Châtel – Carillons et Chapelles

Le village de Châtel est installé au fond de la vallée d’Abondance. C’est sur son territoire que va naître l’une des trois Dranses du Chablais savoyard. Si la paroisse naît au XVIIème siècle d’une simple chapelle fondée plusieurs siècles auparavant, d’autres édifices et monuments religieux ont aussi été édifiés, signe de la piété des habitants de la commune, ou encore, tout récemment, de nouveaux instruments campanaires. Dans cette vidéo, je vous propose une promenade pour les découvrir :

Mais avant cela, voici l’église Saint-Laurent, au centre du village. Elle est non seulement l’église mère de la commune mais aussi son premier carillon. D’une simple cloche fondue en 1634, le clocher en abritait trois après la Révolution. En 1922, la sonnerie s’étoffe grâce à l’ajout de nouvelles cloches dont la plus grosse de la vallée : Sainte Jeanne d’Arc, 1’544 kilos. Un clavier a aussi été installé dans la tour. Enfin, en 2002, de nouvelles cloches sont installées, portant sa tessiture à 13 cloches, soit un peu plus d’une octave. La suite est à lire sur l’article dédié.

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Face a l’église, une sculpture musicale prend place, dirigée vers la vallée. Séparée en deux parties qui veulent se rejoindre à l’image de la fresque sur la Création de la Chapelle Sixtine, elle symbolise l’amitié franco-suisse unissant Châtel et Morgins séparées par une frontière. Voilà que le nom de la sculpture est tout trouvé : « Frontière« . Initialement prévu au hameau de Vonnes, dont on présentera plus loin la chapelle, le lieu retenu est finalement la grande place de l’église. Afin de ne pas créer de doublons, la programmation a été « harmonisée » avec l’église : les deux carillons joueront à des heures différentes leur propre répertoire : religieux à l’église et profane sur « Frontière ».
Né en 2017 sur l’impulsion du maire Nicolas Rubin, le projet voulait honorer les 70 ans de la station. La silhouette a été imaginée par Jean-Marc Bonnard, habitué des réalisations « Ars Sonora ». Une souscription est ouverte et permet de rassembler près de 125’000€ grâce à 155 donateurs. La région a aussi apporté son soutien avec une enveloppe de 15’000€. La commune a pris en charge le reste, à hauteur de 261’000€. Les 28 et 29 septembre 2018, les premières cloches sont coulées à Châtel même par la fonderie Paccard, offrant un lot d’animations avec pour thématique centrale l’art campanaire. Le 4 août 2019, durant la fête patronale, le carillon est béni par Mgr Jean-Paul Gobel, nonce apostolique émérite et prêtre du diocèse d’Annecy. La célébration est suivie par une cérémonie civile, en présence de nombreux élus et du préfet du département.
Le carillon de compose de 26 cloches. La plus grosse, un do5, pèse 65 kilos et la plus petite, un ré7, en pèse 12. Il couvre deux octaves plus une note pour un poids total de 730 kilos de bronze. La structure à elle seule avoisine les six tonnes !

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Au fond de la vallée, en plein cœur de la montagne à 1’600 mètres d’altitude, le hameau de Plaine-Dranse vit hiver comme été. Tantôt au son des skis glissant sur la neige, tantôt grâce au bruit plus sec des dérapages parfois acrobatiques des vététistes. C’est grâce au curé de Châtel, l’Abbé Milloux, que la chapelle Notre-Dame-des-Neiges voit le jour entre 1959 et 1960. Elle remplace un oratoire. C’est Claude Séchaud qui en dessinera les plans ainsi que les vitraux avec pour thème le Rosaire. Cette chapelle permet donc aux skieurs une pause spirituelle tout en étant un phare pour les paysans l’été ainsi que pour les randonneurs.
Adossée à son rocher, la chapelle ne possédait pas de cloche. A l’occasion du Théléton 2003 et dans l’élan de l’agrandissement du carillon de l’église, voici que la chapelle se dote de son propre instrument qui comporte 12 cloches pour les 12 communes de la station des « Portes du Soleil », aussi bien en France qu’en Suisse. Le rocher, fièrement dressé, servira donc de clocher. Les cloches sont accrochées sur un support métallique discret. C’est le maire de la Chapelle-d’Abondance, Bernard Maxit, qui dessinera les plans de la structure qui sera alors nommée « Edelweiss« , en hommage à l’emblématique fleur de montagne. L’instrument est formé de 12 cloches réalisées par la fonderie Paccard. La plus grosse, un do5, pèse 65 kilos et la plus petite, un mi6, en pèse 20.

