Sixt-Fer-À-Cheval – Abbatiale Sainte Marie-Madeleine

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Le Bout du Monde.

C’est au fond de la vallée du Giffre qu’est installé le petit village de Sixt-Fer-à-Cheval. Classée parmi les « Plus Beaux Villages de France », cette commune de huit cents âmes jouit d’un patrimoine naturel considérable ! On peut citer le cirque classé du Fer à Cheval, dominé par le Tenneverge et le Mont Ruan, deux sommets tutoyant tous deux les 3’000 mètres d’altitude. De leur parois émanent des centaines de cascades et ruisseaux. Seuls nos pieds peuvent nous emmener contempler le « Bout du Monde ». Le bon natif de la vallée du Giffre n’oublierait pour rien au monde d’évoquer la fameuse cascade du Rouget, surnommée la Reine des Alpes, et le Mont Buet, toit du village avec ses 3’099 mètres.

P1010577L’Abbaye, fraîchement rénovée.

L’amateur d’histoire, quant à lui, cite volontiers l’Abbaye. Le Bienheureux Ponce de Faucigny demande à ses frères, respectivement baron de la province du Faucigny et évêque de Genève, des terres pour y installer un monastère. Ceux-ci lui confient donc le fond de la vallée du Giffre, et le monastère y est installé en 1135. En 1144, ce dernier devient abbaye dépendante de Saint-Maurice d’Agaune, alors située au hameau actuel de « la Chapelle ». Mais cet emplacement est vite abandonné au profit de celui que nous connaissons. L’actuelle abbaye est probablement bâtie dans la seconde moitié du XIIe siècle. En 1680, un important incendie a raison d’une grande partie de l’ensemble abbatial. En 1765, la visite de Mgr Biord nous informe que l’Abbaye n’est que partiellement reconstruite, mais correcte. La Révolution Française, arrivée en Savoie en 1792 sonne le glas de de la période abbatiale. Les chanoines sont chassés, l’abbaye est vendue à deux sizerets. Les bâtiments sont alors réinvestis pour accueillir une auberge, puis un grand hôtel après l’agrandissement de 1925. Cet hôtel fermera ses portes en 1993. Rachetée par le département, l’abbaye vient de bénéficier d’une cure de jouvence avant d’être ouverte au public.

P1060154L’abbatiale Sainte Marie-Madeleine.

P1060158Blottie contre la montagne, l’abbatiale Sainte Marie-Madeleine ne livre ses secrets qu’aux plus curieux. Pour pouvoir la contempler, il faut soit quitter les grandes routes ou alors revenir du « Bout du Monde ». Si aujourd’hui l’église possède un seul vocable, elle fut, jusqu’à la Révolution, scindée en deux. Le chœur et le transept actuel appartenaient à l’église abbatiale dédiée à l’Annonciation, et le reste de la nef représentait l’église paroissiale déjà dédiée à Sainte Marie-Madeleine. Un jubé séparait jadis ces deux parties. L’église abbatiale a été bâtie au XIIe siècle. L’église paroissiale, quant à elle, date du XIIIe siècle. A l’origine romanes, ces deux églises ont été la proie des flammes en 1680. Sept ans plus tard, les chanoines pansent comme ils peuvent ces douloureuses blessures. C’est probablement de cette époque que date la voûte gothique. Après la Révolution Française, l’église, mise à mal, est profondément remaniée. Le jubé disparaît. Deux chapelles viendront créer un transept : la première, dédiée à Saint Ponce, sous le clocher, à l’emplacement du passage reliant l’église aux bâtiments conventuels ; l’autre, bâtie en 1836, est dédiée à Sainte Marie. En 1838, la nef de l’église paroissiale est agrandie dans un style néoclassique. Depuis cet agrandissement, peu de choses ont évolué. En 1912, les stalles sont classées. A leurs côtés trône depuis un retable néo-gothique succédant à un retable baroque. L’édifice arbore donc fièrement un style éclectique constitué d’un chœur roman, d’une voûte gothique, d’un nef partiellement néoclassique et d’un mobilier partiellement néo-gothique. De l’époque baroque ne subsiste que le bulbe du clocher refait après la Révolution.

P1060161L’intérieur de l’église-abbatiale.

Le clocher -parlons en- a été bâti dans les années 1820. Il abrite aujourd’hui quatre cloches fondues en XIXe siècle. La doyenne, cloche de la Confrérie du Très Saint Sacrement, porte la date du 8 décembre 1828 et le nom de Claude Paccard. Cette cloche, chargée de sonner les angélus quotidiens, est accompagnée de trois sœurs fondues en 1872 aux célèbres ateliers d’Annecy-le-Vieux. Elles unissent leurs voix pour annoncer les décès et lors des sépultures. La plus grande cloche, volontiers surnommée « bourdon », annonce les offices et salue baptisés et mariés.

Nom Fondeurs Année Diamètre (cm) Masse (kg) Note
1 Magdeleine Frères Paccard 1872 133,5 1500

Ré 3

2

Ponce Marie Frères Paccard 1872 90,1 420 La 3
3 Sophie Claude Paccard 1828 73,1 250

Do ♯ 4

4 Marie Frères Paccard 1872 52,9 95

Fa ♯ 4

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Détail de « Ponce-Marie », cloche numéro 2.
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Mes sincères remerciements à M. Stéphane Bouvet, maire de la commune, pour son aimable autorisation et sa disponibilité, ainsi qu’à MM. Dominique Barbier et Marc Deffayet, sacristains, pour leur accueil. Remercié soit également le personnel de la mairie pour le bon déroulement des deux rendez-vous à un an d’intervalle, presque jour pour jour ! Je ne manquerai pas non plus de citer Suzanne Ducroz, guide du patrimoine, pour ses anecdotes historiques, de même que mes valeureux amis campanaires Mike « Quasimodo » et Matthias Walter, expert-campanologue à Berne et président de la GCCS, pour leur aide indispensable à la publication de cette sonnerie qui me tient tout particulièrement à cœur.

Sources :
Panneaux sur site.
Fonds privés.
Relevé personnel.

Voir aussi :
Office du Tourisme de Sixt-Fer-à-Cheval
Sixt sur Wikipédia
Abbaye de Sixt sur Wikipédia
Cirque du Fer-à-Cheval sur Wikipédia
Le Bout du Monde sur Wikipédia
Cascade du Rouget sur Wikipédia

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