Saint-Maurice – Eglise Saint-Sigismond

Après la chapelle Notre-Dame du Scex, présentée il y a peu, je vous invite à garder le cap sur la Suisse, et simplement redescendre du rocher pour aller au cœur du bourg, à seulement quelques pas de l’Abbaye. Un autre vénérable clocher aux pierres apparentes se dresse là. Il ne s’agit pas d’un temple ou d’un édifice d’une autre confession mais bel et bien d’un autre lieu de culte catholique. L’église Saint-Sigismond de Saint-Maurice est alors complémentaire à l’abbatiale. Si cette dernière accueille la prière conventuelle des chanoines, les murs de l’église se contentent d’accueillir les fidèles tout au long de l’année, au gré de mariages, baptêmes ou funérailles.

Son histoire est tout aussi ancienne que l’Abbaye. L’église aurait été érigée à l’emplacement d’un ancien sanctuaire romain. La cité d' »Agaune » est en effet occupée depuis l’Antiquité, grâce à son environnement : une source nourrissait les habitants, la falaise protégeait d’éventuelles invasions et le Rhône creuse depuis des millénaires une vallée débouchant sur le Léman.
Quand aux origines de la paroisse, elles restent relativement floues. On cite d’abord une église dédiée à l’Évangéliste Jean. Les reliques de saint Sigismond, fondateur du Monastère millénaire, et des membres de sa famille ont été transportées à Agaune, au sein de l’église Saint-Jean. La « Passio Sancti Sigismundi » rédigée aux alentours du VIIIe siècle fait état de nombreux miracles dans cette église. A ce moment là, l’église passe sous la juridiction de l’évêque de Sion. Au cours des siècles, on note de nombreuses passations de la paroisse entre l’Abbaye Territoriale et le Diocèse. Depuis 1992, c’est l’Abbé de Saint-Maurice qui exerce sa juridiction sur la paroisse. Le curé actuel est d’ailleurs un des chanoines de l’Abbaye.
L’histoire de l’édifice est également tumultueuse. On la sait consacrée en 1722 seulement par Mgr Supersaxo, évêque de Sion. Elle faisait suite à sa reconstruction, entre 1711 et 1717. Seul le clocher, dont la flèche a été construite en 1597, a été conservé des anciens édifices, dont l’histoire est pour le moins complexes et mêlées d’incertitudes. Plus près de nous, on note quelques restaurations et modifications : remaniement entre 1895 et 1901, de nouveaux vitraux au milieu du XXe siècle, restauration extérieure en 1977 et intérieure pour le Jubilé de l’An 2000. On note aussi entre ces deux dates l’ajout d’un nouvel orgue Kuhn de deux claviers.

Les trois cloches que comptent le clocher ont été réalisées par des artisans de Vevey. C’est en effet la ville la plus proche qui a hébergé pendant des décennies sinon des siècles une quantité de fondeurs qui ont desservi tout le bassin lémanique Suisse (parfois même jusqu’en France). En 1782, Pierre Dreffet fourni les deux grandes cloches actuelles. La paroisse paye la plus grosse, la bourgeoisie de Saint-Maurice la petite, pour une somme totale de 144 louis. A cette date, on installe également une horloge publique au clocher, disparue en 1977. En 1854, Samuel Tréboux livre la plus petite cloche. Elle sera installée un peu plus haute que les deux autres, sur ce qui ressemble à une extension de beffroi.

 Nom Fondeur Année Note
1 Pierre Dreffet 1782 Mi 3
2 La Bourgeoise Pierre Dreffet 1782 Fa ♯ 3
3 Samuel Tréboux 1854 Sol ♯ 3

Mes remerciements pour cette visite du clocher au chanoine Gilles Roduit de l’Abbaye de Saint-Maurice, curé de la paroisse. Amitiés à Mike dit « Quasimodo » pour l’aide apportée et les moments d’amitié.

Sources & liens :
Paroisse de Saint-Maurice
La Cure de Saint-Sigismond aux archives de Saint-Maurice
Abbaye de Saint-Maurice
Orgues et Vitraux, les orgues de Saint-Maurice

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