Fillière – Eglise Saint-Maurice (Aviernoz)

A l’ouest du massif des Bornes, le village d’Aviernoz et ses 900 habitants ont rejoint en 2017 la commune de Fillière. Elle doit son nom à la rivière qui traverse ce grand plateau, trait d’union entre les lac d’Annecy et Léman.  Aviernoz s’organise dans un autre vallon creusé par un autre torrent, celui du nant de l’Aulp. Il est coincé entre la montagne du Parmelan (1856 mètres) et les Ollières, une des cinq communes de la nouvelle entité administrative. Avec cette dernière, Aviernoz a réalisé un véritable cheminement historique qui remonte a une période incertaine. Au XVème siècle, l’église se trouve près du ruisseau de Faty, au centre des territoires des deux communes qui se la partageaient. L’église était décrite comme simple et souvent en mauvais état lors des visites pastorales. En 1443, la direction spirituelle de la paroisse est déplacée aux Ollières : voilà qu’Aviernoz devient à son tour dépendante. C’est en 1682 qu’elle retrouve son autonomie avec la scission des deux communautés car entre temps, les Ollières à construit son propre sanctuaire également dédié à saint Maurice.  Mais cette première église d’Aviernoz que nous connaissons est entourée de mystères : des fouilles ont été organisées et aucun indice ne subsiste. Le cadastre de 1730 ne mentionne aucune construction également. On raconte que l’éloignement des églises avait posé de nombreux débats qui se sont parfois terminés en bagarres générales si bien qu’une forêt d’Aviernoz a été baptisée « le bois de la bataille « ! 

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En 1732, une mappe donne l’emplacement d’une église assez modeste au lieu-dit du « Crêt des Pierres ». Quand a-t-elle été construite ? Probablement après la séparation définitive de 1682. Elle se trouvait sur l’ancien cimetière encore matérialisé aujourd’hui par ses murs épais. L’historique de l’église avant la Révolution est méconnu. Mais des récits du curé Berlioz installé en 1785 nous racontent qu’à la Révolution le clocher a été décapité, les statues ont été brûlées et les citoyens montaient en chaire pour publier les différentes déclarations des Révolutionnaires ! La paroisse aura du mal a relever son édifice religieux après cette période tourmentée : l’évêque demande d’engager d’importants travaux à la cure, à l’église et au cimetière. La dernière réfection importante sera faite en 1829. Le 17 avril 1835, un Vendredi Saint, l’église subit un violent incendie. Le curé Domenjoud, nommé après cet incident, a enquêté et raconte qu’à l’issue de la célébration du matin, la lampe resta allumée près du reposoir vénéré ce jour là. Le grand vent qui régnait sur Aviernoz agita les rideaux qui ont été en contact avec la lampe. Devant l’impuissance de tous, l’église a été réduite en cendres. Aviernoz restera cinq ans sans sanctuaire car encore en 1838, aucune entreprise n’avait manifesté son intérêt pour le chantier en raison de l’accès difficile. Un nouveau débat s’ouvre alors : faut-il relocaliser l’église ? Finalement, elle ne sera déplacée que de quelques mètres et les travaux se dérouleront de 1840 à 1841. Les grandes sécheresses permettent aujourd’hui de dessiner le plan du sanctuaire et une croix marque, pour la postérité, l’emplacement de son chœur. Cette église n’a en fait servi qu’un demi siècle. On s’était très vite rendu compte qu’elle a été mal construite car des réparations sont à faire régulièrement. Finalement, en 1890, le conseil municipal étudie sa destruction au profit d’un nouvel édifice. Si le projet est très vite bouclé, ce n’est qu’en 1896 qu’il sera lancé et avec difficultés : l’évêque n’a pas été consulté pour son déplacement vers un autre hameau et se range derrière l’avis des paroissiens en y donnant un avis défavorable. Mais qu’importe, à partir de mai l’église est démolie sur ordre de la commune alors qu’elle est propriété de la paroisse ! Le nouvel édifice sera construit à 500 mètres de là, à côté de la mairie : c’est celui que nous connaissons aujourd’hui. Il sera achevé l’année suivante et donnera naissance à de nouveaux conflits entre les institutions civiles et religieuses. L’évêque devait la consacrer en 1901 mais la veille de la cérémonie il reçoit une lettre : le voilà interdit de pénétrer dans la commune ! C’est finalement son successeur qui le fera en 1932. Le sanctuaire a été construit dans un style néogothique et a été restauré en 1982. Elle se compose d’une nef unique et d’un transept qui accueille deux chapelles latérales. De part et d’autres du chœur, la sacristie et le clocher.

