C’est en aval de la Vallée d’Abondance que se trouve le village de Chevenoz. Ses 600 habitants sont séparés de Vacheresse, en amont, par le ruisseau de Taverole. Ils sont aussi séparés par l’Ugine en aval de Vinzier, ancienne dépendance de Chevenoz qui s’émancipa religieusement puis civilement de Vinzier au XVIIIe siècle. Ce village est organisé autour des trois départementales qui desservent le chef-lieu et ses quelques hameaux. L’un d’entre eux possède sa propre chapelle, dédiée à Saint François de Sales (le Fion) ancien évêque d’Annecy-Genève. Au centre du village se dresse le monument aux morts, la mairie et l’église Saint-Jean-Baptiste.
Déjà citée en 1411, l’église de Chevenoz apparaissait aux dires de Mgr de Bertrand, évêque de Genève, comme délabrée. Cet édifice qui était un lieu de pèlerinage en juin, pour la fête du patron de la paroisse, saint Jean-Baptiste, semblait abriter un temps ces reliques. Mais cela est considéré comme une hypothèse justifiant cette dévotion. Plusieurs fois remaniée et reconstruite au cours des siècles, ce n’est qu’en 1888 que la commune décide de reconstruire le sanctuaire. Les travaux sont confiés à Eugène Dénarié, architecte diocésain. Les travaux commenceront en 1893 pour s’achever un an après déjà. La consécration n’aura lieu qu’en 1897. En 1997, pour fêter son centenaire, l’église est entièrement rénovée à l’intérieur. l’édifice néogothique est relativement simple et de dimensions modestes, mais suffisant pour la commune. Elle se présente sous la forme d’une croix latine avec une nef unique et un transept. De part et d’autres du chœur, la sacristie et le clocher couronné d’une flèche.
Les trois cloches sont sans doutes l’un des seuls témoins de l’ancienne église. Toutes trois datées de 1820, elles ont en effet connues l’ancien clocher avant d’être installé dans l’actuel, à la fin du XIXe siècle. Elles ont été réalisées par les familles Vallier & Gautier, fondeurs de la Vallée de la Clarée près de Briançon. Ces deux familles de fondeurs très liées au lendemain de la Révolution ont desservi tout l’arc alpin durant près de deux siècles. On retrouve également des cloches de l’une ou l’autre dynastie à Bramois ou Grimisuat en Valais et même en Italie, à la Cathédrale de Susa, près de Turin. Ces trois cloches aux dimensions modestes égrènent un motif dit du « Pater Noster ». Si elles n’arborent pas fièrement de noms de baptêmes, elles ont chacune une vocation : la plus grande « embellit les fêtes », puisqu’elle annonce chaque messe dominicale, qui se font rare de nos jours. La moyenne « pleure les défunts » et invoque « la bonté de notre Dieu ». C’est en effet celle la plus petite « appelle le peuple » puisqu’elle sonne chaque angélus : matin, midi et soir. Elles arborent les noms de leurs parrain et marraine respectif, du syndic Claude Charles et du vice-syndic François Mercier. Électrifiées pour le tintement et la volée en 1953, ces cloches présentent encore la motorisation d’origine, excepté le marteau de tintement de la grande, qui fait face à celui de l’horloge mécanique en place auparavant. Les jougs semblent d’origine, alors que les battant ont été remplacés lors de l’automatisation. Le beffroi, en bois, est probablement refait lors de l’édification de la nouvelle église.
N° | Diamètre (cm) | Masse (kg) | Note |
1 | 99 | 600 | Sol 3 |
2 | 440 | La 3 | |
3 | 300 | Si 3 | |
« Gautier et Vallier fecerunt + 1820 » |
Les trois cloches. Ci-dessous, quelques détails et gros plans.
Mes remerciements pour cette visite du clocher à la commune de Chevenoz pour l’autorisation de principe d’accéder au clocher et à la paroisse sous le mandat du père Boban et tout particulièrement au sacristain, M. Lucien Dumont, pour l’ouverture du clocher. Remerciés soient également Mike « Quasimodo » et Guilhem Lavignotte, organiste et carillonneur, pour l’aide apportée et les sympathiques échanges.
Sources & liens :
Chevenoz
Eglise de Chevenoz
Inventaire de la reconstruction
Matthias Walter
Fonds privés
Inventaire personnel