Saint-Avold – Abbatiale Saint-Nabor

L'abbatiale et les toits du bourg.
L’abbatiale et les toits du bourg.

C’est aujourd’hui à la frontière Franco-Allemande que je vous donne rendez-vous. La commune de Saint-Avold et ses 16’000 Naboriens se situe au nord-est de la France, en Lorraine.
Le patrimoine religieux de la cité frontalière est des plus intéressants. On dénombre pas moins de 11 lieux de cultes, dont 9 catholiques. Les deux édifices les plus remarquables sont la Basilique Notre-Dame-du-Bon-Secours (hélas sans cloches) et l’église-abbatiale Saint-Nabor. Le nom de la commune « Saint-Avold » provient en fait de saint Nabor, légionnaire chrétien de Maxence martyrisé en 304.
L’église-abbatiale Saint-Nabor est l’unique vestige d’une abbaye. Avant que celle-ci ne soit fondée, un oratoire est installé sur ce même lieu en 509. Il deviendra très rapidement un monastère. En 720, saint Sigisbaud, évêque de Metz fait construire en lieu et place du monastère une abbaye dédiée à saint Pierre. Un de ses successeurs, saint Chrodegang, y introduit la règle de saint Benoît. En 765, les reliques de saint Nabor sont transférées en l’Abbaye. Au fur et à mesure, toute une bourgade se développe à l’ombre des tours de l’abbatias Sancti-Naboris. Mais après plus de mille ans de présence, les moines sont chassés en 1791.
dsc_0025Après la Révolution, l’église devient l’église paroissiale de la ville. Elle en remplace une autre -dédiée à Saint-Pierre-et-Paul- qui avait été construite une première fois au XIVe siècle. Agrandie en 1497, l’église sera reconstruite en 1557. Au XVIIIe siècle, le sanctuaire sera réparé avant de fermer définitivement ses portes en 1793. Il sera ensuite vendu comme bien national avant d’être partiellement démoli et transformé en habitations. Quelques vestiges demeurent rue de la Salle.
Revenons à Saint-Nabor. L’abbatiale est entièrement reconstruite entre 1754 et 1769 dans un style classique alors que l’abbaye toute entière était en plein remaniement architectural. L’abbatiale en remplace deux autres : une première, construite au XIe siècle et une seconde bâtie entre 1515 et 1520. Ses dimensions sont notables : 67 mètres de longueur pour 28 mètres de largeur avec une toiture culminant à 30 mètres et les tours du chevet mesurent 53 mètres! Mais seule la tour de façade construite en hors d’oeuvre abrite les cloches. Elle mesure tout de même 45 mètres. Au pied de celle-ci, en tribune, se trouvent les grandes orgues et son buffet remarquable.

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dsc_0034Prenons de la hauteur et étudions maintenant les cloches. Si les archives de l’Abbaye sont aujourd’hui disparues, quelques rares traces permettent de dire qu’en 1757, alors que l’abbatiale était en pleine construction, l’Abbaye achète du métal pour refondre sa grosse cloche et deux plus petites, laissant penser que le clocher est en voie d’achèvement. La Révolution nous indique qu’il en possédait 11 : « quatre grosses, quatre moyennes et trois petites ». Il est fort possible que l’ensemble campanaire fut reconstruit au XIXe siècle, mais cet ensemble fut réquisitionné en 1917, a l’exception d’une seule cloche : le bourdon. Fondu en 1411, il sera refondu après trois siècles de bons et loyaux services, en 1717. Si le bourdon a pu échapper à la réquisition de 1917, il n’échappa pas au curé Dicop qui avait entreprit un véritable travail de restauration sur le lieu de culte et son mobilier. Il ordonna donc sa refonte. Avec ce nouveau bourdon de 5’800 kilos, 28 cloches sont livrées par la fonderie Paccard d’Annecy. Huit pouvaient sonner en volée, et 19 formaient un des rares carillons de Lorraine. Hélas, l’histoire semble se répéter lors de l’Occupation et le sort semble s’acharner : toutes les cloches sont réquisitionnées. Si le bourdon -laissé par les occupants-est toujours en place et continue de sonner, Benjamin -la benjamine du carillon- fut discrètement sauvée et est aujourd’hui en sacristie. Elle est amenée dans le chœur lors des offices pour être tintée à l’Elevation. En 1947, la paroisse commande quatre cloches à la fonderie Blanchet de Paris : elles ont en fait été réalisées par Louis Bollée. On en déduit donc que la fonderie parisienne en venait à sous traiter les commandes. Elles sonnent aujourd’hui les différents angélus et cérémonies et sont rejointes par le bourdon pour les grandes heures du lieu par la voix puissante du bourdon.

Fondeur(s) Année Masse (kg) Diamètre (cm) Note
1 Frères Paccard 1920 ~5’800 207,5 Sol 2
2 A. Blanchet 1947 1918 146,3 Do 3
3 A. Blanchet 1947 1310 124,5 3
4 A. Blanchet 1947 972 115,3 Mi 3
5 A. Blanchet 1947 578 94,3 Sol 3

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Mes remerciements pour cette visite au père Riboulot, curé de la paroisse Saint-Paul-des-Sources et recteur de la Basilique de Saint-Avold, pour son aimable autorisation et son accueil. Je remercie mes amis passionnés Mike « Quasimodo« et Dominique « Valdom68 » pour l’aide apportée à la réalisation de ce reportage. Je remercie particulièrement  Mehdi « Cloches Comtoises » qui s’est dévoué pour aider la cloche 4 au démarrage suite à une défaillance survenue le jour de notre visite. Amitiés à M. Matthias Walter -campanologue à Berne maintes fois remercié ici- qui m’a signalé cette intéressante sonnerie -au hasard d’une captivante discussion campanaire- et qui m’a transmis ses données non relevées faute de temps.562739eb


La basilique de Saint-Avold est aujourd’hui en péril et nécessite aujourd’hui d’importants travaux. Une souscription est aujourd’hui lancée pour sauvegarder ce patrimoine exceptionnel :
POUR EN SAVOIR PLUS.

Sources & liens :
Saint-Avold
Saint Nabor
Abbatiale Saint-Nabor
Paroisse de Saint-Avold
Eugène Voltz « l’Eglise abbatiale Saint-Nabor » à Saint-Avold
Fonds privé
Relevé – Matthias Walter
Archives Bollée-Voegelé – P. Krafft

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