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Plus en aval de la Dranse, une autre chapelle se trouve près d’un énorme rocher : la chapelle Saint-François-de-Sales-et-Sainte-Jeanne-de-Chantal de Très-les-Pierres. Bâtie en 1784, elle commémore un éboulement qui a épargné le hameau. Elle est vouée à deux saints bien connus dans nos vallées : le premier fut évêque de Genève-Annecy entre 1602 et 1622. La seconde fut, avec lui, fondatrice de l’Ordre de la Visitation. La chapelle affiche un style très sobre et a bénéficié d’une restauration avec soin il y a quelques années. On y trouve notamment des représentations de ses saints patrons.
La cloche est très mystérieuse : elle affiche la date de 1759 : elle est donc antérieure à la fondation de la chapelle ! Ses inscriptions sont très lacunaires et donnent cependant quelques informations supplémentaires : « D E O . V O X . C L A M A N T I S . P P O R. DO. DO. P E T. F A V R E . 1 7 5 9 ». On comprend donc que « sa voix crie » dans le désert, à l’image d’une prophétie d’Esaïe : on peut penser que c’était une cloche qui appelait. La seconde ligne fait référence d’un certain « Prévôt et Père Pierre Favre ». De nombreuses hypothèses peuvent naître puisque la cloche est antérieure à la chapelle. Parmi elles, on peut se demander comment elle est arrivé ici et quelle était sa destination initiale ? Le seul indice est le nom du prêtre et son titre de prévôt, signifiant qu’il était à la tête d’une communauté canoniale collégiale ou cathédrale. Un travail de recherche permettra d’en savoir plus sur lui, mais il sera certainement difficile de retracer l’histoire complète de la cloche.

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Enfin, au sommet du village, près du Pas de Morgins et donc de la frontière, le hameau de Vonnes est installé autour de son lac et de sa chapelle Notre-Dame-des-Neiges-Saint-Bernard-et-Saint-Martin. Elle a été fondée en 1630 par les prêtres de la Chapelle-d’Abondance et jouissait d’une réputation réparatrice contre le rachitisme chez les enfants. En 1886, on ajoute à la chapelle un vestibule et un clocher qui sera lui-même dotée d’une cloche, malheureusement inaccessible. Son caractère très cristallin et limpide ressemble en tout point à des cloches contemporaines de la fonderie Paccard. Sonnant le do dièse 4, elle pèserait environ 250 kilos. On connaît cependant ces parrain et marraine : André Grillet et Anne Crépy. Aucune archive ne témoigne de la fonte de cette cloche…

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Mes remerciements à :
M. Nicolas Rubin, maire de Châtel, pour son aimable invitation.
Mme Morgane Hay, responsable du service culture et patrimoine de la mairie.
Me Pascal Krafft, campanologue à Ferrette (68) pour son aide précieuse sur la cloche de Très-les-Pierres.
Mon ami Claude-Michaël Mevs dit « Quasimodo« , pour son amitié et son aide précieuse.

Sources & Liens :
Concours « Châtel Ville Sonnante » 2020
Archives municipales – Service culture et patrimoine
Inventaire personnel
Clichés personnels – Sauf mentionné
Châtel
Mairie de Châtel

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