sommes en 2013. Collonges connait alors une drôle d’époque : son clocher est amputé de sa flèche ! Cette dernière, dans un état très dégradé, menaçait tout simplement ruine. Au delà de ce travail spectaculaire, la municipalité va plus loin et pilote en fait un vaste chantier : redonner une jeunesse à l’extérieur de toute l’église et de son clocher. Mais pour ce dernier, le bilan s’avère lourd : le poids des âges et des cloches le fragilise ! A l’intérieur de celui-ci, tout est repris. Les murs ont été doublés par du béton armé, voire parfois complètement repris. Dans les 4 coins de la chambre des cloches, on coule des piliers de béton pour soutenir les murs séculaires. Mais ces aménagements posent un grave problème : les cloches ne peuvent plus se balancer correctement. Pour que l’église retrouve sa voix, un nouveau beffroi est commandé aux ateliers Paccard. Jadis côte à côte, les deux cloches seront dorénavant l’une sur l’autre afin d’être toutes les deux au centre de la tour. On se rendra d’ailleurs compte que lors de la volée, la grosse cloche passe à quelques centimètres seulement des baies géminées, munies d’abat-sons et de grillages anti volatiles. Evidemment, une nouvelle flèche à l’identique fut réalisée et déposée au sommet du clocher afin de lui redonner son allure !
Mais du côté des cloches, qui sont-elles ? Une chose est certaine, elle n’ont pas pu sonner le mariage de Guiseppe Verdi car elles sont postérieures. Elles sont signées toute deux par les célèbres fondeurs Paccard d’Annecy-le-Vieux. La plus grosse porte les noms de « Marie Philippine Pierrette » et a été coulée le 19 septembre 1860, en même temps que les cloches de Boëge ou encore celle de Montailleur. D’un poids de 808 kilos exactement, elle remplace une cloche plus ancienne et fêlée, qui ne pesait que 554 kilos. La petite cloche, fondue en 1886, porte les noms de « Françoise Berthe Louise Joséphine Claudine » et loue un culte à la sainte Trinité, à la Vierge Immaculée et à saint Martin, patron de la paroisse. Des anciennes cloches, nous ne savons rien sinon le poids de l’ancienne grosse cloche mentionné plus haut. Des « cloches » sont simplement évoquées dans les registres du casuel (baptêmes mariages sépultures) de 1763-1787. Une annexe présente les différents travaux du clocher et fait mention de travaux sur le « plancher des cloches » mais aussi que le clocher était déjà fermé à clé pour « éviter aux enfants d’aller y faire [des] extravagances » sans préciser d’autres choses dans le domaine campanaire…

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

Marie Philippine Pierrette

Paccard frères

1860

109,7

808

Fa 3

2

Françoise Berthe Louise Joséphine Claudine

G&F Paccard

1886

87,5

~400

La 3

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Mes remerciements à :
Mme Annie Pérréard, sacristine, pour l’ouverture des lieux et les sonneries.
M. Michel Brand, pour l’organisation de la visite.
M. Pierre Paccard, ancien directeur de la fonderie éponyme, pour la mise à disposition du cahier de fonte (1860).
Mon ami Claude-Michaël Mevs dit « Quasimodo » pour l’aide apportée.

Sources et liens :
Association Arcofi
Paroisse Saints-Pierre-et-Paul en Genevois
Archives départementales de Haute-Savoie : Registre des baptêmes 1763-1787 / Actes de Mariages 1859
Fonderie Paccard : Cahier de fonte de l’année 1859
Relevé sur site
Fonds privés

Beaumont – Eglise Saint-Etienne

Beaumont. En prononçant ce nom de village, nous pouvons faire référence à quantité de communes : en Ardèche, en Corrèze, dans le Gers ou encore dans l’Yonne… ! Chaque région de France, ou presque, possède son, voire ses « Beaumont » ! Nous pourrions probablement être très pragmatiques et penser que le nom de la commune fait référence à une belle montagne, peut-être le Salève. En effet, la commune est adossée contre ses pentes et se trouve juste en dessous du « Grand Piton » considéré comme son point culminant (1’379 mètres). Beaumont est en fait le fruit de la fusion de trois anciennes communes civiles : Beaumont, Jussy et le Châble qui se partageaient la même paroisse. Le Châble prit néanmoins une grande importance, si bien qu’aujourd’hui, la commune se trouve comme scindée en deux, organisées soit autour de l’église (Beaumont et Jussy) ou autour de la mairie, de son école et de nombreux commerces (le Châble). Il est à noter que dans les années 1960, le Châble prit même la peine de se bâtir son propre lieu de culte mais ce dernier à malheureusement été démoli il y a quelques années déjà.

