Yvoire – Eglise Saint-Pancrace

Au nord des Pays de Savoie, Yvoire se situe sur la rive Sud du Lac Léman, offrant un très beau balcon sur la Suisse voisine. Ce village jadis médiéval est propice au tourisme. Pour preuve, il a reçu une pluie de distinctions : il figure dans la liste des « plus beaux villages de France », il a été primé « village fleuri » avec quatre fleurs (plus haute distinction possible) et médaille d’argent du concours européen du fleurissement. Les « Yvoiriens » n’ont donc rien à envier au reste du monde, dirons-nous avec humour !

Au XIIe siècle, la position stratégique d’Yvoire fait qu’elle devient une seigneurie. Sa position stratégique lui vaut de nombreuses convoitises ! Le lieu a été maintes fois fortifié : deux portes permettaient d’accéder au village et son port était lui-aussi fortifié. Encore aujourd’hui, ce dernier est actif : Yvoire peut-être le point de départ de nombreuses destinations sur le Lac Léman. La famille d’Yvoire, première en place, laisse ensuite sa place aux De Compey, famille vassale des comtes de Genève. Ils se déclareront ensuite vassaux de la famille de Faucigny. La famille de Savoie se portera ensuite acquéreur du château et le fera restaurer. A la moitié du XIVe siècle, la seigneurie est inféodée par Antoine de Miolans d’Urtières. Puis une dizaines de familles se succéderont. Enfin, en 1615, la famille Bouvier obtient la seigneurie et possède encore le château aujourd’hui. Ils portent encore le titre de barons qu’ils ont obtenu entre temps.

L’église Saint-Pancrace élève son fier clocher blanc tel un phare sur le lac. Il est souvent cité parmi les clochers remarquables de la région. En 1250, l’église apparaît pour la première fois dans une bulle du Pape Innocent IV qui donne le lieu à l’Abbaye de Filly, non loin de là. A cette époque est bâtie une chapelle, dont les murs existent encore aujourd’hui. Au XVIe siècle, la nef est élevée, plate, comme les basiliques romaines. L’église sera souvent modifiée à cause de l’invasion Bernoise puis de la Révolution Française. En 1856, on ajoute le clocher que nous connaissons aujourd’hui. Avec lui, une travée est rajoutée agrandissant ainsi l’église paroissiale dédiée à Saint Pancrace, martyr à Rome au IIIe siècle. Le clocher sera restauré durant les années 1980 et l’église en 2014. Lors de cette dernière campagne, le mur extérieur de l’église a été dénudé pour montrer l’agrandissement de l’église du XIXe siècle.

Le célèbre clocher abrite deux cloches dans un beffroi en bois. Elles ont été fondues en 1851 par les frères Paccard de Quintal, soit cinq ans avant la construction du clocher actuel. Il est quand même certain que ce n’est pas le premier clocher de l’église. Retournons en 1598 : l’église est à nouveau acquise par les catholiques après trois quarts de siècle de protestantisme forcé. Chassés de notre région, les français et bernois ont emporté dans leur valises les cloches. On retrouve un autre évènement campanaire en 1797 : la petite cloche d’Yvoire (cela sous entend qu’il y avait une plus grosse en place malgré la Révolution) est bénite par l’abbé Thorens, prêtre réfugié chez ses parents à l’époque où le peuple hésitait encore entre révolte et retour du culte. Malheureusement, le prêtre fut arrêté quelques jours après cette cérémonie. Après des longs séjours aux prisons de Carouge et Chambéry, il fut emmené sur l’Ile de Ré, à l’autre bout de la France. Heureusement, la paix retrouvée, on le retrouve curé du village voisin de Messery en 1803.
Lors de l’électrification des deux actuelles cloches, l’équipement a été entièrement révisé et les cloches, à l’origine en lancé-franc, ont été montées en rétrograde, sans doutes pour limiter les efforts. Cela n’empêche pas au clocher de sonner avec puissance. Encore aujourd’hui, elles sonnent les angélus, annoncent les décès, et sonnent les diverses célébrations à l’église. Elles portent des inscriptions simples : les parrains et marraines, membres de la famille Bouvier d’Yvoire, barons du lieu, le révérend Picus, curé, et Jean-François Thorens, à la tête du village a l’époque.

Diamètre (cm) Masse (kg) Note

1

116,7 ~920 Fa 3
2 92,5 ~480

La 3

Faite à Quintal près d’Annecy l’an 1851 par les frères Paccard

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Mes remerciements pour cette visite à M. Jean-François Kung, maire, pour son autorisation, et à M. Eric Thorens, des services techniques, pour son accueil exemplaire et son aide !

Sources & liens :
Yvoire
Eglise d’Yvoire
Paroisse d’Yvoire
Clichés personnels
Fonds privés

Un avis sur “Yvoire – Eglise Saint-Pancrace

  1. En façade, on peut lire l’invocation « Sanctus Pancratius, ora pro nobis ». Mon professeur de latin aurait bondi : « Mais enfin, il faut le vocatif !!! « Sancte Pancratie, ora pro nobis ». Comme dans les litanies .

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