Il m’est désormais coutumier au fur et à mesure de me péripéties campanaires de vous faire découvrir quelques sonneries d’autres contrées, soit dans d’autres régions de France, soit en Suisse, voisine de mon territoire de prédilection. Je vous propose donc aujourd’hui une étape en Valais (Suisse), dans une cité qui est l’une des clés de voûtes de l’histoire religieuse du pays.
A quelques centaines de mètres de la non moins célèbre Abbaye de Saint-Maurice se trouve le sanctuaire de Notre-Dame du Scex (dit aussi « du Rocher). Connu dans tout le Valais, il n’a jamais été dans l’ombre du monastère voisin qui a fêté en 2015 ses 1’500 ans ! En 2011, Saint-Maurice a pu faire une sorte de répétition générale, car la chapelle du Rocher fêtait les 1’400 ans de sa fondation ! Depuis le VIIe siècle, les prières à la Vierge se sont jamais tues et de nombreux ermites ont été au chevet de la chapelle Agaunoise, réputée dans la région.

Au fil des siècles, nombres d’ermitages et de chapelles se sont succédés… A l’occasion du Jubilé de 2011, les Echos de Saint-Maurice, journal annuel de l’Abbaye de Saint-Maurice a consacré tout un numéro sur la petite et la grande histoire du monument, et ses ermites (dont le plus illustre, saint Amé). Le numéro est téléchargeable en cliquant ici.
Pour les cloches, une étude a également été proposée. Mais depuis la parution du numéro, quelques changements sont intervenus. Je vous propose donc un résumé actualisé de ce qu’on peut trouver sur ce livre.

Si l’Abbaye de Saint-Maurice compte aujourd’hui le plus lourd carillon de Suisse et la plus grosse cloche du Valais dans sa tour romane, le patrimoine campanaire de la chapelle est plus modeste. Le clocher mur qui s’élève à l’entrée de la chapelle abrite deux cloches qui se répartissent dans les deux baies. L’histoire campanaire du lieu a été pourtant mouvementée. Pour la connaître dans les détails, je vous invite de nouveau à lire les Echos de Saint-Maurice sur la chapelle du Scex.

Pour résumer brièvement, la première mention campanaire a lieu en 1721. On décrit la chapelle comme surmontée d’un clocheton lui-même doté d’une cloche. Celle-ci a été fondue en 1479 et commandée par le chanoine Jean de Chastenay. Vers 1750, le chanoine Charles David fait fondre trois autres cloches. Nul doute que le beffroi a été agrandi à cette époque. Notre chapelle contenaient donc à une époque quatre cloches ! Le clocher sera encore transformé deux fois au XXe siècle : en 1904 et 1948. Il ne contient aujourd’hui que deux cloches. En 1948, les notes du chanoine Léo Müller précisent que la cloche de 1479 et accompagnée de deux cloches, soit un total de trois. Nous pouvons donc supposer qu’en 1904, une des cloches a disparu (fêlée, certainement). L’une des deux datait de 1790. Elle se fêla en 1952. Quant à la dernière, elle a été fondue par Gustave Tréboux de Vevey en 1854. Elle a été donnée à l’église de Dorénaz, à quelques kilomètres de Saint-Maurice, par Mgr Louis Haller, alors Abbé-Évêque du lieu. La cloche de 1970 a été remplacée une première fois en 1954 par la maison Rüestchi d’Aarau. Mais en 1975, « Marie-Thérèse » , fêlée déjà, reprit le chemin du creuset pour revenir toute neuve. On procéda alors à l’électrification de la cloche. Mais on se rendit compte que la petite était fêlée à son tour. Après des décennies de silence, le nouveau Procureur de l’Abbaye, le chanoine Olivier Roduit, lance un appel pour la refondre. Cet appel sera reçu par la famille Veuthey de Saint-Maurice qui offrit le remplacement de la cloche. Confiés à l’entreprise Rüetschi, les travaux seront exécutés début 2016. Bénie dans la basilique par Mgr Jean Scarcella, Abbé, elle prit ensuite le chemin de la chapelle avant d’être mise en service le premier mai 2016. Elle reçut le nom de sa marraine, « Madeleine ». Dès lors, voilà que le clocher sonne pleinement depuis la falaise, écho de plus d’un millénaire d’histoire.
La cloche de 1479, véritable témoin de l’histoire campanaire d’Agaune, sera exposée prochainement au clocher de la Basilique et sera visible lors des visites guidées du clocher, par exemple lors des prochains festivals de carillon.
Mes remerciements pour les enregistrements exceptionnels aux Révérend chanoine Roland Jacquenoud, Prieur de l’Abbaye de Saint-Maurice & au chanoine Cyrille Rieder, recteur du sanctuaire du Scex et sous-prieur. Toute mon amitié à Mike « Quasimodo » pour le soutien technique apporté lors de cet enregistrement des cloches.
Sources & liens :
Abbaye de Saint-Maurice
Chapelle Notre-Dame du Scex, WIkipédia
« Notre-Dame du Scex, une chapelle dans la falaise« , aux Echos de Saint-Maurice, 2011 (Mgr Joseph Roduit, chnes Olivier Roduit & Guy Luisier, MM. Marcel Buri & Jérôme Fournier)
« Une nouvelle cloche pour Notre-Dame du Scex« , chne Jean-Paul Amoos, aux Echos de Saint-Maurice, 2016