Bons en Chablais – Eglise Saints-Pierre-et-Paul (Bons)

Comment ne pas rater sa silhouette, si puissante et élancée à la fois ? L’église Saints-Pierre-et-Paul de Bons-en-Chablais est au coeur d’une bourgade de 5’000 habitants. En empruntant l’une des deux voies qui relie Annemasse à Evian-les-Bains, on ne peut la manquer ! Cette église est le témoin d’une paroisse jadis puissante.
Avant de revenir plus en détail sur ce clocher, permettez-moi de présenter Bons. Cette commune résulte de la fusion de 3 villages : Bons, Brens et Saint-Didier-en-Chablais, en 1966. Mais ses origines bien-sûr remontent à fort longtemps, bien plus longtemps que l’église actuelle.

On sait qu’en 516, les terres du Chablais sont données à l’Abbaye de Saint-Maurice en Valais, fondée un an plus tôt par saint Sigismond, roi des Burgondes. En 1039, l’Abbaye cédera les terres à un certain « Louis », en échange de terres vaudoises, de l’autre côté du lac. Les Bernois ont envahi le territoire en 1536 et y ont imposés le protestantisme. Ce n’est qu’à la fin du siècle que les protestants sont chassés, aussi bien par la force que par la foi, grâce entre autres à saint François de Sales, futur évêque de Genève. Si il a pu libérer le chablais du joug protestant, il n’est jamais parvenu à récupérer « sa » cathédrale de Genève. Il se contentera, comme ses prédécesseurs et ses successeurs, de porter le titre d’évêque de Genève, tout en résidant à Annecy.
La paroisse de Saint-Didier, a seulement quelques centaines de mètres de celle de Bons, sera rattachée plusieurs fois à cette dernière : en 1601, au début du XIXe siècle, et il y a quelques années. Aujourd’hui, sept clochers, dont les trois de Bons-en-Chablais, font partie de l’ensemble paroissial « Saint-Jean-Bosco« .

L’église de Bons, sous le vocable des apôtres Pierre et Paul montre bien son grand âge. Des origines, on en sait pas grand chose. On suppose qu’elle tire ses origines au début du christianisme. Au Ve siècle, au plus tard. On cite la paroisse pour la première fois en 1279. A cette date, la forteresse de Langin avait déjà quelques siècles… L’église sera pillée en 1536 par les protestants avant de devenir temple réformé. Ce n’est qu’en 1598 qu’un curé siège à nouveau dans la cure et prêche dans l’église Saint-Pierre. En 1671, le clocher est refait sur le porche de l’église. Sa flèche sera abattue en 1792, à cause de la Révolution. L’église servira d’entrepôt pour les cloches de la région, avant d’être cassées et fondues. Mais la Révolution abîma l’église, dont on a refait le sommet du clocher au Concordat. En 1839, l’église nécessitait déjà des restaurations. Elle était à bout de souffle. En 1860, alors que Napoléon III visite la cité, le curé Chavannaz interpelle sur la dangerosité de son église, dont la voûte menaçait de tomber. L’empereur a accueilli sa demande et à versé à Bons une somme importante, mais insuffisante. Cela n’a pas empêché la commune de voter cette nouvelle église. Les travaux seront confiés à M. César Pompée, architecte de la région, a qui l’on doit aussi les églises d’Annemasse (Saint-André) ou Saint-Cergues, à quelques kilomètres de là. Il opte pour un monument néo-gothique, architecture qui faisait son entrée dans la région. Depuis 1864 et pendant deux ans, on déconstruit l’ancienne église pour édifier la nouvelle. Le 1er novembre 1866, l’église est consacrée. Cependant, il restait bien des choses à ajouter, comme un clocher. L’ancien avait été gardé, jusqu’en 1898.

Des anciennes cloches, on apprend plusieurs choses intéressantes : Une de 1442 livres, poids de Genève est bénie le 14 février 1791. Elle en remplace une autre de 432 livres et s’appelait Thérèse Christine. Mais en 1792 déjà, son avenir est menacé : les français, et la Révolution, entrent en terres savoyardes. Le clocher fut alors privé d’une de ses deux cloches : que savons-nous de la seconde cloche ? Rien. On retrouve partiellement le fil en 1820, avec la bénédiction d’une cloche « Marie-Polyxène », payée par les paroissiens. En 1853, la fonte de deux nouvelles cloches est mentionnée. Cette fois, on nous donne le poids des deux anciennes : 831 et 447 kilos. Leur poids a été doublé !
Les deux cloches actuelles, parlons-en ! La grande cloche « Clotilde Étiennette » porte gravé sur son flanc tout le conseil municipal de l’époque, M. Cottet Jean-Louis en tête, alors syndic. Les inscriptions de la cloche, qui loue la piété des paroissiens, est vouée à la sainte Trinité. Sa petite sœur « Marie », chargée de sonner les angélus, est vouée à l’Immaculée Conception, bien que fondue un siècle avant la promulgation du dogme par le Pape Pie IX. Elle cite le conseil de fabrique, Rd Chavannaz en tête.

Nota : l’enregistrement sonore de la vidéo est pris de l’intérieur du clocher, à cause des conditions de circulations au pied de l’église, assez intenses. Voici cependant un enregistrement extérieur :

Nom

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

Clotilde Etiennette

139

1620

Ré ♭ 3

2

Marie

111,3

872

Fa 3

« FAITES A QUINTAL PRES D’ANNECY L’AN 1853 PAR LES FRERES PACCARD »

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Je remercie pour les deux visites du clocher la paroisse Saint-Jean-Bosco en Chablais, et plus particulièrements MM. Jean-Claude Trolliet et Michel Genoud, en charge de l’église. Remercié soit également Mike « Quasimodo » pour son aide infaillible.

Sources & Liens :
Bons-en-Chablais
Association Terra Langini
Mémoires & documents publiés par l’Académie salésienne, 1912, tome 35
Fonds Privés
Clichés personnels

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