Montailleur est installé sur la rive droite de l’Isère, principale rivière de la Combe de Savoie. Ce petit village de sept cents âmes possède un passé relativement riche. Au Moyen-Âge, ce bourg abritait déjà une Maison Forte. Aujourd’hui encore subsistent quelques ruines d’un château dans le lieu-dit du même nom. Près de ce château est installée une chapelle placée sous le patronage de l’Archange Saint Michel. L’église néo-gothique, quant à elle, est dédiée à Saint Maurice, légionnaire thébain mort en Valais au IIIe siècle. Cette église, consacrée en 1885, a été bâtie sur les plans de l’architecte diocésain M. Joseph-Samuel Revel. En 1884, l’ancienne église sera déconstruite. Le seul élément conservé est la base du clocher afin de faire un trait d’union entre les deux édifices religieux. Aujourd’hui encore, la chambre des cloches de l’ancienne église est encore visible par des ouvertures géminées. L’étage au-dessus, en pierres apparentes, est la partie nouvelle, avec une nouvelle chambre des cloches, un petit peu plus étroite.
Les plus anciennes archives que nous possédons font état de quatre cloches en place dans le clocher de l’église sous l’Ancien Régime. En 1793 trois d’entre elles, les plus petites, prirent le chemin de Chambéry pour être cassées et fondues. Elles pesaient au total 830 kilos. La plus grande (880 kilos) était restée au clocher pour donner de la voix pour le tocsin ou autre événement civil. Dérobée en avril 1794 puis retrouvée quelques jours après, elle sera contrainte de subir le même sort que ses petites sœurs. En 1802, soit peu de temps après que le Concordat soit signé, une cloche pesant environ une tonne est fondue par un Carougeois et son fils : Jean-Baptiste Pitton. Ce n’est pas la première fois que nous relatons le savoir-faire de ce fondeur né en Isère. Cette cloche sans nom, installée en rétrograde, est accompagnée de trois autres cloches. La plus grande d’entre elles – la deuxième – porte la date de 1860 et la griffe des frères Paccard, fondeurs à Annecy-le-Vieux, en Haute-Savoie. Cette cloche en remplace une autre d’un seul quintal. Son acquisition reste une zone d’ombre. Deux petites cloches permettent au quadrillon de s’exprimer pleinement. Nommées respectivement « Françoise-Marguerite du Sacré-Coeur » et « Marie-Jeanne-Angéline-Philomène », elles ont été fondues toujours par la célèbre fonderie savoyarde Paccard en 1891. Leurs dédicaces rendent hommage à leur parrains et marraines respectifs, et citent le curé qui les « donne à la fabrique ». On trouve enfin l’inscription « L’année de fonte de la Savoyarde 1891 » ! En effet, c’est cette même année qu’est fondue la célèbre Savoyarde sur l’initiative de l’archevêque de Chambéry. Depuis l’installation des nouvelles cloches en juillet 1892, ce carillon entonne joyeusement un « accord majeur » en « mi » audible lors des funérailles.
N° | Nom | Fondeurs | Année | Diamètre (cm) | Masse (kg) |
Note |
1 |
Pitton père & fils | 1802 | 119,7 | 1000 | Mi 3 | |
2 | Paccard frères | 1860 | 94,5 | 500 |
Sol ♯ 3 |
|
3 |
Françoise Marguerite du Sacré Cœur | G&F Paccard | 1891 | 79,3 | 308 | Si 3 |
4 | Marie Jeanne Angéline Philomène | G&F Paccard | 1891 | 58,6 | 130 |
Mi 3 |

La cloche 3 « Marguerite du Sacré-Coeur » et la cloche 1 en arrière plan.

Mes sincères remerciements à la municipalité de Montailleur, sous le mandat de M. Jean-Claude Sibuet-Becquet, maire, pour son aimable autorisation et à M. Pierre Dubourgeat, jeune conseiller municipal intarissable sur l’histoire de son village pour nous avoir accompagné. Je tiens aussi à remercier le petit comité qui nous a accueillis pour avoir pris le temps de nous écouter, de même que Quasimodo (que je remercie vivement également pour sa collaboration) et qui partagé mon ébahissement devant ces remarquables cloches. Enfin, je citerai Marie-Thérère Floret-Miguet pour le très bel article sur notre venue au clocher en cette avant-veille de la Toussaint.
Sources :
Mairie de Montailleur
Montailleur, sur Wikipédia
Bulletin Municipal de Montailleur, page
Pierre Dubourgeat
Inventaire personnel
Fonds privés