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Le passé historique de Beaumont remonte à fort longtemps. Dédiée à saint Etienne, premier des martyrs, la paroisse affirme avec ce vocable son ancienneté. Une église serait présente depuis le Vème siècle au moins. Des familles nobles se sont intéressées à Beaumont au cours de son histoire. Ce fut le cas de la famille de Menthon et de la famille de Châtillon du Chablais qui y possédaient tous deux un château. Ces seigneurs ont fondé des chapelles dans l’église : l’une dédiée à saint Sébastien et l’autre à la Vierge. Près de l’actuelle sacristie, une pierre arbore encore les armes de la famille de Menthon qui sont arrivés au XIIIème siècle dans la paroisse. En 1774, le clocher doit être reconstruit. Il le sera sur l’emplacement d’une des deux chapelles. Il fut relativement épargné à la Révolution car sa construction était neuve et il n’était pas jugé comme excessivement haut. Dans les années 1840, l’église menace ruine. Elle est donc intégralement reconstruite, ou presque : seul le clocher, plutôt récent, sera conservé. L’édifice religieux sera alors pensé dans le style néoclassique sarde avec dans le chœur une fresque dédiée à la Vierge Marie dessinée dans les années 1950. En 1868, le clocher sera réhaussé car les cloches, au même niveau que la voûte, la faisait trembler lors des volées. A la fin du XXème siècle, le sanctuaire, presque vidé de ses fidèles, menace ruine. Le curé d’alors, Amédée Anthonioz, se lance dans des travaux d’envergure pour rebâtir le monument mais pour aussi remplir les bancs de fidèles. Si l’idée de la restaurer a d’abord provoqué un véritable tollé, de nombreux habitants ou paroissiens y ont mis du sien pour redonner à l’église de sa superbe. Les travaux rondement menés se sont achevés en 1984. Dès lors, toujours grâce à la persévérance de l’homme de foi, l’église possède son propre orgue à tuyau dans une chapelle latérale pour accompagner les offices mais aussi être écouté pour des concerts. 

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L’histoire des cloches de Beaumont, sans doute pluriséculaire, nous parvient à partir du XVIIIème siècle. Avant que le clocher actuel ne soit construit en 1774, il est précisé que les deux cloches étaient posées sur une « chèvre » reposant elle-même sur un mur extérieur de l’édifice. La tour construite, les deux cloches seront installées en son sommet sur un beffroi en bois. En 1790, l’une des deux cloches se fêle. Alors que la Révolution gronde déjà en France et que les Savoyards ne savaient pas que les années suivantes allaient être sombres, Jean-Baptiste Pitton de Carouge est sollicité pour la refonte de cette cloche estimée à 3 quintaux (env. 165 kilos). Cette dernière fut alors alourdie de 1,76 quintal (env. 100 kilos) pour qu’elle puisse porter plus loin. Le 7 mars 1794, alors qu’elle n’est même pas complètement payée, la cloche fait le chemin inverse, cette fois-ci dans le but d’être purement et simplement détruite. Autour du premier janvier 1796, la seconde cloche de Beaumont est envoyée à Carouge également. Son poids est de 6 quintaux. Mais voilà que trois mois après seulement, la commune reçoit un bon… pour récupérer une cloche qui n’a pas encore été cassée… à Bonneville ! Pourquoi Bonneville et non Carouge ? Parce que toutes les cloches du dépôt de Carouge ont été cassées très rapidement après leur réception. Et c’est ainsi que Beaumont retrouve sa voix… de provenance inconnue. En 1802, la cloche est au clocher, mais n’a toujours pas de corde. Le curé Vuarin désire doter la paroisse d’une seconde cloche en 1820. Le travail sera confié à Pitton une seconde fois. En 1822, le paiement est clos grâce à une souscription qui a pu couvrir la dépense. Mais déjà cinq ans plus tard, l’une des deux cloches, peut-être celle récupérée à Bonneville, est déjà fêlée. Ce n’est qu’en 1849 que le conseil s’y intéresse, en expliquant que la dépense n’est pas urgente car la reconstruction de l’église l’était beaucoup plus et qu’elle avait siphonnée toutes les ressources. Le conseil demande tout de même à l’intendant de pouvoir la vendre, lequel répond qu’elle doit être expertisée comme hors d’usage et sa valeur pécuniaire arrêtée. En 1855, le sujet revient sur la table. Nicolas Beauquis, fondeur de Quintal, s’apprêtait justement à fondre une cloche pour l’école de la commune. Il se porte donc acquéreur du bronze de la cloche fêlée de l’église pour 3 livres le kilo. La commune souhaite saisir cette occasion mais l’autorité de tutelle réplique en demandant une mise aux enchères. S’ouvre alors une grande période d’incertitudes… Cette cloche, d’environ 250 kilos, se retrouve donc attribuée à F. Cartier du Châble pour 3,15 livres le kilo. Mais coup de théâtre : il refuse de signer le procès-verbal d’acquisition ! Une seconde enchère attribuera la cloche à Nicolas Beauquis pour 2,45 livres le kilo… avant que Cartier ne réplique en offrant 1/10e de plus de son prix. L’enchère lui étant une nouvelle fois bénéfique, il refuse de payer car il indique ne pas connaître son poids ! Invité à sa pesée, il ne prend aucunement la peine de s’y déplacer. L’intendant général du genevois ordonne donc que la pesée soit faite devant témoins pour informer F. Cartier de son poids, afin qu’il récupère la cloche entreposée et qu’il règle la somme totale à la commune. Cette affaire ne fut soldée qu’avec des menaces fermes d’emmener l’affaire devant la justice !

