Viuz en Sallaz – Eglise Saint Blaise

A vingt-cinq kilomètres de la Cité de Calvin se trouve Viuz-en-Sallaz. Cette ville faisait jadis partie du « mandement de Thyez » ou de « Sallaz », avec les actuelles communes de Ville-en-Sallaz et Saint-André-de-Boëge. Les ruines de ce château existent encore aujourd’hui au sud-ouest de Ville. D’abord propriété de la famille de Faucigny, souveraine de cette province de la Savoie, la maison forte passera ensuite entre les mains des évêques de Genève. C’est ainsi que le blason de Viuz est composé du blason de la famille de Faucigny et de la croix de Saint-Pierre, emblème du chapitre cathédral de Genève (puis d’Annecy). Mais l’histoire de Viuz ne s’arrête pas là : son territoire remonte à quelques centaines de mètres du chef-lieu de Bogève, dans un vallon creusé par le Foron. Sur le chemin, de nombreux hameaux : l’un d’entre eux possède une chapelle édifiée à la suite d’un éboulement qui a enseveli 3 lieux-dits en 1713. Plus en amont et sur l’autre rive, un autre petit sanctuaire se dresse au cœur du hameau de Sevraz. Elle est le fruit de la piété d’un habitant émigré qui n’a pas oublié son village natal ! Mais au-delà d’un passif religieux, Viuz-en-Sallaz possède deux montagnes qui sont, ou ont été des atouts : le mont Vouan et les Brasses. Sur la première, on utilisait la pierre pour y faire des meules. Le lieu est aujourd’hui inutilisé certes, mais protégé et donne lieu à des multiples promenades. La seconde, partagée avec les communes voisines, est une station de ski idéale pour les familles.

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L’église Saint-Blaise de Viuz-en-Sallaz se voit de loin : son massif clocher en pierre s’élève très haut avec sa flèche, rappelant la puissance de ce village, jadis apprécié des évêques diocésains. De l’ancienne église, les informations sont dispersées : on sait qu’elle daterait du XVIème siècle et qu’en 1646 elle possédait des reliques de son saint patron, médecin et évêque de Sébaste mort vers 316. Au début du XIXème siècle, il est question de reconstruire le sanctuaire car celui-ci se délabre. En 1832, les travaux commencent alors sous la direction de l’architecte annécien Ruphy. Achevé en 1836, le lieu de culte est alors consacré l’année suivante par Mgr Rey, évêque d’Annecy. Conçu pour accueillir deux milles fidèles, il est dans le style néoclassique, voulant répondre à une architecture grandiose directement inspirée des monuments romains. Mais son embellissement ne s’arrête pas là : le maître autel est réalisé par Gilardi entre 1846 et 1855 et les autels latéraux par Pedrini entre 1846 et 1851, artistes piémontais. Un temps conservé, l’ancien clocher de l’édifice. Fragilisé par l’incendie de 1857, qui eut raison de la moitié du bourg, il est restauré et rehaussé en 1863 – 1864. Le sanctuaire, restauré avec goût, est protégé depuis 2015 par les Monuments Historiques.

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Le clocher abrite aujourd’hui trois cloches fondues en 1863 par les frères Paccard : Michel-Elisa, Marie-Péronne et Charles-Alexis. Bénies le 5 octobre de cette même année, elles logent dans un massif beffroi en bois conçu pour les recevoir. La sonnerie étant postérieure à l’édifice actuel, il est évident que d’autres cloches aient servies à la vie du village. Si la plus grosse nous raconte qu’elle a été « augmentée », elle ne nous en dira pas plus… Mais la réponse se trouve dans les archives. Il est cité qu’au XVIIIème siècle, le clocher abritait trois cloches et qu’en 1764, le battant de la plus grosse est refait à Thonon. En 1819, la commune passe une convention avec M. Louis Gautier, fondeur de Conflans maintes fois présenté ici, pour la fourniture d’une cloche de 14 quintaux accordée avec la cloche existante (peut-être une cloche pré révolutionnaire ?). Fondue en 1820, nous aurons déjà des ses nouvelles l’année d’après : le conseil municipal déplore qu’il n’a jamais officiellement « reçu » la cloche et les sonneurs ont remarqué que sa bélière n’était pas au centre. Ainsi, la cloche boitait lors de la volée et le battant frappait donc trop haut d’un côté. Le conseil demande alors qu’un expert soit nommé. L’affaire remonte jusqu’au Sénat de Savoie qui demande à deux fondeurs d’expertiser ladite cloche : le fondeur Jacques Anthoine, de passage à Moûtiers et le fondeur Eustache Meunier de Chambéry. Dans leur rapport, ils donnent bien comme « mauvaise » la cloche de Louis Gautier. Seulement voilà, les démarches étant vraiment longues, l’affaire a été traitée au printemps 1831, soit quelques semaines avant la mort de Louis Gautier, le 14 juillet 1831. Ainsi, c’est sa veuve qui doit s’acquitter de la dette de M. Gautier, précise une lettre émanant du syndic de la commune.

Les trois cloches actuelles portent des noms cités plus haut. Elles citent de nombreuses personnalités : le Pape Pie IX, l’évêque Mgr Magnin, le curé-archiprêtre Rd Tournier et ses vicaires, les pères Deletran et Favre, ainsi que le maire, M. Jean Gavard. La plus grande cloche est dédié à la Vierge et son époux Saint Joseph. La seconde cloche, à la Vierge et à saint Pierre, premier pape. La plus petite, enfin, a eu un parrain et une marraine âgés de… 11 et 8 ans ! Elle est dédiée à saint Blaise. Les trois cloches sonnent un bel accord élégiaque audible lors des funérailles. La grande cloche annonce les messes, baptêmes et mariages. La plus petite, enfin, sonne 3 fois par jour, infatigablement, l’angélus.

Nom Diamètre (cm) Masse (kg) Note
1 Michel Élisa 149,6 ~2000

Ré ♭ 3

2

Marie Péronne 99,4 ~650 La ♭ 3

3

Charles Alexis 74,2 ~250 Ré ♭ 4

Paccard Frères fondeurs à Annecy-le-Vieux Haute-Savoie 1863

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Je remercie chaleureusement :
M. le Maire Serge Pittet, pour ses aimables autorisations.
Mme la Maire-Adjointe Regine Duchêne-Grenaker, pour l’accompagnement.
Mme Marie Claude-Musy, sacristine, pour l’ouverture des portes.
M. Denis Thévenod, historien, pour le prêt d’archives.
Mon ami Aurélien Surugues, de passage dans la région, pour l’aide apportée à la contribution du reportage.

Sources & Liens :
Viuz-en-Sallaz
Mairie de Viuz-en-Sallaz
Eglise Saint-Blaise
Archives municipales ; Denis Thévenod
Mémoires et documents de l’Académie Salésienne, 1896, tome 19.
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