Juvigny – Eglise Saint-Martin

Une commune rural aux portes du « Grand Genève »
A seulement un jet de pierres de la ville de Genève et sa grande agglomération, Juvigny est une commune rurale. Elle accuse 650 habitants, au mépris de l’accroissement toujours plus rapide de cette immense aire urbaine sur les rives du Lac Léman. La commune de Juvigny est frontalière avec la commune de Présinge, du canton de Genève. En 1815, alors que la Savoie intégrait le Royaume de Sardaigne, Juvigny lui donna le tiers de son territoire : la frontière est aujourd’hui marquée par le bas-côté de la route départementale qui relie Machilly à Ville-la-Grand. Contrairement à de nombreuses communes de la région, son territoire ne se situe par en altitude. Sa situation sur un « plateau » isolé par les caprices du Foron permet cependant d’avoir un très beau coup d’œil sur le Jura, les Voirons ou encore le Salève, montagnes plus ou moins environnantes.

Une paroisse « jeune »
Saint Martin, antique évêque de Tours protège la paroisse de Juvigny. On pourrait alors se dire qu’elle est fort ancienne. Cependant, il n’en est rien : ce n’est que le 22 avril 1681 que Juvigny devient paroisse indépendante et s’émancipe de Ville-la-Grand, grâce à l’intercession de son curé, François Allégret. Cette émancipation était peut-être en préparation depuis longtemps : Le 27 juin 1679, soit deux années auparavant, le nouvel autel de Juvigny est consacré. La porte d’entrée était plus ancienne : elle datait du XVème siècle. Une preuve supplémentaire qu’à défaut d’une église paroissiale, Juvigny possédait déjà son lieu de culte, probablement une chapelle. Cet édifice primitif a été rasé en 1841 au profit d’un nouveau au même emplacement. Il est consacré le 6 mai 1850 et réemploiera son entrée du XVème siècle. L’édifice sera restauré avec goût en 2000.

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Une entourloupe à la Révolution
A la fin du XVIIIème siècle, la paroisse de Juvigny compte une seule et modeste cloche. Comme partout, l’ordre est donné de raser le clocher et de descendre la cloche. Une nuit, un certain André Déléaval va procéder, seul, à sa descente. Mais son but sera tout autre : la cacher. Comme d’autres, il n’a pu se résoudre à laisser la cloche aux Révolutionnaires. Sous un tas de paille, notre brave Déléaval pensait cette cachette sûre, jusqu’au moment ou des enfants venaient jouer avec ce dernier. Ne voulant révéler son secret aux autres villageois, la peur d’être trahi, il partit l’enterrer dans un de ses champs, au bord du Foron, en contrebas. Entre temps, en 1796, les temps obscurs laissent place à quelques éclaircies : on ne sait trop comment, Juvigny obtient le droit de récupérer une cloche à Bonneville. Un autre Déléaval, François-Isidore, agent national de Juvigny, choisit donc une cloche de taille similaire que la cloche « disparue » ! Dédiée à sainte Marie-Madeleine, ses inscriptions font en fait référence à une ancienne chapelle aujourd’hui démolie : la chapelle de la Tonnaz, primitive de l’actuelle commune de Praz-sur-Arly, près de Megève. Il ne reste actuellement que deux reliques de cet ancien sanctuaire : une croix et sa cloche, fondue en 1723 par Charles Arnaud. Si une dynastie d’Arnaud est mentionnée en Maurienne entre le XVIIème et le XVIIIème siècle, elle omet totalement un membre de la famille du nom de Charles. Était-il des leurs ? Venait-il d’une autre région ?
Le Concordat signé, la religion revenue au chœur de l’église et des habitants, André Déléaval ressort comme par magie la cloche qu’il a lui-même caché. Voilà que le clocher porte deux cloches ! Problème : en 1810, la revenante est déjà fendue. Sans doutes elle avait été fragilisée par cette décennie troublante. La même-année, Juvigny passe donc commande d’une nouvelle grosse cloche à Jean-Baptiste Pitton de Carouge. Prix : 307 francs. Mais cette cloche semble d’une qualité moyenne car en 1834 déjà, elle était fendue. Cette fois, c’est aux frères Paccard de Quintal qu’une nouvelle commande est passée. Fondue en 1835, elle n’est installée dans le beffroi qu’en 1836. En 1943, la petite cloche est inscrite aux Monuments Historiques. Viendra, plus tard, l’électrification de la sonnerie, une nouvelle monture pour la cloche historique et de nouveaux battants pour les deux cloches. C’est donc une petite sonnerie rustique mais pleine de charme qui attend l’amateur d’histoire ou le passionné d’art campanaire. 

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

N.C.

Frères Paccard

1835

74,9

250

Do 4

2

Sainte Marie-Madeleine

Charles Arnaud

1723

53,5

100

Fa ♯ 4

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Je remercie chaleureusement :
Monsieur le Maire Denis Maire, pour son autorisation et pour son accueil. 

Sources & liens :
Juvigny
Monographie de Juvigny, Norbert Dunoyer, 1901.
Juvigny Info, décembre 2019, page 6.
Relevé personnel
Clichés personnels

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