Mais dans le même temps, l’autre cloche du clocher, alors solitaire, rendit l’âme également. La paroisse et ses conseils (communal et de fabrique) allaient pendant près de cinq années se déchirer avant de s’en procurer desnouvelles. Tout fut passé au peigne fin pour trouver le financement… et pour s’en dérober ! Tout commençait très bien : la commune vote la fonte d’une nouvelle cloche de 400 kilos, financée en partie par la vente au fondeur du métal de la cloche fêlée. La somme de 750 livres allait être allouée à la fabrique pour exécuter les travaux mais… il semblerait que cette dernière n’ait, même avec cette donation, pas assez de fonds pour la commande. Les conseillers communaux s’y intéressent donc et certains notent d’importantes irrégularités dans la comptabilité, demandant une inspection approfondie. Une somme de 3000 livres attribuée en 1848 ne figure pas dans les dépenses mais elle a pourtant bel et bien disparue : elle était à l’usage exclusif du défunt curé, à sa convenance ! Les héritiers du prêtre, dûment convoqués, ont été capables de prouver l’usage des fonds, mais refusaient de le certifier par écrit avec leur signature ! Une enquête est donc diligentée pour faire toute la lumière sur l’affaire… différant la fonte d’une nouvelle cloche alors qu’une première convention entre la commune et Nicolas Beauquis a été signée. Cette convention ne sera finalement jamais appliquée car deux ans plus tard, la commune, s’inquiétant d’être sans cloche depuis maintenant trois ans, prit d’autres décisions. Un budget de 2700 francs (la monnaie a changé avec l’annexion de la Savoie à la France) est donc approuvé pour fondre une cloche. La manœuvre est confié aux fondeurs Burdin basés rue de Condé à Lyon. En parallèle, la fabrique commande au même fondeur une plus petite cloche moyennant la reprise de la cloche fêlée et une souscription de plus de 500 francs pour couvrir les dépenses. Voilà qu’en 1862, arrivent en gare de Genève les deux nouvelles cloches de Beaumont. Chacune d’elle porte des inscriptions, avec leur parrain et marraine respectifs. Sur la plus grosse, il est écrit « Faite par la commune de Beaumont sous la direction de M. Mabut Marie, maire. ». Et la petite lui répond « Faite par souscription des habitants de Beaumont ». Mais la facture de la fonderie montre qu’il reste à payer la somme de 455 francs. A qui devait elle être imputée ? Les deux conseils se passent une nouvelle fois la patate chaude durant des années et la commune promet même à M. Burdin qu’elle payerait dès qu’elle le pourra… mais rien ne venait ! En 1878, l’affaire piétine encore et M. Burdin devient très hostile. Il demande au préfet l’accord de poursuivre la commune après 16 ans sans voir le moindre centime arriver ! Les élus souhaitent alors répartir la somme à payer entre la commune (2/3) et la fabrique (1/3). Seulement voilà, des pénalités sont imputées (honoraires de l’avocat et des intérêts de retard) portant la somme à 800 francs ! La fabrique ne pouvant pas payer même partiellement la somme, la commune, acculée, tente le tout pour le tout : elle demande une imposition extraordinaire. Seul le Président de la République peut autoriser un tel acte ! Jules Grévy ratifiera cette demande afin de clore, après presque deux décennies « l’affaire des cloches ». Mais en 1903, de nouveaux travaux sont demandés : reconstruire un beffroi neuf pour les deux cloches et créer un nouvel accès sécurisé à celles-ci, moyennant la somme de 992 francs. Là encore, le financement pose problème : une subvention fut attribuée à titre exceptionnel par le Président du Conseil Emile Combes. Il y a quelques années, un nouveau beffroi est installé pour les deux cloches car le précédent menaçait de se disloquer, promettant de sérieux dégâts lors des volées des cloches. 

