Arâches-la-Frasse – Eglise de la Visitation-de-Marie (La Frasse)

Véritable balcon sur la Vallée de l’Arve, la commune d’Arâches-la-Frasse prospère depuis plus d’un demi-siècle grâce au célèbre domaine skiable du « Grand Massif » dont elle fait doublement partie intégrante avec le hameau des Carroz et une partie de Flaine ! Au 1er janvier 1973, Arâches absorbe la commune voisine de la Frasse alors que les stations se développaient en parallèle. Cependant, il faudra attendre l’an 2000 pour que les autorités ajoutent l’ancienne localité dans son nom pour devenir Arâches-la-Frasse. Mais s’il faut raconter l’histoire du lieu sur douze heures, le tourisme n’est arrivé qu’à midi moins cinq ! La commune a pendant très longtemps bénéficié de l’agriculture et de l’horlogerie ! Dès le XVIIIème siècle, le secteur était réputé pour ses jeunes talents qui n’ont pas hésité à déménager pour exercer leur art, par exemple à Genève, la Chaux-de-Fonds en Suisse ou encore à Vienne, en Autriche. Mais ils n’ont jamais oublié leur pays aujourd’hui plein de richesses grâce à leurs dons généreux.

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Il fut un temps où la population de la Frasse devait parcourir près de trois kilomètres pour se rendre à l’église de Saint-Sigismond pour les offices. Elle était sans doute loin de s’imaginer que dans les années 1770, un enfant du pays allait les aider à s’émanciper au point de devenir une entité propre en 1869 ! C’est en effet grâce à un don généreux de Claude-Joseph Poncet, émigré à Vienne (Autriche), que la Frasse peut bâtir son église et son école ! La paroisse est donc érigée en 1783 et une église va vite remplacer la petite chapelle jadis construite par les habitants. De celle-ci ne subsiste qu’un inventaire réalisé en 1779 par les autorités alors en pleines discussions d’une scission de la paroisse. L’église est achevée en 1787 mais la consécration n’eut lieu qu’en 1827. On peut supposer que la Révolution mit à mal une paroisse très jeune. Cette date est conservée à l’arrière, près du cadran solaire avec cette inscription « Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie à sa cousine Elisabeth ». L’église est, en effet, dédiée à la Visitation, tout comme l’ancienne chapelle. Une autre date, plus mystérieuse, se trouve au pied du clocher : 1844. Aujourd’hui encore, elle n’est pas correctement interprétée : s’agit-il de la construction du clocher ou -par exemple- de la réfection du porche ? A l’intérieur, le monument peut se targuer de posséder un orgue à tuyaux, fait assez rare dans la région où seules les grandes paroisses en possédaient un ! Construit par les frères Walpen en 1822, il a été démonté à la hâte en 1940, de peur qu’il soit saisi par l’Occupant. Restauré une première fois en 1958, il l’a été une seconde fois en 2011. Cette église à l’acoustique remarquable a malheureusement perdu son maître autel et sa chaire baroques. Il en subsiste cependant quelques éléments comme la croix ou encore les statues repeintes en tonalités ocres des saints François de Sales, Bernard de Menthon, Pierre et Jean-Baptiste.

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Les archives sont hélas lacunaires au sujet de la sonnerie de la Frasse. Il convient de rappeler que non seulement la paroisse est jeune mais que la commune ne s’est constituée qu’en 1869 en se séparant civilement de Saint-Sigismond. Un écrit attire cependant notre attention. Daté du 1er juillet 1779, le notaire Georges Pernal note que MM. Claude-Joseph Poncet et Aimé Reydet s’engagent à payer une cloche à leur frais pour leur paroisse. On retrouve le nom d’Aimé Reydet sur l’actuelle cloche médiane, fondue huit ans plus tard. Elle raconte, dans un latin fort approximatif que cet Aimé Reydet était un honnête homme issu de bons parents et qu’il est décédé le 3 mars 1787. La cloche ajoute que son fils nommé Jean-Baptiste a réalisé le mandat (donc l’acte notarié, certainement) cette même année. La cloche est signée Jean-Baptiste Pitton, maître fondeur à Carouge et dédiée à la Vierge et à saint Jean-Baptiste. Cette cloche, avec une autre installée la même année à Cernex, est la plus ancienne attestée de ce fondeur. En 1851, les frères Paccard de Quintal, héritiers du savoir faire de Pitton, complètent la sonnerie avec deux cloches : la première, d’environ 1’500 kilos, « envoie sa parole aux hommes pour qu’ils louent Dieu ». Elle cite également les bienfaiteurs de la sonnerie complétée : Sophie Poncet, installée à Chambéry, Philipe et Alexis Reydet, Nicolas Poncet et le curé de Viuz-Faverges, l’Abbé Reydet. A en lire la grosse cloche, les dons ont afflués sur l’initiative du curé de la paroisse, Barthélémy Poncet, de qui elle a pris le nom « Barthélémy Sophie » avec la bienfaitrice devenue chambérienne. La petite cloche, bien plus légère (environ 225 kilos) rend grâce au saint Sacrement. Elle a pris le nom de son parrain et de sa marraine « Philipine Sérapie ».

Nom Fondeur Année Diamètre (cm) Masse (kg) Note
1 Barthélémy Sophie Paccard frères 1851 133,8 ~1’500

Ré 3

2

Ste Vierge et St Jean-Baptiste Jean-Baptiste Pitton 1787 85,7 ~375 La 3
3 Philipine Sérapie Paccard frères 1851 72,5 ~225

Do 4

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La paroisse de la Frasse se réjouit de posséder probablement les deux plus anciennes cloches de la commune. Classées en 1943, il s’agit en premier lieu de la cloche de 1787 présentée ci-dessus et d’une petite cloche fondue en 1689. Lors de son classement, elle était située dans la sacristie de l’église et pourrait être la cloche de la chapelle présente avant l’église actuelle. Fêlée puis réparée de manière plus ou moins maladroite, la cloche porte comme seules inscriptions « IN TEMPESTATVM EFFICAX C. PO 1 6 8 9 ». Elle est de dimensions très modestes : elle mesure 32 centimètres de diamètre et sonne un ré de l’octave 5. Elle proviendrait probablement de l’ancienne chapelle remplacée aujourd’hui par l’église. Elle se trouve depuis quelques années à Arâches, dans une pièce qui abrite nombre d’éléments témoins du passé historique et religieux de la commune.

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Mes remerciements nourris à :
La municipalité d’Arâches-la-Frasse et plus particulièrement M. Jean-Paul Constant, maire.
Mme Nathalie Lacraz, responsable du Pôle Culturel des Carroz.
M. Joseph Reydet, sacristain, pour l’ouverture du clocher.
Mme Mélanie Maréchal, du service des archives historiques du Diocèse d’Annecy pour la fournitures de documents anciens.
Mon ami Claude-Michael Mevs dit « Quasimodo » pour l’aide technique sur place et sa fidélité amicale.
Mes amis Me Pascal Krafft, expert-campanologue adjoint de l’archidiocèse de Strasbourg et M. Paul-Elie Rose dit « Les Cloches Iséroises » pour les traductions et lectures de documents anciens.

Sources & liens :
Mairie d’Arâches-la-Frasse
Centre culturel des Carroz
Paroisse Saint-Bruno en Vallée d’Arve
Archives historiques du Diocèse d’Annecy
Panneaux sur site
Fonds privés
Relevés et clichés personnels

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