Saint-Mihiel – Abbatiale Saint-Michel

Source : http://tourisme-lorraine.fr

Il n’y a pas que la cathédrale de Verdun, qui a justifié le déplacement de toute une équipe pour fêter les anniversaires de deux des nôtres. Malgré les températures froides d’une époque proche de l’hiver, nous nous sommes intéressés à l’abbatiale de Saint-Mihiel. A mi distance entre Bar-le-Duc, préfecture de la Meuse, et Verdun, siège du diocèse du département, cette commune possède un riche passé ecclésial. En témoigne encore les deux principaux lieux de culte : Saint-Michel et Saint-Etienne. Si le premier monument, dont l’histoire va vous être conté, a été une Abbaye, le second n’a été autre qu’une collégiale ! On note également, notamment à l’époque de la Contre Réforme, quelques installations de congrégations. On note aussi la présence depuis le XIIe siècle d’un Prieuré, hors des murs de Saint-Mihiel. Bien entendu, comme presque partout, la Révolution mis à mal les communautés religieuses qui furent chassés. C’est donc la fin de la collégiale, de l’abbaye et des autres communautés. Heureusement pour les générations actuelles et futures, les édifices subsistent pour les principaux, en tant que simples églises paroissiales.

Source : Wikipédia

L’abbatiale Saint-Mihiel s’inscrit encore dans un grand complexe abbatial. Sa nef est encore accrochés aux bâtiments conventuels, en restauration lors de notre visite.
Fondée en 708 ou 709 par le comte Wulfoalde et sa femme Adalsinde, l’abbaye se trouvait jadis à quelques kilomètres de là. Ce n’est qu’en 820 que l’abbé Smaragde déplace l’abbaye jusqu’à l’emplacement que nous connaissons. Les bâtiments primitifs seront reconstruits entre 1044 à 1050, ainsi qu’un clocher roman. Entre 1050 et 1076, la tour-porche de l’abbatiale est construite dans le style ottonien. L’archevêque de Trèves, accompagné des évêques de Verdun et de Toul consacrera l’abbatiale entre 1068 et 1069, soit pendant les travaux. On note une nouvelle reconstruction de l’Abbaye au milieu du XIIe siècle, probablement les bâtiments conventuels. En 1550, la flèche s’effondre. Il faut alors reconstruire le sommet de la tour porche et de la nef de l’église, dans le style gothique. On notera une particularité déjà évoquée à Verdun : les clochers de part et d’autre du chœur, rappelant le style rhénan. Au XVIIe siècle, des nouveaux travaux se font sur la nef de l’abbatiale. Durant le dernier siècle de vie de l’abbaye, on reconstruit une nouvelle fois les bâtiments conventuels et en particulier la bibliothèque qui faisait la renommée de l’Abbaye. A la Révolution, les moines sont chassés. Les bâtiments sont d’abord réaffectés en palais de justice et en prison. Après 1918, une restauration conséquente à lieu sur l’ensemble conventuel. Aujourd’hui, les ailes de l’abbaye abritent un musée départemental et l’Hôtel de Ville. Une restauration est encore en cours sur les bâtiments et l’abbatiale accueillera d’importants travaux dès la fin 2019, en vue de sa pérennisation. Un autre chantier aura lieu sur ses orgues, très réputées. Son buffet, installé sur un nid d’hirondelle, date du XVIIe siècle. Il a en effet été commandé à Jean Adam en 1679 par l’Abbé de l’époque. Plusieurs fois remaniés, la dernière réception des travaux ont eu lieu en 1792.


De la sonnerie abbatiale, on ne sait presque rien, sinon qu’une nouvelle cloche a été fondue en 1524, et que la seconde cloche a été refondue en 1585, par un certain « N.B. ». Selon J. Berthelé, ce serait un certain « Nicolas Buret ». On ne sait pas ce que les Révolutionnaires ont fait de la sonnerie, et encore moins sa constitution…
En 1835, le fondeur Royer de Saint-Mihiel livre la petite cloche de l’ensemble. En 1874, il est notifié que l’abbatiale possède deux grosses cloches de 2500 et 1600 kilos (do et ré). Les fondeurs Martin & Beurnel (Nancy) complètent la sonnerie avec 4 cloches, mais pas très accordées : deux mi, un sol et un si (entre 1150 et 400 kilos). En 1875, la famille Farnier procède à l’étude complète de la sonnerie. Peut-être la fonderie a été mandatée suite à la livraison des cloches l’année précédentes. On sait juste qu’en 1901, les fondeurs Bollée du Mans livrent la petite cloche : un si bémol de 438 kilos. Mais en 1917, les six cloches présentes ont été descendues par les allemands, avec les cloches de Saint-Etienne et les statues en bronze de la ville. La sonnerie actuelle, épargnée dans les années 1940, a été faite en plusieurs tenants. Dès 1919, les deux petites cloches ont été installées par Georges Farnier (en même temps que deux petites cloches de la collégiale). En 1922, la seconde cloche actuelle a été livrée à son tour. Le bourdon, dont la qualité est vantée par Matthias Walter, a été installé en 1929. Dans le beffroi, une travée demeure libre : peut-être une cinquième cloche était attendue. C’est en tout cas ce que laisse penser la sonnerie : si bémol, ré, mi bémol et fa. Une seconde cloche en do permettrait d’avoir les cinq premières notes de la gamme, rappelant ainsi l’ancienne sonnerie disparue en 1917.

Nom Année Diamètre (cm) Masse (kg) Note

1

Marie Clothilde 1929 172 3’282 Si♭2
2 Anne 1922 136,7 1’562

Ré3

3

Simone 1919 129 1’370 Mi♭3
4 Eugénie 1919 115 964

Fa3

Georges Farnier fondeur à Robécourt (Vosges)

 

Mes remerciements pour cette visite du clocher au père Patrick Denis et à son sacristain, M. Genter.
Je remercie également mes amis Claude-Michael Mevs, dit « Quasimodo« , Dominique Fatton « valdom68« , Allan Picelli « Le Sonneur Comtois » et Aurélien Surugues, présents avec moi, pour l’aide apportée.
Enfin, mention à deux pointures et amis : Me Pascal Krafft, pour les données historiques, et le Dr Matthias Walter qui m’a aiguillé sur la route de Saint-Mihiel et de son beau bourdon.

Sources & liens :
Saint-Mihiel
Abbaye Saint-Michel
Musée Farnier de Robécourt
Fondation du Patrimoine – Souscription pour la restauration des orgues
Clichés extérieurs : Internet
Clichés intérieur et cloches : personnels
Fonds privés
Me Pascal Krafft (archives campanaires)
Dr Matthias Walter

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