Verrens-Arvey – Eglise Saint-Laurent

A quelques kilomètres de l’Abbaye de Tamié et de la cité olympique d’Albertville, lieux emblématiques de la Savoie, se trouve le village de Verrens-Arvey. Il est situé sur les hauteurs de la Combe de Savoie, vallée creusée par la rivière Isère. Au nord du territoire de la commune naît la rivière Chéran qui alimente une partie des Bauges et le sud de la Haute-Savoie avant de rejoindre, plus loin, le Rhône. A ce même endroit se trouve une infime partie de la réserve nationale de chasse des Bauges. Sur un autre versant du Parc du Mouton, montagne culminant à 1859 mètres, naissent d’autres rivières au débit plus restreint qui traverseront la commune avant de rejoindre l’Isère. Verrens-Arvey se compose de nombreux hameaux blottis entre les actuelles communes de Cléry et de Plancherine.

L’église, placée sous le patronage de saint Laurent, diacre et martyr, se situe côté Verrens. Il est permis de supposer qu’au VIIème siècle, une chapelle se trouvait au centre du domaine qui appartenait jadis à un « Verrinus ». Il semble aussi que ce lieu de culte ait été remanié au fil du temps. D’abord desservi par un prêtre séculier, le sanctuaire a été sous la responsabilité des moines établis à Cléry entre 1171 et 1264. Au XIVème siècle, une statue de la Vierge intègre le bâtiment. Au XVIIème siècle, l’archevêque de Tarentaise visite l’église et indique plusieurs réparations à faire. Celles-ci ne seront appliquées qu’en 1719 : en témoigne une inscription dans une pierre du clocher, à 12 mètres de haut. C’est grâce au curé de l’époque, plein de zèle, qui a permis de doubler l’église en largeur en lui donnant trois nefs, un chœur digne et quatre chapelles latérales. Le clocher est surélevé depuis cette inscription alors que sa base daterait du XIIIème siècle. Malmenée à la Révolution Française, ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que l’église retrouve de sa superbe. Si les archevêques de Chambéry l’ont répété durant tout le siècle, il aura fallu 40 ans aux curés de Verrens pour convaincre les paroissiens : le curé Béranger lança l’idée en 1858, à son arrivée. En 1878, l’abbé Bergeret, son successeur, relance le projet. Les quelques deniers amassés seront d’abord consacrés au clocher et au mur du cimetière. Pour continuer son œuvre, il a essayé de réquisitionner l’Etat. Problème : il était connu pour son opposition à la IIIème République : il avait fait flotter au clocher le « drap des morts » en opposition au drapeau français ! C’est finalement les moines de la Grande Chartreuse qui accepteront de financer les réparations de l’église de Verrens : les travaux ne commenceront qu’en 1896. Une plaque dans l’église rappelle les travaux avec la date de 1898. Les autels actuels, eux, datent de 1899 et ont été offerts par des pieux paroissiens.

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Il y a la cloche des heures, celle de messes, celle des angélus et celle du tocsin : soit quatre cloches. Pour le glas, on mêle les sons des trois premières. La quatrième pourra les rejoindre lors de carillons festifs. En effet, lors de l’électrification en 1951, elle a gardé son bras de volée et sa corde, probablement pour reprendre du service dans de sinistres occasions à grands renforts d’huile de coude.
Si les quatre cloches actuelles ont été fondues entre 1797 et 1894, nous ne savons hélas très peu de choses sur la sonnerie d’avant la Révolution. Un récit sur la Terreur nous donne une image de la sonnerie : 3 cloches. La plus grosse pesait 18 quintaux et les deux petites ensemble 4 quintaux et demi. Ces deux dernières ont hélas été emportées par les Révolutionnaires. La plus grosse est d’abord restée au clocher avant d’être descendue à son tour. Déposée dans l’église, dont le mobilier a été vidé, les Révolutionnaires ont tenté de la casser. Elle ne sera finalement qu’ébréchée. Dans la nuit qui précède son départ à Chambéry, des villageois ont forcé la porte du sanctuaire meurtri pour la cacher : elle sera enterrée dans un champ en 1794. En 1797, Jean-Baptiste Pitton réalise la plus grosse cloche qui est encore en place. Elle semble être rejointe en 1804 par sa sœur, déterrée du champ qui la protégeait. En 1829, le clocher est reconstruit pour retrouver son apparence originale. Le beffroi sera également retravaillé. Il portait à l’époque trois cloches : sans doute celle de 1797, l’ancienne grosse cloche et une troisième, déjà cassée avant la Révolution. Pourquoi elle n’a pas fait partie du voyage ? En tout cas, cela signifie que la sonnerie de l’Ancien Régime se composait en fait de quatre cloches ! En 1835, les frères Claude et Jean-Pierre Paccard fondent les deux petites cloches, probablement pour remplacer la cloche fêlée avant la Révolution tout en redonnant au village une sonnerie à quatre voix. En 1894 enfin, une nouvelle cloche est fondue… ou plutôt refondue ! En effet, il est certain qu’elle remplace sa sœur miraculée de la Révolution Française. C’est d’ailleurs la seule cloche qui porte un nom : Joséphine Georgine, en hommage à ses donateurs. 

Nom

Fondeur

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

 

JB Pitton

1797

117.8

980

Fa 3

2

Joséphine Georgine

G&F Paccard

1894

101.2

600

Sol 3

3

 

C&JP Paccard

1835

92.9

475

La 3

4

 

C&JP Paccard

1835

82.4

350

Si 3

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Je remercie chaleureusement :
M. Christian Raucaz, maire de Verrens-Arvey, pour son aimable autorisation.
Mme Josette Fraix, en charge de l’église, pour l’ouverture du clocher.
M. Pierre Dubourgeat, conseiller municipal de Montailleur, qui a attiré mon attention sur cette église.
Mes amis Aurélien Surugues et Loris Rabier « Les Cloches Mauriennaises » pour leur aide précieuse. 

 

Sources & Liens :
Mairie de Verrens-Arvey
Eglise de Verrens – Arnaud Fraix, ancien Maire.
L’Église et la Paroisse avant la Révolution – Chanoine P. BURGAT

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Clichés personnels

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