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

105,5

~700

Fa♯3

2

83,2

~350

La3

Burdin Ainé fondeur à Lyon – 1862

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Remerciements :
M. et Mme Dominique Blanc, sacristains.
M. Michel Brand, pour l’organisation de la visite.
Mon ami Claude-Michaël Mevs dit « Quasimodo » pour l’aide technique.

 

Sources & liens :
Beaumont : Haute-Savoie : 1814-1940, Félix Croset
Mémoires et documents publiés par l’Académie Chablaisienne, Tome XIII, 1899
Mémoires et documents publiés par l’Académie Chablaisienne, Tome XIV, 1900
Il était une fois l’Alsacienne
Eglise de Beaumont, dépliant
Relevé sur site
Clichés personnels


Et la cloche du Châble ?

Dans mon article, je fais référence au début à une chapelle moderne dédiée à Notre-Dame, au Châble, détruite il y a plusieurs années déjà. La commune l’avait acquise dans le but de la démolir en prévision d’un vaste chantier immobilier. Bâtie au début des années 1960, la cloche qui garnissait son clocher a été offerte par M. et Mme Frédéric Meyer. Originaires d’Alsace, ils étaient à la tête de la « Société Alsacienne d’aluminium » basé à Sélestat mais délocalisée à Beaumont après la Première Guerre Mondiale. Après la Seconde Guerre Mondiale, l’entreprise retourne en Alsace redevenue française mais M. Meyer n’a pas oublié l’accueil des savoyards. Il a maintenu au Châble son usine et donc des emplois et aida la commune de Beaumont à se développer en participant à la construction d’une salle des fêtes et de la nouvelle mairie. C’est aussi lui qui offrit, en 1962, la cloche « Anne » de la chapelle Notre-Dame du Châble. Pesant 190 kilos et sonnant le « ré » elle a été fondue chez Paccard à Annecy. Lors de la destruction de la chapelle, cette « relique » du lieu de culte fut conservé par la commune. Elle a été installée en 2016 sur un petit portique dans l’esprit des carillons « Ars Sonora » près de l’emplacement du sanctuaire disparu, à l’entrée de… la rue de la chapelle ! Et dorénavant, elle sonne les douze coups de midi, rappelant à tous qu’au même endroit se tenait une communauté catholique malheureusement rattrapée par la perte de la pratique religieuse et des vocations.

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Pour écouter la cloche du Châble :

Le Lyaud – Eglise Saint-Nicolas

Au sud de Thonon-les-Bains et adossé contre les pentes de la montagne des Hermones, le village du Lyaud figure parmi les plus récentes communes des Pays de Savoie : ce n’est qu’en 1867 qu’elle devient autonome, car jusque là liée à celle d’Armoy à deux kilomètres. Ce qui fut jadis une seule paroisse à l’histoire commune s’étend sur 14 kilomètres carrés en rive gauche de la Dranse, principale rivière du Chablais qui rejoindra, quelque kilomètres en aval, le plus grand lac d’Europe. La paroisse d’Armoy, dédiée à saint Pierre, semble remonter au moins au XIème siècle avec divers éléments de l’église actuelle. Elle a créée deux fondations dans son histoire : la chapelle du Lyaud, dédiée à saint Nicolas puis la chapelle de Trossy, dédiée à saint Symphorien.

