Bellevaux – Eglise Notre-Dame-de-l’Assomption

Bellevaux : la « belle vallée ». Tel est le nom de ce village installé dans une vallée creusée par le Brevon, une rivière qui prend sa source sur la commune avant de la sillonner. Du Roc d’Enfer jusqu’au col de Terramont, en passant par le chef-lieu, de multiples hameaux abritent les quelques 1’300 ballavauds. Certains possèdent leur propre chapelle, voire même un lourd passé historique et religieux. On pourrait ainsi citer, par exemple, le Prieuré de Bellevaux et la Chartreuse de Vallon, dont la chapelle, unique vestige, surplombe un lac qui n’existait pas il y a encore un siècle. Il résulte d’une coulée de boue, obstruant le fond de la vallée. C’est ainsi qu’un petit hameau de quelques habitations se retrouve noyé et trois autres ensevelis. Par beau temps, il est d’ailleurs possible de distinguer les murs de ces anciennes fermes. De nombreux sommets entourent cette vallée : on en compte pas moins de cinq au dessus de 1800 mètres ! Le Roc d’Enfer, culminant à 2244 mètres, est le plus haut d’entre eux.
En aval de la plupart des hameaux du village, le centre se dresse autour de la mairie, des écoles, et de l’église. Cette dernière, dédiée à l’Assomption de la Vierge Marie, remonte au XIIème siècle, simultanément à l’installation des bénédictins. Ils construisent alors une chapelle en bois en 1136. Quatre siècles après, le patrimoine religieux est délaissé suite à l’invasion protestante. En 1567, le culte catholique revient dans la vallée, mais les édifices sont en mauvais état. En 1737, l’église s’effondre, et avec elle sa tour du XIVème siècle. En 1740, le nouveau sanctuaire est ouvert, sur l’emplacement de l’ancien. En 1792, la Révolution entre à Bellevaux et l’église est fermée. En 1795 déjà, le curé à l’autorisation de célébrer à nouveau mais Thonon envoie aussitôt l’ordre de raser l’église. Elle ne sera que fermée. En 1808, le clocher est reconstruit, puis la cure, en 1826. A peine achevée, les paroissiens demandent déjà une nouvelle église, car la population s’agrandit. Entre 1826 et 1829, la nouvelle église est construite et tous les paroissiens, âgés de plus de 16 ans, sont sollicités. Durant le chantier, un accident fait cinq morts, dont le syndic de l’époque. On raconte alors que cet événement a empêché la reconstruction d’une nouvelle tour : l’ancienne est alors conservée.

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L’édifice est dans le style néoclassique, en vogue à l’époque, dans des tons chauds. Le chœur arbore des stalles de part et d’autre du retable, où trône au centre la Vierge Marie, patronne de la paroisse. Au dessus des stalles côté sacristie, une curiosité est installée : une « roue à carillons » ! Cet instrument, composé traditionnellement de 12 ou 24 clochettes,  semble être d’origine bretonne et était jadis utilisée pour des moments joyeux de la paroisse (baptêmes et mariages) ou aussi en faveur de la maladie : après avoir prononcé un vœu de guérison, le fidèle venait l’actionner. Malheureusement, on ne peut confirmer si l’usage de cette roue était semblable ici, car elles se font plutôt rare dans la région. A titre personnel, c’est la première fois que j’en rencontre une ! L’église de Bellevaux rend également hommage à l’un des enfants du village : Mgr Pierre-Joseph Rey. Ordonné prêtre pendant la période révolutionnaire, il a été évêque d’Annecy entre 1832 et 1842. Son blason épiscopal est dessiné au pied du retable et son portrait figure également dans l’entrée latérale de l’église, avec une plaque commémorative. Mais il faut bien ouvrir les yeux, pour encore chercher son nom… ! Au pied du clocher, partie la plus ancienne de l’édifice, se trouve le baptistère. Le sanctuaire ballavaud a été restauré en plusieurs étapes au cours du XXème siècle : le chauffage en installé en 1967 et l’intérieur de l’église est restauré deux ans plus tard. En 1977, c’est au tour de l’extérieur : clocher, toiture et façades. Enfin, en 1999, le sol est entièrement refait.

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Qui se douterait que ce clocher, dont seule la flèche finale dépasse la toiture, contient une imposante sonnerie de six cloches ? Fondues en 1956 par la fonderie Paccard, cette oeuvre imposante est le fruit du travail d’un homme : l’abbé François Dupanloup. Mais cette sonnerie à une histoire. Il n’y a aucun doute que des cloches sont en place depuis fort longtemps. La chute du clocher de 1737 a sûrement mis à mal la sonnerie de l’époque, ou presque ! En effet, une cloche fondue en 1725 a été réinstallée lors sa reconstruction. Fondue par deux lorrains : Jean-Baptiste Durand et Nicolas Boulanger, elle survécut également à la Révolution Française !  En 1837, elle sera rejointe par trois cloches signées des frères Paccard : deux d’entre elles ont été offertes par… Mgr Rey ! La petite, enfin, était dédiée à la Vierge Marie. Etait… Car ces 4 cloches (avec celle de 1725) ne sont plus. Les archives font état, en 1909, de « réparations » sur la sonnerie : probablement une révision des équipements. Mais il semblerait que dans les années 1950, son « harmonie » ne convienne plus aux oreilles des ballavauds. L’abbé Dupanloup se lance alors dans un projet qui, initialement, comporte une sonnerie neuve de quatre cloches. Mais l’embellie autour de ce projet fut telle que la confrérie du Saint Sacrement finance une cloche supplémentaire et les fonds permettent également d’agrandir la sonnerie avec une sixième cloche ! De l’ancienne sonnerie, il reste heureusement les inscriptions des anciennes cloches sur les cloches 2, 4, 5 et 6, retranscrites à l’identique. Sur deux d’entre elles, on trouvera encore le nom de Mgr Rey, en tant que bienfaiteur ! Pour les nouvelles inscriptions, chaque cloche à ses parrains et marraines. Pour la plus grande, ce sont les religieux et religieuses de Bellevaux. Suivent ensuite : les chantres et chanteuses de la chorale (cloche 2), les confrères du saint Sacrement (cloche 3), l’action catholique (cloche 4), la jeunesse agricole catholique (cloche 5) et les enfants (cloche 6).

Nom Diamètre (cm) Masse (kg) Note
1 Marie Françoise Alphonsine Jeanne 127 1’250 Mi ♭ 3
2 Marie Cécile 115 950 Fa 3
3 Marie Juliette Marguerite 102 650 Sol 3
4 Marie Clothilde 95 530 La ♭ 3
5 Marie Louise Thérèse 84,5 380 Si ♭ 3
6 Marie Agnès Dominique 76 270 Do 4
Faites à Annecy-le-Vieux en 1956 – Fonderie Paccard

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Mes remerciements nourris à la municipalité de Bellevaux, sous le mandat de M. Jean-Louis Vuagnoux, maire, pour les autorisations. Je remercie également M. Bernard Vuagnoux, responsable des services techniques, pour l’organisation du rendez-vous et à M. Odette Monet, sacristine, pour l’ouverture du clocher. Je remercie également mon ami Claude-Michael Mevs dit « Quasimodo« , pour son aide et son amitié !

Sources & liens :
Bellevaux
Mairie de Bellevaux
Eglise de Bellevaux
Paroisse Notre-Dame-des-Hermones
Carte postale « Souvenir de bénédiction », 15 avril 1956
Fonds privés
Clichés personnels

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