Brenthonne – Eglise Saint-Maurice

Le secteur du Chablais va occuper toutes mes prochaines publications. Je me suis -entre autres- penché sur le clocher-campanile de Brenthonne. Depuis ma plus tendre enfance, sa silhouette élancée ne manquait pas d’interpeller mes yeux, au bord de la départementale qui relie Annemasse à Thonon/Evian.

Brenthonne est une commune de 1000 habitants qui s’organise le long de cette départementale. Elle est traversée de trois torrents qui prennent leurs sources à Saxel : Ruisseau de la Creusiaz, ruisseau de la Pisse-Vache, ruisseau d’Avully. Près de ce dernier se trouve le château Saint-Michel d’Avully, maison forte bâtie au XIVe siècle. Elle témoigne la place stratégique qu’occupait Brenthonne, à la fois aux portes du Chablais mais aussi au pied du col de Saxel, passage que le château s’efforçait de surveiller.
La commune actuelle de Brethonne résulte de la fusion de trois paroisses : Saint-Sylvestre d’Avully, Saints-Victor-et-Ours de Vigny, et Saint-Maurice de Brenthonne. L’invasion des Bernois en 1536 ont eu raison de deux d’entre elles : les églises ont été rasées et le passage de saint François de Sales, en 1598, n’a fait ressusciter que la troisième paroisse. Cela n’a pas empêché les trois communes de s’administrer séparément sur le plan civil jusqu’à la Révolution.

Le clocher de l’église Saint-Maurice de Brenthonne présente la particularité, avec ses homologues d’Annecy-le-Vieux, Saint-Jeoire et Bonnevaux d’être un campanile : il est totalement dissocié de l’église. Il y a pourtant une époque ou un sanctuaire lui était adossé. Et même le cimetière l’entourait, comme il en était la coutume jadis. Mais nous allons commencer par remonter dans le temps…
Le portail qui se trouve au pied du campanile serait de l’époque gothique. Une inscription accompagnée d’une croix tréflée mentionnerait la date de 1400 ou 1450. Le sommet du clocher, plutôt roman, conforte dans les hypothèses qu’il est très ancien. Il remonterait peut-être aux premiers âges du roman. Du sanctuaire qui lui était jadis accolé, on ne sait presque rien si ce n’est qu’elle était orientée conformément aux traditions et ses dimensions : 20m75 de longueur (sans le clocher porche) pour 8m70 de largeur. Le clocher quant à lui est plutôt rectangulaire : 5m20*4m85.

L’édifice était devenu trop exigu pour accueillir l’ensemble des paroissiens. Le Rd Chatillon, curé de l’époque, désirait aussi marquer de son emprunte le lieu en édifiant un édifice pour les siècles à venir. Le refus du Conseil de concrétiser son projet ne le découragea pas : le père avait en effet racheté un terrain à l’ouest du village, face au presbytère. Il a ensuite trouvé les fonds nécessaire auprès des paroissiens pour bâtir ce nouveau sanctuaire, néoclassique, consacré en 1839. L’année suivante, le curé cède l’édifice gratuitement à la commune, en émettant entre autres les conditions que l’édifice ne serve qu’au culte catholique, et qu’aucune végétation ou construction la cache. Lors de la cession du terrain, il était décidé de reporter la construction du clocher. Le terrain jugé instable menace sa pérennité et le financement serait plutôt lourd à assurer.

Revenons à l’ancien clocher. Il a été séparé de sa nef seulement 1878, malgré son intérêt architectural certain. Durant un temps, Brenthonne comptait donc deux églises. Mais la doyenne a en fait été réhabilité en salle consulaire et en école, pour une courte époque.
Le clocher est donc aujourd’hui dans un vaste espace carré. Des murs donnent encore aujourd’hui la dimension qu’avaient l’ensemble église-cimetière. Il peut être très agréable de se poser à l’ombre de cette tour séculaire.
A l’intérieur de cette tour, deux cloches sonnent encore aujourd’hui les cérémonies qui se déroulent à quelques centaines de mètres de là. Des anciennes cloches, nous ne savons rien. Un passage du fondeur Jean-Claude Livremont est mentionné en 1768. Il est confirmé par les inscriptions de la grande cloche. La petite cloche, quant à elle, mentionne une cloche « Maria » datée de 1721. Elle héritera de son nom. L’ensemble est refondu en 1958, avant d’être béni par Mgr Cesbron, évêque d’Annecy, installé puis électrifié.

Nom Diamètre (cm) Masse (kg) Note
1 Sts Maurice & François de Sales 89,8 450 La 3
2 Maria 76 275 Do 4
Fonderie Paccard – Annecy-le-Vieux – A.D. 1958

Mes remerciements pour cette visite du campanile à la municipalité de Brenthonne, sous le mandat de M. Michel Burgnard, pour son autorisation. Je remercie également M. Claude Genoud, conseiller municipal, qui m’a accompagné aux cloches. Mention enfin à mon ami Mike « Quasimodo » pour l’aide apportée à la réalisation de ce reportage.

Sources & Liens :
L’Eglise de Brenthonne – Terra Langini – D-L Lavy
Brenthonne sur Wikipédia
Eglise Saint-Maurice de Brenthonne sur Wikipédia
Fonds privés
Clichés personnels
Paroisse Saint-Jean-Bosco

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