Praz-sur-Arly – Eglise Sainte Marie-Madeleine

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C’est à 1’035 mètres d’attitude qu’est installé le village de Praz-sur-Arly. Limitrophe avec le département de la Savoie, la commune est à la fois orientée vers la cité olympique d’Albertville et le Massif du Mont-Blanc. Elle jouxte également Megève, rendu célèbre par la famille de Rothschild. Si elle semble avoir toujours existé avec ses chalets blottis autour du clocher de l’église, la commune voit en fait son histoire démarrer au XVIe siècle. Quelques paysans s’installent alors à l’actuel hameau de la Tonnaz. L’un d’entre eux imaginait-t-il qu’ils allaient former une nouvelle commune? Pour voir la naissance réelle de Praz, il faut toutefois attendre le XIXe siècle. Cette construction sera longue, mais fructueuse : au fil des ans, d’autres hameaux vont se créer, dont celui de Pratz, à l’emplacement actuel du chef-lieu Il faut savoir que « Praz » est un mot savoyard signifiant « Pré » : cela signifie donc que le territoire choisi était déboisé et offrait de vastes champs, entourant les méandres de l’Arly qui prend sa source non loin de là. Avec ces foyers, des chapelles vont être érigées, puis une église. Cependant, la commune restera sous la tutelle de Megève. Après la Révolution, l’envie d’indépendance commence à hanter les esprits. En 1834, la proposition est officiellement lancée, mais Megève refuse catégoriquement. Pratz-de-Megève devra donc prendre son mal en patience jusqu’en 1869. En 1907, le nom devient celui que nous connaissons sur demande du conseil municipal, sans doute pour accentuer de séparation de la jeune commune avec la station voisine.

La première chapelle sur le territoire de l’actuelle commune remonte à 1600. Saint François de Sales la visite en 1606. Il ne manquera pas de dire qu’elle était « couverte et ornée ». Il s’agit de la chapelle de Tonnaz. A Pratz, un petit sanctuaire voit le jour en 1646. Il sera vite remplacé en 1696 par l’église Sainte Marie-Madeleine, dépendante cependant de l’église Saint Jean-Baptiste de Megève. Un siècle passe. Après le retrait des troupes Révolutionnaires, l’église est partiellement rebâtie et l’évêque l’érige en paroisse indépendante le 4 août 1803, jour de la consécration du sanctuaire. Ce dernier sera rasé et reconstruit en 1881 dans un style néo-gothique, à la charge de la paroisse. L’édifice subira une cure de jouvence entre 1950 et 1955, toujours aux frais des paroissiens. En forme de croix latine, l’église est dotée d’un clocher flèche fin et élancé ainsi que d’une sacristie de part et d’autre du chœur. Si la tribune demeure dépouillée d’un éventuel orgue à tuyaux, le fond de l’église est tout de même occupé par un harmonium signé Debain. Ces harmoniums remplaçaient jadis les orgues à tuyaux dans nombre de nos paroisses qui n’avaient pas les moyens de se payer des grandes orgues.

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Le clocher abrite aujourd’hui quatre cloches sur le motif musical dit du « Salve Regina » audible lors des sépultures. Lancées à toute volée, ces cloches ne laissent pas l’oreille indifférente. Le contraste entre la puissance des petites cloches accrochées en haut du beffroi et la discrétion des grandes cloches situées plus bas laisse sans voix. A la fin de la volée, les petites cloches se taisent relativement rapidement laissant chanter le « mi bémol » de la grosse cloche, presque pur, témoignant d’une grande période pour Georges et Francisque Paccard, quelques années avant la réalisation de la célèbre « Savoyarde« . Les trois plus grandes cloches sont contemporaines à l’église : elles datent de 1882. La plus petite, fondue en 1938, est un souvenir de mission. Cette cloche n’en remplace aucune autre, aux vues de son installation. Des trois cloches du XIXe siècle, les deux plus petites citent leurs prédécesseures, fondues en 1822 et aujourd’hui disparues. Malheureusement, l’identité du fondeur est inconnu. Les expériences des clochers voisins nous permettent cependant d’avancer des hypothèses. La plus plausible serait celle de deux cloches Vallier & Gautier. Cette année là, ces fondeurs établis à Conflans sont allés jusqu’à Chamonix pour livrer trois des quatre cloches de l’église Saint-Michel. Si les amateurs ou campanologues s’accordent à dire que le travail de ces fondeurs des Hautes-Alpes est fort convenable, il est bon de rappeler qu’un nombre non négligeable de leurs pièces ont été contraintes de reprendre le chemin du creuset, quelques mois seulement après leur mise en service pour certaines, et tout récemment pour une autre.

Nom Fondeurs Année Diamètre (cm) Masse (kg)

Note

1

Jeanne Françoise Cécile G&F Paccard 1882 129,5 1300 Mi ♭ 3
2 Joséphine Nicolarde G&F Paccard 1882 102,8 650

Sol 3

3

Anastasie Aimée G&F Paccard 1882 86,4 385 Si ♭ 3
4 Marie Léonie Les fils de G. Paccard 1938 77,5 250

Do 4

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La grande cloche dans le beffroi tout en bois.
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Mes sincères remerciements pour cette visite du clocher à M. Yann Jaccaz, maire de Praz-sur-Arly, pour son aimable autorisation et à M. Olivier Perrin, directeur des services techniques, pour l’accueil et pour la confiance qu’il nous a témoignée. Enfin, je ne peux pas oublier mon ami Guilhem Lavignotte, organiste titulaire d’Yverdon-les-Bains, pour son étroite collaboration, fort utile!

Sources :
Office du Tourisme de Praz-sur-Arly
Relevé personnel
Fonds privés.

Voir aussi :
Mairie de Praz-sur-Arly
Praz sur Wikipédia
Eglise de Praz-sur-Arly
Paroisse Sainte-Anne de Megève
Megève
« Les Vallier de Plampinet, fondeur de cloches » Jean Vallier, chez Fournel, 2009

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