Marsal – Collégiale Saint-Léger

Pour cette nouvelle découverte, je vous emmène loin de mes vallées. Au cours du périple qui nous a emmené jusqu’à la cathédrale de Verdun, avec mes collègues, il nous a été proposé un arrêt dans un édifice religieux dont la sonnerie vient d’être étoffée. Une histoire récente, il est vrai. Mais il faut voir cela comme une prolongation d’une histoire déjà millénaire.

Marsal est aujourd’hui un bourg de 266 habitants, situé au cœur du Saulnois, entre Strasbourg et Metz. Le bourg, installé entre les bras de la Seille, possède un lot de monuments civils et religieux témoignant l’importance de ce lieu.
On sait que le lieu intéressait déjà les romains, car Marsal se trouve sur la voie romaine, entre Strasbourg et Metz. Au XIIe siècle, l’évêché de Metz et le duché de Lorraine se disputaient le contrôle de Marsal, lieu intéressant car exploité pour ses mines de sel souterraines. Un siècle plus tard, l’église paroissiale est élevée au rang de collégiale. Dès lors, un chapitre de chanoines s’installe et veille sur la paroisse et celles aux alentours. D’ailleurs, sous l’Ancien Régime, Marsal était le siège d’un des archidiaconés du diocèse.
Longtemps, les lieux ont été ballottés entre les évêques de Metz et les ducs Lorrains. par maintes tentatives de ces derniers, tantôt fructueuses ou tantôt ratées. Une fois l’évêché de Metz rattaché à la France, les mêmes combats auront lieu. Cette fois-ci elles opposeront les Rois de France aux ducs de Lorraines. Ce changement de protagonistes n’empêchera pas la poursuite du même scénario : un ballottage permanent. C’est finalement Louis XIV qui aura le dernier mot de cette querelle. Lorsqu’il réussit à prendre Marsal en 1663, il confiera à Vauban la construction de fortifications pour protéger la cité saline. Et c’est ainsi qu’est née la porte de France. Dès lors, Marsal devient Français, jusqu’en 1871, ou la Moselle deviendra allemande suite à la défaite Française, contre la Prusse, avant un glorieux retour français un certain 11 novembre 1918. Outre l’Occupation, aucun nouveau changement n’est à relater.

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La collégiale Saint-Léger est une référence en Moselle. Son massif occidental, très imposant, vient d’être restauré. C’est sur celui-ci que se dressent les deux tours. L’une d’entre elles abrite les cloches, alors que la seconde, qui est asymétrique à l’autre, est vide et n’est pas conçue pour remplir pleinement la fonction de clocher. Mais nous y reviendrons.
C’est au XIIe siècle que sont posées les premières pierres de cet édifice à l’origine roman. L’inspiration germanique de son architecture se ressent par la profondeur de son chevet et son imposant massif occidental. C’est en 1222 que l’église est élevée au rang de collégiale. Un chapitre de sept chanoines s’y installent et redessinent leur édifice pour qu’il soit à la grandeur de son titre. Sous l’Ancien Régime, ce lieu est le centre d’un des archidiaconés du diocèse. Au XVIIIe siècle, la collégiale est unie à celle de Vic-sur-Seilles. Au lendemain de la Révolution, elle devient église paroissiale, statut inchangé aujourd’hui.
Il convient de citer quelques éléments de l’église : les stalles de 1691. Elles proviennent de l’abbaye de Salival. Notons encore quelques fragments d’un ancien sépulcre, un Christ en croix ou encore un reliquaire à clocheton.

Le clocher abrite aujourd’hui un ensemble campanaire de sept cloches, comme à la Révolution Française. En effet, il y a plus de 200 ans, sept cloches étaient en place : la grosse cloche, fondue en 1508 est la seule qui est restée en place. Et elle y est encore aujourd’hui. En 1816, trois nouvelles cloches sont fondues pour accompagner la vénérable cloche signée Maître Conrad de Vic-sur-Seilles. Mais en 1877, elles sont remplacées par deux nouvelles cloches signées Martin de Nancy. En 1917, ceux deux cloches sont réquisitionnées par les allemands et réinstallées en 1919. Ce miracle se produira une nouvelle fois en 1946 : les deux cloches ont été réquisitionnées en 1944 puis retrouvées intactes. En 2013, pendant la campagne de restauration du massif occidental de la collégiale, trois nouvelles cloches sont fondues. Réalisées en septembre en plein air devant le sanctuaire, la bénédiction aura lieu à l’intérieur de celui-ci par l’évêque émérite du diocèse, Mgr Raffin, le lundi de Pâques 2014. Après cet historique, il convient de ne pas oublier la septième cloche : beaucoup plus petite, elle a été fondue au 19e siècle. Sa présence dans l’ensemble campanaire se justifie par un jumelage entre deux communes homonymes. La seconde se trouve dans le Tarn, région réputée pour la volée tournante. Alors, en guise de clin d’œil, Marsal possède probablement la seule cloche en volée tournante de la moitié nord du pays.

Nom Fondeur(s) Année Poids (kg) Note

1

Saint Léger Maître Conrad 1508 1650

Ré♭3

2

Joséphine-Françoise Martin (Nancy) 1877 1’100 Mi♭3
3 Pauline-Caroline Martin (Nancy) 1877 900

Fa3

4

Saints Anges et Archanges A. Voegelé 2013 500 La♭3
5 Saints Martyrs A. Voegelé 2013 300

Si♭3

6

Saints Pasteurs A. Voegelé 2013 200 do4
7 n.c. xx 18xx 40

do 5

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Mes remerciements pour la visite du clocher à MM. Calcatera Bernard & Julien, respectivement maire et président du conseil de fabrique, pour l’accès au clocher pour l’angélus dominical. Je remercie également Me Pascal Krafft, campanologue à Ferrette (68) pour l’organisation de la visite. Enfin, mention à mes amis Claude-Michael Mevs dit « Quasimodo« , Aurélien Surugues et Allan Picelli dit « Le Sonneur Comtois« .

Sources & liens :

Marsal
« Trois nouveaux son de cloche à Marsal« , 2015
Fonderie André Voegelé
Clichés : personnel & Quasimodo
Fonds privés

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