Pour ce nouvel article, je vous propose un rendez-vous à Annemasse. Un clocher que je connais depuis longtemps. Cette commune est aujourd’hui l’une des plus peuplées du département après Annecy et Thonon-les-Bains. Le développement rapide du siècle dernier fait que depuis Annemasse, nous pouvons rejoindre Genève (et même l’Ain) sans quitter la ville ! Annemasse compte 35’000 habitants… et 10x plus pour son aire urbaine ! Pourtant, la ville actuelle est restée longtemps rurale. D’abord installée près de l’Arve, elle s’est étendue progressivement. La première étape fut l’arrivée du chemin de fer et de la gare. C’est sur cette ligne dite « du Tonkin » que continuent de passer les interminables wagons remplis d’eau Evian. Après la Première Guerre, Annemasse connaît un accroissement énorme de la population. Une seconde église sera bâtie. La ville n’a jamais cessée de grandir depuis. Actuellement, le tramway qui reliait Annemasse à la Suisse entre 1921 et 1959 est en cours de reconstruction pour une mise en service fin 2019.
L’église Saint-André est le plus vieux bâtiment communal sur le plan historique. Après avoir acté la fondation de l’Abbaye d’Agaune en 515, saint Avit, évêque de VIenne, consacre un premier édifice catholique qui remplace un temple romain. On sait aussi qu’au Moyen-Âge, le bourg dépendait du Prieuré Saint-Jean de Genève. En 1536, l’édifice est prise par les Bernois qui investissent le Duché de Savoie. A cette période, l’église sera reconstruite plusieurs fois. La reconquête catholique n’aura lieu qu’en 1597 durant les « quarante heures d’Annemasse » avec, dit-on, 30’000 fidèles. Tronqué à la Révolution, le clocher est reconstruit en 1812. En 1841, un projet de restauration n’aboutit pas. C’est finalement dans les années 1860 qu’est votée la reconstruction totale de l’église. La date de 1869 sur le porche témoigne de sa consécration. Le clocher avec sa flèche est fini deux ans auparavant. D’ailleurs, son architecture interpelle : il ressemble comme deux gouttes d’eau au clocher de la basilique de Thonon, construit 20 ans plus tard. Si ce dernier est signé Théodore Fivel, cela laisserait entendre qu’il a également signé les plans du sanctuaire annemassien. Les deux églises, orientées différemment, sont restées côte à côte quelques années avant que l’ancienne soit rasée. La nouvelle église reçoit son orgue Merklin en 1875, de dimensions modestes. La dernière restauration à lieu en 1998 avec un nouveau mobilier liturgique signé Kaeppelin. Ici encore, la messe est dite tous les dimanches à 8h30 et, soulignons-le, la plupart du temps, avec une église pleine !
Au sommet du clocher, trois cloches sont installées. Toutes datées de 1956 et frappées du sceau de la fonderie Paccard, elles en remplacent trois autres bien plus anciennes. D’avant la Révolution, on ne sait hélas rien. Ou presque : les troupes Réformées ont emporté avec eux les cloches en 1536. Peut-être qu’elles existent encore… comme c’est le cas de Ballaison ou de la ville voisine d’Etrembières. Avant la restauration de 1956, un état des lieux a été dressé des trois cloches. Elles portent toute mention de « fondue le 28 novembre 1820 en la maison Paccard et fils par le maître Louis Frèrejean de Lyon ». Comprenez là qu’à cette époque, la famille Paccard était employée de Louis Frèrejean, entrepreneur lyonnais qui possédait des forges ici et là dans notre actuelle région. Notons que, comme les fonderies actuellement, il n’a jamais lui-même fondu : pas de doutes, c’étaient des Paccard ! Pour la petite anecdote, il n’a pas hésité à fondre les cloches en canon fin XVIIIe siècle avant de se lancer dans la production massive d’airains au lendemain du Concordat ! Ces trois cloches ont été électrifiées en 1949 et pesaient 760, 380 et 225 kilos. Mais sept ans plus tard, ces trois dames sont renvoyées au creuset. Mauvaise qualité ? En partie fêlées ? Aucune réponse aujourd’hui. Les trois cloches actuelles sont en tout cas plus lourdes tout en gardant des dimensions modestes (950 kilos pour la plus grande).
N° |
Nom | Diamètre (cm) | Masse (kg) | Note |
1 | Marie-Andrée | 112,3 | 950 |
Fa3 |
2 |
Marie-Françoise | 95 | 550 | La♭3 |
3 | Marie-Jeanne | 84,5 | 380 |
Si♭3 |
Fonderie Paccard – Annecy-le-Vieux – A.D. 1956 |
Mes remerciements pour cette visite du clocher au père Pierre Marmilloud, curé de la paroisse, et à Madame Denise Pouteau, sacristine.
Sources & Liens :
Annemasse
Eglise Saint-André d’Annemasse
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