Sous-préfecture de la Savoie et « carrefour des quatre vallées » (Val d’Arly, Beaufortain, Tarentaise et Combe de Savoie), Albertville est bien entendu réputée pour avoir accueilli du 8 au 23 février 1992 les XVIe Jeux Olympiques d’hiver. Après cet événement mondial que sont les Jeux Olympiques, la commune continue occasionnellement d’attirer les organisateurs d’événements, comme par exemple le Tour de France, avec une arrivée d’étape en 1998, un simple passage en 2013 ou encore un départ d’étape en 2016. Mais cette commune de presque 20’000 habitants est en réalité très jeune. Elle est née en 1835 lorsque le Roi de Sardaigne et Duc de Savoie Charles-Albert réunit l’Hôpital avec le bourg médiéval de Conflans, l’occasion pour le souverain de laisser son nom à cette toute nouvelle bourgade. En 1965, Saint-Sigismond vient étoffer la commune. Des grands noms de France sont aussi intimement associés à Albertville. Jean Moulin, chef de la Résistance, fut sous-préfet d’Albertville entre 1925 et 1930. La ville a également vu naître l’architecte Henry Bernard, le skieur champion olympique Jean-Luc Crétier ou le vidéaste Jérôme Jarre. L’ancien ministre Michel Barnier réalisa ses années lycéennes à Albertville.
La cité médiévale de Conflans est installée à l’est d’Albertville. Elle domine toute la commune depuis les contreforts de la Pointe de la Grande Journée. L’église n’est bien entendu pas le seul joyau du lieu, autrefois occupé par un grand château puis une ville fortifiée. Conflans existe aujourd’hui comme un village dans la ville puisque l’esprit villageois est conservé sur le plan de l’urbanisme. Et bien entendu, le clocher est au centre… ou presque! Celui-ci domine cette petite bourgade. Elle est aujourd’hui couramment nommée par le vocable de « saint Grat » et parfois sous le nom de « Notre-Dame de l’Assomption ». Alors qui a tort et qui a raison ? Personne. Enfin, pas exactement : la patronne historique est bien la Vierge Marie. Mais l’église a reçu les reliques du saint-évêque d’Aoste ultérieurement et la paroisse de Conflans a été confié sous sa protection. Mais l’église a conservé son vocable historique. Il convient donc de citer ce double patronage (merci aux guides pour les explications!). La plus vielle mention d’une paroisse remonte à 1014, alors que nous étions en pleine fondation du Comté de Savoie. En 1632, l’église se voit détruite par un incendie puis réparée. Une nouvelle construction, à même la roche, eut lieu entre 1700 et 1720. L’église sera consacrée pendant les travaux, en 1716. La Révolution Française mit à mal le mobilier liturgique et le clocher. Après le Concordat, ce dernier est reconstruit à l’identique. Les retables seront réinstallés après la Restauration Sarde de 1815. En 1835, le sommet du clocher brûle. Il est reconstruit mais il ne respecte pas totalement l’allure des clochers bulbes traditionnels en se distinguant par une additions de détails. Enfin, un remaniement aura lieu vers 1850, expliquant sans doute le caractère néo-classique de la nef intérieure. Depuis 2018, le clocher et les retables latéraux connaissent une restauration d’envergure : l’accessibilité du premier et la couverture du bulbes ont été refait et les retables retrouveront dans les mois à venir leur éclat d’antan !
Le clocher, comme indiqué précédemment est comparable à un phare sur un littoral car il est visible de tout Albertville et au-delà. En 1632, il ne résiste pas à l’incendie de l’église et de la cure. Il sera reconstruit sur la base que nous connaissons aujourd’hui. En 1761, on note que la tour est en péril et nécessite de grandes restaurations réalisées par M. Antoine Davignon. En 1793, elle est détruite sur l’ordre d’Ablitte, révolutionnaire. En 1804, elle est rebâtie avec les pierres de la tour Sarrasine. Le clocher ressemblait à celui de l‘église Saint-Maurice de Thônes, mais en plus élégant, selon les archives! Fin 1834, nous connaissons enfin l’existence de quatre cloches. La plus grosse, fêlée, est refondue et bénie le 24 février 1835. Nous n’avons aucune idée du fondeur, idem pour ses petites sœurs, plus âgées. Notons que dans les années 1810-1820, Jean-François et Louis Gautier, père et fils natifs de la vallée de la Clarée (Hautes-Alpes) ont élu domicile dans la cité. Ont-ils fondus une ou plusieurs cloches pour ce clocher ? Il est hélas impossible de le savoir. Le 13 avril, une erreur humaine condamne l’ancienne sonnerie qui sera alors la proie du feu. En lisant ces lignes, sans doutes vous avez l’image de la flèche de Notre-Dame de Paris qui tombe… Rassurez-vous, moi aussi en les écrivant ! Quoi qu’il en soit, la sonnerie renaît (et bien-sûr le clocher!) le 10 août 1835. Claude et Jean-Pierre Paccard sont mandatés pour réaliser une sonnerie de quatre cloches. Le bourdon, dédiée à l’Assomption de Marie, porte de nombreuses inscriptions latines. Elles citent la patronne de l’église, Notre-Dame de l’Assomption, a qui elle est vouée, mais aussi le Roi de Sardaigne et Duc de Savoie de l’époque, qui en est le parrain. Il avait déjà accordé ce privilège sur l’ancien bourdon, vite rendu muet. Trois autres cloches l’accompagnent et ont également pour parrains et marraines des nobles de la région : saint Joseph, saint Antoine et saint François de Sales. Cette dernière est la refonte d’une cloche de 1813. C’est le seul détail que les cloches souhaitent nous livrer sur leurs prédécesseurs.
N° |
Nom | Diamètre (cm) | Masse (kg) |
Note |
1 |
Notre-Dame de l’Assomption, dite « Victoire » | 149 | ~1900 |
Do 3 |
2 |
Saint Joseph | 119 | ~1000 | Mi 3 |
3 | Saint Antoine | 99 | ~550 |
Sol 3 |
4 | Saint François | 79,2 | ~250 |
Do 4 |
FAITE A QUINTAL PRES D ANNECY EN 1835 PAR LES FRERES CLAUDE ET JEAN-PIERRE PACCARD |
Pour mes visites de ce clocher, je remercie les services de la mairie d’Albertville : cabinet du maire, M. Burnier-Framboret. Le service communication et le service patrimoine, sous la direction de Laurence Millers.
Je remercie mes amis : Dr Matthias Walter, campanologue à Berne, Claude-Michael Mevs dit « Quasimodo », Aurélien Surugues, Dominique Fatton.
Sources :
Mairie Albertville
Documentations du Service Patrimoine
« Baptême des cloches de Conflans, 1835 » – Gadin M.V.
Matthias Walter, campanologue
Relevé personnel