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En ce qui concerne l’église du Lyaud, il est difficile de dater avec certitude ses origines primitives car elle a été totalement construite entre 1859 et 1861 dans le style néoclassique sarde. Ou plutôt reconstruite car elle remplace une ancienne chapelle déjà attestée depuis plusieurs siècles. Le seul élément qui subsiste de ce lieu est la porte extérieure du clocher dans le style gothique, elle-même surmontée d’une croix de Savoie. L’édifice religieux est construit sur le plan basilical avec un chœur profond et une absence de tribune. Fait rare, l’église possède un orgue à tuyaux qui trône derrière l’autel, accompagnant les célébrations. La sacristie s’élève à la gauche du chœur tandis que le clocher, rectangulaire, forme la symétrie en étant à droite. Les autels latéraux sont dédiés à la Vierge et à saint Joseph. 

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Heureusement pour nous, l’historique campanaire est plus imposant que celui des édifices religieux du Lyaud. Le 14 juin 1624, une convention est passée entre Aymé Rollin, fondeur de Genève et les « communiers du Lyau » pour la fourniture d’une nouvelle cloche devant le notaire Blondel. Aucune nouvelle de cette cloche n’est donnée par la suite. En 1801, au lendemain de la Révolution, la cloche de la chapelle est cassée (peut-être une autre?) et il faut alors la refondre. L’opération est confiée à Jean-Baptiste Pitton, fondeur de Carouge. Cette cloche d’environ 450 livres a été bénie le 21 février 1802 et placée sous le patronage de saint Nicolas. Le parrain en était Thomas Dubouloz, maire de Thonon et la marraine Anne Charmot, née Dubouloz. Cette cloche aux accents baroques a malheureusement avec le temps perdu quelques kilos de bronze et sa qualité sonore en a sérieusement pâti. En 1868, on adjoint à cette petite cloche deux cloches plus imposantes. Le travail est confié aux frères Beauquis de Quintal. Ces deux cloches ont été généreusement financées grâce à des souscriptions. Elles indiquent sur leur robe les dons, en plus des parrains et marraines : plus de 600 francs pour chacune d’elles ! Seulement, cinq ans plus tard, les archives indiquent un courrier troublant. Le conseil de fabrique du Lyaud demande au préfet de poursuivre les personnes qui ont promis des dons… sans les honorer ! Un second courrier, émanant cette fois du préfet, demande à l’évêque l’accord de lancer les démarches ! En 1951, la fonderie Paccard est mandatée par la paroisse du Lyaud pour électrifier la sonnerie et refondre la cloche de 1802, afin de donner un meilleur accord à l’ensemble. Finalement, le projet sera revu à la hausse : la cloche Marie-Josèphe fut ajoutée et la cloche de 1802 conservée, uniquement en volée manuelle. Il y a encore quelques années, elle était actionnée manuellement à l’approche d’un orage dans le but de l’éloigner. Elle se trouve aujourd’hui sans usage concret. Elle a été déplacée en 1951 à la base du beffroi, permettant à la nouvelle cloche de prendre sa place, en face de la seconde cloche. La plus grosse, uniquement actionnée pour les sépultures avec ses sœurs, occupe à elle seule une travée complète du beffroi.

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

 

Beauquis frères

1868

123,8

~1’180

Mi 3

2

 

Beauquis frères

1868

98,9

~580

Sol3

3

Marie Josèphe

Paccard

1951

80,5

~325

Si 3

4

St Nicolas

Jean-Baptiste Pitton

1802

73,2

~220

Do 4

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Remerciements :
La commune du Lyaud, M. Joseph Déage, maire et M. Hubert Dubouloz, premier maire-adjoint.
La paroisse du Lyaud et M. André Cornier, sacristain.
Mon ami Claude-Michaël Mevs, dit « Quasimodo », pour l’aide apportée.

Sources & Liens :
Mairie du Lyaud
Archives paroissiales du Lyaud – Echanges entre le curé et la fonderie Paccard (1951)
Archives diocésaines d’Annecy – Courier du Préfet à Monseigneur l’évêque d’Annecy
Mémoires et Documents publiés par l’Académie Chablaisienne, Tome XXIV, 1910.
Relevé sur site
Clichés personnel

Le Lyaud – Chapelle Saint-Symphorien (Trossy)

