Dans les explorations chablaisiennes, je vous invite à découvrir un clocher très ancien. Le village de Lully aurait été occupé par les Romains et les Burgondes. Des fouilles archéologiques confirment les différentes hypothèses.
On sait qu’au XIIIe siècle, les sires de Cervens bâtissent le château de la Rochette. Cette famille a profondément marqué les siècles précédents dans la région. De la fondation de la paroisse, on ne sait hélas rien. Peut-être elle a été fondée au VIIe siècle, et placée sous le patronage de saint Maurice, prouvant une fois de plus la place qu’occupait cette abbaye richement dotée en territoire dès sa fondation. La paroisse n’existe que depuis le XIIIe siècle dans les archives : on cite l’abbé Trombert comme curé. Il est cité dans un acte de l’Abbaye cistercienne d’Aulps. La première église est agrandie en 1471. Le clocher a été conservé, c’est celui que l’on connait. En 1536, les protestants envahissent le Chablais. Cet acte sonna le glas de la paroisse. Bien qu’en 1598, la majorité des paroissiens renoncent au protestantisme, la paroisse de Lully ne sera jamais réinstallée. Elle sera unie à celle de Fessy, commune distante de quelques centaines de mètres.
Revenons aux évolutions de l’ancienne église, devenue chapelle. En 1624, la chapelle est restaurée, puis une nouvelle fois fin XVIIIe siècle. L’ancien sanctuaire était à l’époque baroque. Il sonne comme une revanche sur la Réforme, qui a hélas eu raison de la paroisse de Lully. En 1889, la chapelle est rasée. La nouvelle nef sera édifiée dans l’axe perpendiculaire : le clocher est depuis contre le bas côté. Le rez-de-chaussée sert en quelques sortes de sacristie et de local technique. Le retable baroque, par miracle conservé, a été restauré en 1990. Il représente saint Maurice et saints Pierre et Paul.
Le sommet du clocher abrite une seule cloche, aujourd’hui électrifiée. Elle est sonnée par un marteau électrique chaque demi-heure. Si ce dernier est électrique, on peut noter la présence d’une horloge mécanique Paul Odobey, basé à Morez (Jura). La cloche ne sonne pas les angélus quotidiens mais est actionnée lors d’un décès dans le village. D’ailleurs, les sépultures ont toujours lieu à la chapelle, ou alors à l’église de Fessy, selon les convenances. Des rares offices ont lieu dans l’année à la chapelle, là aussi, le son de la cloche est audible.
Si l’actuelle cloche date de 1969, beaucoup d’autres se sont succédées. On sait qu’en 1764, le fondeur Livremont est sollicité pour fondre une nouvelle cloche, l’ancienne étant fêlée. De 300 livres, on passe à 500. Lors de la Révolution, une légende dit que la cloche, devant être amenée à Bons, a été cachée et remplacée par une hotte. Mais malgré cela, elle ne sera jamais retrouvée. En septembre 1797, Jean-Daniel Dreffet livre une nouvelle cloche « Henriette ». En 1835, elle est déjà refondue car brisée. On sait qu’en 1886, la cloche est une nouvelle fois refondue.
La cloche actuelle « Joséphine », refondue en 1969 par la fonderie Paccard, pèse 535 kilos. Elle mesure 95cm de diamètre à la base. Elle sonne le Sol dièse 3.
Mes remerciements à la municipalité de Lully sous le mandat du maire René Girard, pour l’autorisation. Je remercie également M. Jacques Balsat, diacre, pour l’ouverture du clocher. Mention, enfin, à mon ami Mike « Quasimodo » pour l’aide apportée sur place.
Sources & liens :
Lully sur Wikipédia
Paroisse Saint-Jean-Bosco
« La Paroisse de Lully » D-L Lavy