Viry – Eglise Saint-Maurice

Au cœur du genevois, la commune de Viry parlera à beaucoup de visiteurs venus d’ailleurs : son péage est l’une des portes d’entrées pour les stations de sports d’hiver depuis le nord de la France. Bien que traversée par l’autoroute, c’est avant tout encore aujourd’hui une commune essentiellement rurale située à un jet de pierres de la ville de Genève. Viry résulte de la fusion de cinq paroisses en 1600 : Saint-Maurice (Viry), Saint-Jean-Baptiste (Malagny), Saint-Martin (Essertet), Saint-Eusèbe (Humilly) et Saint-Clair (l’Eluiset). Ces patronages montrent bien qu’elles étaient toutes anciennes, pour ne pas dire antiques ! Si aujourd’hui, l’ancien territoire de l’Eluiset se fond dans le chef-lieu de Viry, les autres hameaux sont encore très bien identifiables en prenant un peu de hauteur. Les bourgs de Malagny et d’Humilly conservent encore des reliques de leur indépendance religieuse avec un cimetière pour chacun, et même une chapelle pour le dernier. Daté du XIIIe siècle, ce lieu de culte est sans aucun doute l’ancienne église de cette paroisse. Plus proche de nous, Viry a aussi été réputée un temps pour ses meetings aériens organisés par la société de l’aérodrome de Viry (1910, 1911 et 1935). 

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L’église Saint-Maurice de Viry a été consacrée le 29 avril 1845 par l’évêque d’Annecy, Mgr Louis Rendu. Deux ans auparavant, l’ancienne église paroissiale dépeinte par son curé comme « difforme » fut démolie. Certaines pierres de la tour et des contreforts sont néanmoins réemployées pour construire le nouveau lieu de culte et d’autres pierres ont été prélevées dans les carrières du Salève. La première fut posée en juin 1843 et les travaux furent confiés à l’entreprise Eugène Buttin qui travailla d’après les plans de Valentin Guyon. Sur les 72’000 livres qu’ont coûtés les travaux, le tiers provenait de dons et de legs. Depuis la place, le monument peut impressionner. Il faut en effet rappeler qu’il doit accueillir cinq anciennes paroisses en un seul endroit ! L’intérieur de l’église, décoré par le peintre Jean-Pierre Ferraris, mérite le détour. Dans le chœur une magnifique fresque représente le saint patron de l’église Maurice, accompagné de sa légion thébaine. Le soldat sur son cheval tient dans sa main comme étendard la croix tréflée, aujourd’hui blason de l’abbaye qui conserve ses reliques. A l’opposé, un vitrail représente un autre saint majeur pour la région : François de Sales, évêque de Genève au XVIIe siècle. Il serait cependant réducteur de s’arrêter à ces deux seules représentations : le visiteur pourra aussi y découvrir de nombreux vitraux, deux fresques représentant la Cène et la Pentecôte dans le chœur et de nombreuses décorations en trompe œil qui ont été redessinés en 1897 grâce au don de la famille Gondrand. Tout cette décoration néoclassique de l’ensemble a été restaurée avec soin en 2002 à l’identique.

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Le clocher de l’église Saint-Maurice impressionne certains et intrigue d’autres. Parfois les mêmes. Il faut déjà reconnaître que sa hauteur dénote avec les autres clochers du genevois. Son couronnement est aussi unique –ou presque– en Haute-Savoie : il est coiffé d’un toit terrasse alors que les autres clochers de la région sont garnis d’une flèche, d’un bulbe ou bien d’un lanterneau. Si le clocher, comme tout carré, possède évidemment quatre faces, il ne compte que trois horloges : à l’est, au sud et à l’ouest. Mais pas au nord, pourtant occupé par les hameaux d’Humilly, Malagny et Veigy. La non installation d’une horloge dans leur direction donne lieu à de nombreuses hypothèses sur des querelles internes. Il faut quand même préciser que juste après le rattachement de la Savoie à la France, ces hameaux ont souhaité former une commune indépendante ! Cette demande ne fut jamais reçue. Peut-on alors présager d’une « vengeance » du bourg ? Les baies géminées du clocher dissimulent trois cloches, audibles par toute la paroisse. La cloche médiane est la plus ancienne car elle porte le millésime 1828. Elle fut réalisée par le fondeur carougeois Jean-Baptiste Pitton en collaboration avec son successeur François Bulliod qui co-signa l’objet sacré. Les deux autres cloches portent toutes les deux la date de 1859 et ont été fondues dans les nouveaux ateliers anciléviens des frères Paccard. Les inscriptions de ces dames de bronze ne mentionnent pas de prénom mais quelques informations historiques. La grande cloche indique qu’elle fut « refondue et augmentée […] par souscription volontaire » juste après l’inscription religieuse (en latin) : « Je loue Dieu, j’appelle le peuple, je rassemble le clergé, je pleure les morts, je fais fuir les nuages, j’embellis les fêtes ». La seconde cloche arbore quant à elle l’ensemble du conseil municipal de Viry en 1828. Elle aussi, porte une maxime religieuse. Il s’agit du psaume 150 (en latin) : « Louez [le Seigneur] par les cymbales sonores, louez-le par les cymbales triomphantes ». On notera d’ailleurs que la cloche fait référence au psaume 170… qui n’existe pas (il n’y en a que 150) ! La dernière cloche, elle, est un don du curé, le révérend Louis Naz. Sa maxime est (en latin) « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ». Cela laisse donc entendre qu’en 1859, on passe de deux à trois cloches pour cette grande église Saint-Maurice.

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

Frères Paccard

1859

115,8

~900

Fa 3

2

Jean-Baptiste Pitton et François Bulliod

1828

93,5

~475

Sol 3

3

Frères Paccard

1859

75

~250

Do 4

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J’adresse mes remerciements nourris à Mme Anne-Marie Placentini, sacristine, pour l’ouverture du clocher et l’autorisation de sonnerie spéciale ainsi que M. Michel Brand, historien local, pour l’organisation du rendez-vous et l’accompagnement au clocher.

Sources & Liens :

La Salévienne
Paroisse Saints-Pierre-et-Paul en Genevois
Viry sur Wikipédia
Relevés personnel
Clichés personnel
Fonds privés

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