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C’est sur les contreforts de la Tête du Colleney et de la Pointe du Platé qu’est installée la ville de Passy. Avec ses onze milles résidents, c’est la onzième commune de Haute-Savoie sur le plan démographique. Cette commune est en revanche la plus grande sur le plan territorial. Son nombre élevé d’habitants est dû à la grande quantité de hameaux, du Plateau d’Asssy jusqu’aux Plagnes et de Bay jusqu’à Monfort. C’est sur son territoire que sont installées les usines de Chedde et le viaduc des Egrats qui permet de rejoindre la Vallée Blanche. Même si la ville est réputée pour sa pollution élevée, en raison des industries et des passages incessants de camions en route vers l’Italie, Passy offre par beau temps une vue somptueuse sur le Mont-Blanc et toute sa chaîne. Elle partage avec le village de Sixt-Fer-à-Cheval une réserve naturelle qui représente pas moins de 9’200 hectares. L’histoire de Passy ne date pas d’hier. Les Romains semblent s’y être installés au Ier siècle puisque ce lieu possède une exposition remarquable. Cette commune fera partie intégrante de la province du Faucigny au moyen-âge. Son développement prendra un véritable tournant au XIXe siècle avec l’arrivée de l’industrie à Chedde et le tourisme médical au Plateau d’Assy. La commune ne manquera pas de favoriser le tourisme avec la petite station de ski à Plaine-Joux.
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L’église dédiée à Saint Pierre et Saint Paul est véritablement l’église historique de Passy. Installé près de la mairie, son clocher perdure de génération en génération. Lorsqu’on pénètre dans l’église par son porche, on peut contempler des pierres gravées. Retrouvées à Chedde, en contrebas, elles attestent de la présence d’un temple romain dédié à Mars. Si les origines du culte catholique à Passy demeurent vagues, on sait qu’un sanctuaire roman est cité dans un acte de donation en 1012. Remanié au XIIe siècle, il sera reconstruit en 1486. Entre 1680 et 1781, un grand nombre d’églises médiévales en ruines sont démolies puis rebâties dans la vallée. Le chœur est le seul vestige du Moyen-Âge. Ces reconstructions laissent donc place à l’architecture baroque insufflée par Saint François de Sales lui-même, alors évêque d’Annecy-Genève. Cette nouvelle église est consacrée en 1701. A l’intérieur, le baroque n’est pas omniprésent, car il cohabite avec l’architecture néoclassique sarde, témoin d’une restauration au XIXe siècle. Le retable possède une toile polychrome mettant en avant les deux patrons de la paroisse, les apôtres Pierre et Paul. L’éditice est restauré début 2016. Le clocher, quant à lui, a bénéficié d’une cure de jouvence en 1869 pour prendre l’aspect que nous connaissons aujourd’hui. Enfin, sur la face sud, une élégant cadran solaire est dirigé vers la vallée de l’Arve.
Ce clocher relativement discret semble bien antérieur à la dernière restauration du XIXe siècle. Ses assises seraient contemporaines à l’église citée en 1012. Il semblerait que seule cette restauration ait modifié son aspect inchangé depuis sa première construction, ce qui expliquerait pourquoi la tour en hors d’oeuvre empiète sur la superficie du sanctuaire, le privant d’une imposante tribune qui aurait pu allègrement loger un orgue à tuyaux. L’accès se fait donc par cette tribune. Deux étages servent d’intermédiaires avant d’entrer véritablement dans la chambre des cloches. Au deuxième niveau, un accès aux combles de l’église est possible. L’horloge, réalisée par des fabricants de Morez, dans le Jura, est toujours là. Elle semble défier les décennies depuis son arrêt définitif en 1930. C’était elle qui actionnait les marteaux des tintements, faisant résonner les deux petites cloches tous les quarts d’heure, et la plus grande aux heures pleines. Ces marteaux sont toujours présents. Ils font hélas doublon avec les masses électriques qui ont pris le relais chaque demi-heure et qui font joyeusement carillonner les cloches aux baptêmes et mariages.
En 1793, toutes les cloches durent quitter leur perchoir pour rejoindre le plancher des vaches avant d’êtres cassées et refondues en pièces et en canons. Les différentes archives de cette période – qui sera en fait un génocide campanaire – nous apprennent que le clocher logeait 4 cloches. La commune a pu garder la plus grande pour le toscin. Les cloches descendues pesaient respectivement 20, 5 et 4 quintaux et demi. Une cinquième cloche, cassée, déposée dans le chœur, fut elle aussi la proie des Révolutionnaires. En 1820, les fondeurs Vallier & Gautier -maintes fois présentés ici- livrèrent deux cloches. La plus grande dédiée aux patrons de la paroisse, Saints Pierre et Paul, et une plus petite en l’honneur de Saint François de Sales. La restauration du clocher permit l’ajout d’une troisième cloche, plus grande, bénie le 5 août 1877. M. Jacques Pin et son épouse Célestine, qui se sont cotisés pour elle, ont eu l’honneur de parrainer cette cloche, véritable chef-d’oeuvre des frères Paccard tant sur l’esthétique que sur la qualité sonore. Si autrefois ces dames d’airain donnaient du fil à retordre aux vaillants sonneurs, aujourd’hui une simple pression sur les quelques boutons d’un automate en sacristie permet de lancer les trois cloches aux sépultures: les deux petites aux offices et la plus grande cloche pour commémorer les Armistices ou lors des deuils nationaux.
Nº | Nom | Fondeur(s) | Date | Masse (ks) | Diamètre (cm) | Note |
1 | Marie Angéline Céléstine | Frères Paccard | 1877 | 1’500 | 134,5 | Ré 3 |
2 | Sts Pierre & Paul | Vallier & Gautier | 1820 | 1’070 | 122,5 | Mi 3 |
3 | St François de Sales | Vallier & Gautier | 1820 | 773 | 109 | Fa ♯ 3 |

La montée de la grosse cloche, le 5 août 1877.

Un grand à la Municipalité et aux services de la mairie de Passy pour l’autorisation sous le mandat de M. Patrick Kollibay, maire. Des remerciements chaleureux au Père Blanc, curé de la paroisse pour son autorisation et à M. Rigoli, sacristain pour sa disponibilité. Je remercie également l’association « Culture, Histoire et Patrimoine de Passy » sous le mandat de son président M. Pierre Dupraz, pour la mise à disposition d’images d’archives et d’anecdotes historique. Par ces quelques mots, je salue le travail de cette association qui met en valeur le riche patrimoine de cette commune savoyarde.
Sources :
Mairie de Passy
Fonds Privé
Inventaire personnel
Culture, Histoire et Patrimoine de Passy :
– Les cloches de Passy
– L’église Saint Pierre & Saint Paul de Passy
Voir aussi :
Passy sur Wikipédia
Eglise Saints-Pierre et Paul de Passy sur Petit-Patrimoine
Paroisse Saint François d’Assise