Arbusigny – Eglise Saint-Jean-Baptiste

Juché contre les pentes du plateau des Bornes, le village d’Arbusigny se situe sur le trajet de l’antique « chemin du sel », voie romaine reliant Genève à Annecy. Ce chemin ne traverse cependant pas son chef-lieu mais une poignée de la cinquantaine d’hameaux qui compose les 12 kilomètres carré de la commune et dans lesquels se répartissent plus de 1100 arbusigniens. A la chute de l’empire romain et cette voie tombée dans l’oubli, Arbusigny se retrouve en marge des principaux axes de la région pendant des siècles, isolant alors cette commune rurale vivant principalement de l’agriculture lors d’hivers rigoureux. Evidemment, ce temps est révolu et Arbusigny est même aujourd’hui un village plutôt prisé de personnes qui recherchent la tranquillité et une excellente qualité de vie avec en -cerise sur le gâteau- un magnifique panorama à 360° sur les montagnes environnantes.

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Placée sous le vocable de saint Jean-Baptiste, gage de son ancienneté, la paroisse d’Arbusigny est citée pour la première fois il y a un millénaire. Conon de Genève, alors évêque de Maurienne, la donne entre 1090 et 1107 aux chanoines de Saint-Jean de Genève. Nous savons ensuite que l’évêque Jean de Bertrand la visite en 1411 et trouve « un chœur en ruines ». Il est aussi relevé le manque de piété des habitants qui préfèrent danser dans le cimetière que de se rendre à l’église ! Au XVIème siècle, l’église est reconstruite au même emplacement que la précédente. La porte du monument est d’ailleurs datée de 1533, signe de cette reconstruction. L’édifice est plein de curiosités : nef unique au plafond de bois, chœur avec voûtes gothiques et cinq chapelles latérales de dimensions inégales. A la Révolution, comme dans beaucoup d’endroits, l’église est pillée. Les années 1830 sont le théâtre dans la commune un grand débat : reconstruire le clocher, et comment le faire. Plusieurs hypothèses voient le jour : construire un beffroi au dessus de la nef ou alors une tour, créant alors porche. C’est finalement cette option qui sera retenue. Ce dernier est estampillé du millésime 1837. Le 7 mai 1859, Mgr Cesbron, évêque d’Annecy, procède à la bénédiction de la restauration du monument après une réorganisation de la nef et des chapelles. Plus récemment, les peintures extérieures ont été reprises. Un très beau jaune remplace un gris terne présent sur le monument depuis des décennies.

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Evidemment que la paroisse d’Arbusigny possède des cloches depuis longtemps. Malheureusement pour nous, les archives sont plutôt discrètes à ce sujet. En 1816, Jean-Baptiste Pitton, maître-fondeur à Carouge, réalise une cloche d’environ 475 kilos offerte par Jean-François-Emmanuel Collomb d’Arcine, colonel au 4ème régiment de la garde royale en France et par sa femme. La cloche a été fondue « l’année de la libération des françois » comme elle le précise. Sans doute elle n’était pas seule car en 1850, on refond et augmente une plus petite cloche qu’on appellera « Jeanne-Marie ». Cette cloche de 350 kilos est le fruit d’un don du curé archiprêtre d’Arbusigny, le révérend Pachon. Mais il faut savoir que cette cloche n’est pas venue seule. En 1849, la commune d’Arbusigny étudie la possibilité de fondre une cloche de 20 quintaux (environ 1’200 kilos) avec les excédents budgétaires de la commune. C’est finalement une cloche de 1’400 kilos baptisée « Jeanne-Eugénie » qui rejoindra le clocher d’Arbusigny achevé quelques années auparavant. Ces deux cloches ont été bénites dans le cimetière autour de l’église le 20 août 1850. Les autorités ont d’ailleurs fait appel à MM. François et Jean-Marie Bulliod, fondeurs de cloches à Carouge et successeurs de Jean-Baptiste Pitton. C’est donc une sonnerie entièrement carougeoise qui retentit depuis le clocher d’Arbusigny. 
Le 2 janvier 1892, le clocher d’Arbusigny est au cœur d’un drame relaté par le journal « l’Indicateur de la Savoie ». Un jeune homme de la commune est chargé de faire sonner les cloches pour une sépulture. Trouvant qu’elles ne montaient pas assez haut, il décida de grimper sur le beffroi pour les sonner par leurs jougs ! Il perd l’équilibre et il tombe. Il croise alors l’une des cloches en mouvement qui le projette contre le mur. Le malheureux dont le crâne fit fracassé par la violence du choc rendit son dernier souffre trois jours après le drame.

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

Jeanne-Eugénie

Bulliod frères

1850

132,7

~1’400

Ré3

2

 

Jean-Baptiste Pitton

1816

92,5

~475

Sol3

3

Jeanne-Marie

Bulliod frères

1850

83,8

~350

La3

Les deux cloches fondues en 1850 :

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La cloche fondue en 1816 :

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Mes remerciements à :
M. Roland Excoffier () pour l’organisation de cette visite.
La municipalité d’Arbusigny et plus particulièrement Madame le Maire et ses maires-adjoint(e)s. 
M. Serge Jacquemoud, sacristain, pour son accueil.
Mme Nathalie Debize, membre d’association La Salévienne, pour la mise à disposition d’archives.
Mon ami Claude-Michaël Mevs dit « Quasimodo » pour l’étroite collaboration.

Sources & Liens :
Archives départementales de Haute-Savoie (fonds 6FS114 et 6FS115)
Paroisse Saint-Jean-XXIII d’Arve et Salève
Commune d’Arbusigny
La Salévienne
Indicateur de la Savoie, 23 janvier 1892, page 2
Fonds privés
Relevé et clichés personnels

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