Au sud-est de la commune du Lyaud, le hameau de Trossy parlera à de nombreux autochtones pour sa ferme, hautement réputée pour la qualité de ses fromages. Composé avant tout de quelques fermes et propriétés au calme à quelques encablures du Lac Léman et de Thonon-les-Bains, capitale du Chablais, le hameau s’organise autour d’une modeste chapelle, adossée à l’une des bâtisses du quartier. Fondée le 21 avril 1721 par le Rd Pierre-François Dubouloz, elle permettait alors aux habitants d’avoir un sanctuaire plus proche qui jadis n’était pas l’église du Lyaud… mais celle d’Armoy, obligeant les paroissiens à faire trois kilomètres pour se rendre à l’église ! La paroisse du Lyaud est en effet très jeune : ce n’est qu’au milieu du XIXème siècle qu’est construite l’actuelle église et que les paroisses, ainsi que les communes, se sont séparées. Mais revenons dans notre petite chapelle. Cette dernière semble avoir été gérée par des prêtres extérieurs à Armoy puis au Lyaud : fondé par un thononais curé à Meinier (actuel canton de Genève, en Suisse) elle a été gérée -par exemple- au milieu du XIXème siècle par le curé de Saint-Gingolph, le Rd Sache. Un écrit conservé aux archives diocésaines fait d’ailleurs état de tous les travaux entrepris sous son mandat. Le document présice aussi que depuis la fondation, très peu de travaux ont été réalisées et que la chapelle souffrait d’un mauvais entretien. Avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat, en 1905, la chapelle est prise sous l’aile de la famille Bordeaux, puis de la famille Pommier. Elle sera ensuite cédée au diocèse d’Annecy en 1968 avant de bénéficier d’une grande cure de restauration, menée par la paroisse. La chapelle peut être encore aujourd’hui utilisée pour de rares offices et accueille aussi, sur demande de la famille, le corps d’un défunt du hameau avant sa sépulture à l’église paroissiale. Il y a encore quelques mois, toute l’attention était sur elle avec un remplacement des gouttières et une restauration partielle de la toiture ainsi qu’un nouveau drainage autour du bâtiment.

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Le clocher porche abrite une seule cloche, comme la quasi-totalité des chapelles savoyardes. Cette petite cloche aux dimensions modestes et à la qualité sonore et esthétique discutables est très rare : elle porte la signature de Joseph Revet, fondeur à Thonon. C’est la première fois que ce fondeur apparaît sur ce site mais a déjà été référencé dans une chapelle non loin de là : la chapelle de Tully à Thonon (1841). Joseph Revet n’a semble-t-il pas fondu de cloches d’église car aucune archive ne le mentionne pour de tels travaux. Né en 1792 à Maxilly-sur-Léman, il était bel et bien inscrit sur les listes électorales de Thonon comme fondeur mais aussi prospecteur, attestant bien que la fonte n’était pas pour lui sa seule source de revenus. L’Almanach du Duché de Savoie de 1833 (p. 181) précise que notre homme tenait une « Fonderie, cuivre, laiton et pompes à feu ».  Le Sr Revet s’est éteint à Thonon, le 21 novembre 1859. Au regard de la cloche de Trossy, trois choses interpellent : son profil, plus proche d’un braillard que d’une cloche d’église, une ébréchure importante compte tenu des dimensions modestes de la cloche, ainsi que son démoulage très grossier, laissant d’énormes défauts de coulées. Pour être honnête, il m’a bien fallu quelques soirées pour comprendre le sens des inscriptions : à savoir les personnes citées, sa signature et sa date. Les archives nous racontent que lors de sa fonte, le Sr Revet a récupéré une vielle cloche du clocher, plus petite, dans le but de la casser. Le prix de l’opération a coûté au total 108 livres.

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

Joseph Revet

1852

42,1

~45

La4

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Remerciements :
M. André Cornier, sacristain, pour l’accès à la chapelle et la sonnerie spéciale.
Mmes Lucie Hugot et Stéphanie Tona, archivistes de Thonon-les-Bains, pour la mise à dispositions d’archives de l’état civil de Thonon-les-Bains.
Mon ami Claude-Michaël Mevs dit « Quasimodo » pour l’aide apportée.

Sources & liens :
Paroisse Notre-Dame-des-Hermones
Acte de fondation de la chapelle du Lyaud le 21/04/1721, tabellion de Douvaine
Etat des lieux des dépenses du Rd Sache, recteur de la chapelle – Archives diocésaines d’Annecy
Acte de décès de M. Joseph Revet – Archives municipales de Thonon
Listes électorales de Thonon-les-Bains (côte 1K1, page 335) – Archives municipales de Thonon
Almanach du Duché de Savoie, Bellemin, 1833 (consultable sur la BNF)
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