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Le clocher est doté d’une discrète horloge battant heures et demi-heures sur les deux cloches actuelles. L’histoire campanaire est malheureusement inconnue jusqu’à l’incendie de l’église en 1835. On sait simplement que la ou les cloches ont été la proie des flammes : leur bronze gisait au sol. Ce n’est qu’à partir de 1840 qu’on se préoccupe d’en commander une nouvelle. Pour ce faire on confie d’abord le métal restant à Claude Paccard, fondeur à Quintal. Après maintes discussion sur son poids, il réalisera une cloche de 952 kilos livrée le 25 août 1842. Cependant, la municipalité a complètement oublié de commander un beffroi pour la supporter ! Et les négligences ne s’arrêtent pas là : en 1850, le curé rappelle aux élus que le fondeur attend toujours son règlement. En 1877, au cours d’une mission, le curé de l’époque ouvre une souscription volontaire auprès des habitants pour commander une seconde cloche. Elle sera réalisée en 1878 par les frères Beauquis de Quintal. Il est inscrit sur celle-ci la mention suivante « sans impôt ». Elle ne restera pas longtemps dans le clocher de l’ancienne église car le 1er mai 1896, le maire ordonne la descente des deux cloches et compte bien faire appliquer sa décision aidé de deux gendarmes. Le trésorier de la paroisse s’y opposera « par la force ». Il finira menotté et emmené loin de l’église par la maréchaussée. La grosse cloche se retrouve fragilisée par ce déménagement. Au gré des sonneries dans son nouveau perchoir, elle se fêle et offre un son de plus en plus désagréable. Narcisse Métral-Bindoz, le sonneur, prit la peine de se rendre dans chaque foyer en leur priant de contribuer à la fonte d’une nouvelle cloche. Le succès fut double pour cet homme : on commande en 1956 à la fonderie Paccard une grosse cloche de 1500 kilos nommée « Marie Michel » et Narcisse en fut le parrain. Mais cette cloche a aussi sonné l’heure de sa retraite : on en profite pour doter le clocher de la fée électricité. Le texte de la grosse cloche le mentionne. Il indique également le nom du maire Marcel Ancrenaz, de son adjoint et des conseillers. On trouve aussi le nom de l’évêque Mgr Cesbron et du curé l’abbé Gerfaux. La cloche porte également la maxime certes classique mais ô combien significative « qu’elle pleure ou qu’elle chante, ma voix toujours prie ».

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

Marie Michel

Paccard

1956

134

1500

Ré 3

2

Beauquis frères

1878

106.4

700

Sol 3

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Mes remerciements :
La commune nouvelle de Fillière et plus particulièrement Mme Catherine Mercier-Guyon, maire-adjointe.
La commune déléguée d’Aviernoz et plus particulièrement M. Yves Rubin-Delanchy, conseiller.
M. Bernard Convers, président de la Société d’Hisoire du Pays de Fillière, pour les informations historiques.

Sources & Liens :
Commune de Fillière
Bernard Convers, président de la Société d’Histoire du Pays de Fillière
Délibérations communales – Archives départementales de la Haute-Savoie
Clichés personnels (exception : vue aérienne des fondations de l’ancienne église – Bernard Convers)
Fonds privés
Relevé personnel

Un avis sur “Fillière – Eglise Saint-Maurice (Aviernoz)

  1. Toujours autant d’émotions, à chaque vidéo, depuis l’île des Canaries où je vis. Merci, et Arvi pa !

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