Ebersmunster – Eglise-Abbatiale Saint-Maurice

Après une première étape à Hochstatt pour découvrir les cloches alsaciennes, je vous donne rendez-vous plus en aval du Rhin, à quelques kilomètres de la ville de Sélestat. Dans un petit village de 500 habitants, trois élégants bulbes s’élèvent vers le ciel. Il s’agit de l’abbatiale Saint-Maurice d’Ebersmunster, vestige d’une abbaye bénédictine fondée au VIIe siècle par saint Dié (parfois écrit saint Déodat), moine irlandais.
D’abord sous le patronage double des saints apôtres Pierre et Paul, l’abbatiale est aujourd’hui dédiée à saint Maurice d’Agaune (Suisse). En effet, saint Dié à obtenu de l’abbé de Saint-Maurice quelques reliques, alors placées et vénérées dans l’abbatiale. Durant la plus grande partie de son existence, la communauté suivra la règle bénédictine mixte.

Maquette de l’Abbaye.

Il serait bien trop complexe de vous conter intégralement l’histoire de l’abbaye, pourtant forte intéressante. Agrémentée de différentes sources, sa page wikipédia se laisse très facilement dévorer. Je vais tout de même, dans les grandes lignes et comme à mon habitude, vous faire un résumé historique de l’abbatiale actuelle, devenue simple église paroissiale au lendemain de la Révolution.

C’est au lendemain de la guerre de Trente Ans que l’Abbatiale se relève doucement de ses cendres. Les abbés successifs y parviendront tant bien que mal. Mais c’est sous l’abbatiat de l’Abbé Bernard Roethlin que l’abbatiale est totalement reconstruite dans un style baroque autrichien. Elle est d’ailleurs considérée par les historiens et spécialistes comme le plus beau sanctuaire baroque autrichien en France. Le non-moins renommé Peter Thumb en dessine les plans et supervise la construction d’un édifice totalement achevé en 1712. Le retable est installé et les fresque de la nef sont peintes en 1727, le magnifique orgue Silbermann est installé en 1730. Depuis cette date, il ne cesse d’attirer les organistes de tous horizons. Un festival lui est consacré, chaque été ! Les remarquables stalles du chœur sont l’oeuvre de Matthieu Wurtzer. Les statues de bois représentant les principaux saints de la chrétienté, ceux liés à l’Abbaye ou à l’Alsace y figurent et ont été restaurés (ou réinstallés) lors d’une restauration sous le mandat du curé Wetterwald.
A l’extérieur, la façade plutôt sobre est flanquée de deux tours clochers couronnées d’élégants bulbes. Contre le chevet, plus discrète, s’adosse la tour dite « des païens ».

   

Avant la Révolution, huit cloches se répartissaient dans les trois tours de l’abbatiale. On sait qu’en 1672, Hans-Peter Edel livre deux cloches : une pour l’abbatiale, et une pour l’église paroissiale. Valentin Allgeyer livre une nouvelle cloche en 1691. En 1715, peu après la livraison du nouveau sanctuaire conventuel, Matthieu Edel livre quatre airains. En 1791, cinq des huits campanes sont descendues. Le bourdon suivra en 1792.
En 1866, Honoré Perrin-Martin livre trois cloches à l’abbatiale, devenue simple église paroissiale. L’année suivante, une quatrième, plus petite, est installée. En 1872 déjà, la seconde cloche est refondue par la fonderie Causard de Colmar. Trois cloches sont réquisitionnées par les allemands en 1917 et une seule retrouvée intacte sera replacée au clocher en 1919. Les deux cloches manquantes seront ajoutées par la fonderie Causard en 1929. En 1944, un tir de char d’assaut détruit la seconde cloche, alors refondue en 1957. En 1996, la petite cloche Perrin-Martin de 1867 est descendue de la tour car de mauvaise qualité et remplacée par une cloche de la fonderie de Karlsruhe.
En 2018, un nouveau bourdon est livré à l’abbatiale. Le projet, lancé en 2015, faisait écho aux 1500 ans de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune, en Suisse. Après une souscription, la cloche fut fondue le 16 mars à Strasbourg par l’entreprise d’André Voegelé. La cloche reprend le profil de la fonderie Causard pour s’harmoniser au mieux avec ses sœurs plus agées. Béni le dimanche des Rameaux, il a sonné pour la première fois le 8 avril 2018, alors que Mgr Jean Scarcella, Abbé de Saint-Maurice, offrait solennellement des reliques des martyrs d’Agaune à l’abbatiale, les anciennes ayant été perdues à la Révolution.

Pour lire les inscriptions de la nouvelle cloche, cliquez ici.
Ci-dessous, les premières notes de ce petit bourdon, le 8 avril 2018 à 9h50.

Nom Fondeur Année Diamètre (cm) Masse (kg) Note
1 Ste Trinité A. Voegelé 2018 146,8 1850 Si2
2 St Maurice H. Perrin Martin 1866 127 1169 Ré3
3 Christ-Roi & Ste Famille Causard 1933 123,3 1154 Mi3
4 Stes Jeanne d’Arc & Thérèse de Lisieux Causard 1929 103 700 Sol3
5 Sts Benoit & Odile Fonderie de Karlsruher 1996 82 293 Si3
/
Ste Vierge Marie
H. Perrin Martin
1867
/
348
La3

Le bourdon, seul dans la tour sud…

…et ses petites sœurs dans la tour Nord.

Pour les voir (vidéo Frauenfelder82, 2013) :

Mes remerciements pour l’accès au clocher à l’abbé Philipps, curé, pour l’ouverture des tours. Par ces quelques lignes, j’exprime toute ma reconnaissance à Me Pascal Krafft, expert-campanologue adjoint de l’archidiocèse de Strasbourg et -entre autres- a qui nous devons cette magnifique cloche. Qu’il soit vivement remercié de m’avoir permis d’immortaliser les premières notes de « son » bébé. Je remercie également Mike « Quasimodo » pour l’indispensable collaboration pour la publication de ce reportage. Je salue également très cordialement Mgr Jean Scarcella, 95ème Père-Abbé de Saint-Maurice qui a présidé la messe solennelle lors de la sonnerie et Guilhem Lavignotte qui carillonne régulièrement avec moi à l’Abbaye de Saint-Maurice, également du voyage.

Sources :
Inventaire Pascal Krafft
Ebersmunster sur Wikipédia

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