Au sud de Thonon-les-Bains et adossé contre les pentes de la montagne des Hermones, le village du Lyaud figure parmi les plus récentes communes des Pays de Savoie : ce n’est qu’en 1867 qu’elle devient autonome, car jusque là liée à celle d’Armoy à deux kilomètres. Ce qui fut jadis une seule paroisse à l’histoire commune s’étend sur 14 kilomètres carrés en rive gauche de la Dranse, principale rivière du Chablais qui rejoindra, quelque kilomètres en aval, le plus grand lac d’Europe. La paroisse d’Armoy, dédiée à saint Pierre, semble remonter au moins au XIème siècle avec divers éléments de l’église actuelle. Elle a créée deux fondations dans son histoire : la chapelle du Lyaud, dédiée à saint Nicolas puis la chapelle de Trossy, dédiée à saint Symphorien.
En ce qui concerne l’église du Lyaud, il est difficile de dater avec certitude ses origines primitives car elle a été totalement construite entre 1859 et 1861 dans le style néoclassique sarde. Ou plutôt reconstruite car elle remplace une ancienne chapelle déjà attestée depuis plusieurs siècles. Le seul élément qui subsiste de ce lieu est la porte extérieure du clocher dans le style gothique, elle-même surmontée d’une croix de Savoie. L’édifice religieux est construit sur le plan basilical avec un chœur profond et une absence de tribune. Fait rare, l’église possède un orgue à tuyaux qui trône derrière l’autel, accompagnant les célébrations. La sacristie s’élève à la gauche du chœur tandis que le clocher, rectangulaire, forme la symétrie en étant à droite. Les autels latéraux sont dédiés à la Vierge et à saint Joseph.
Heureusement pour nous, l’historique campanaire est plus imposant que celui des édifices religieux du Lyaud. Le 14 juin 1624, une convention est passée entre Aymé Rollin, fondeur de Genève et les « communiers du Lyau » pour la fourniture d’une nouvelle cloche devant le notaire Blondel. Aucune nouvelle de cette cloche n’est donnée par la suite. En 1801, au lendemain de la Révolution, la cloche de la chapelle est cassée (peut-être une autre?) et il faut alors la refondre. L’opération est confiée à Jean-Baptiste Pitton, fondeur de Carouge. Cette cloche d’environ 450 livres a été bénie le 21 février 1802 et placée sous le patronage de saint Nicolas. Le parrain en était Thomas Dubouloz, maire de Thonon et la marraine Anne Charmot, née Dubouloz. Cette cloche aux accents baroques a malheureusement avec le temps perdu quelques kilos de bronze et sa qualité sonore en a sérieusement pâti. En 1868, on adjoint à cette petite cloche deux cloches plus imposantes. Le travail est confié aux frères Beauquis de Quintal. Ces deux cloches ont été généreusement financées grâce à des souscriptions. Elles indiquent sur leur robe les dons, en plus des parrains et marraines : plus de 600 francs pour chacune d’elles ! Seulement, cinq ans plus tard, les archives indiquent un courrier troublant. Le conseil de fabrique du Lyaud demande au préfet de poursuivre les personnes qui ont promis des dons… sans les honorer ! Un second courrier, émanant cette fois du préfet, demande à l’évêque l’accord de lancer les démarches ! En 1951, la fonderie Paccard est mandatée par la paroisse du Lyaud pour électrifier la sonnerie et refondre la cloche de 1802, afin de donner un meilleur accord à l’ensemble. Finalement, le projet sera revu à la hausse : la cloche Marie-Josèphe fut ajoutée et la cloche de 1802 conservée, uniquement en volée manuelle. Il y a encore quelques années, elle était actionnée manuellement à l’approche d’un orage dans le but de l’éloigner. Elle se trouve aujourd’hui sans usage concret. Elle a été déplacée en 1951 à la base du beffroi, permettant à la nouvelle cloche de prendre sa place, en face de la seconde cloche. La plus grosse, uniquement actionnée pour les sépultures avec ses sœurs, occupe à elle seule une travée complète du beffroi.
N° |
Nom |
Fondeur |
Année |
Diamètre (cm) |
Masse (kg) |
Note |
1 |
|
Beauquis frères |
1868 |
123,8 |
~1’180 |
Mi 3 |
2 |
|
Beauquis frères |
1868 |
98,9 |
~580 |
Sol♯3 |
3 |
Marie Josèphe |
Paccard |
1951 |
80,5 |
~325 |
Si 3 |
4 |
St Nicolas |
Jean-Baptiste Pitton |
1802 |
73,2 |
~220 |
Do 4 |
Remerciements :
La commune du Lyaud, M. Joseph Déage, maire et M. Hubert Dubouloz, premier maire-adjoint.
La paroisse du Lyaud et M. André Cornier, sacristain.
Mon ami Claude-Michaël Mevs, dit « Quasimodo », pour l’aide apportée.
Sources & Liens :
Mairie du Lyaud
Archives paroissiales du Lyaud – Echanges entre le curé et la fonderie Paccard (1951)
Archives diocésaines d’Annecy – Courier du Préfet à Monseigneur l’évêque d’Annecy
Mémoires et Documents publiés par l’Académie Chablaisienne, Tome XXIV, 1910.
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