C’est sur le versant nord de la Combe de Savoie qu’est installée la commune de Saint-Pierre-d’Albigny. Cette bourgade de presque quatre milles âmes peut se vanter d’une histoire hors normes. L’église Saint-Pierre, les châteaux de Miolans ou de Minjoud et le Caveau des Augustins nous le prouvent. Naturellement ce n’est pas le seul avantage du lieu pour attirer les touristes. La Dent d’Arclusaz propose un très beau panorama sur la Maurienne, mais son accès n’est pas à la portée de tous! Le chemin des vignes, reliant Fréterive à Cruet, reste une consolation néanmoins intéressante. Il permet de découvrir un grand nombre de maisons fortes et de vignobles sur près de 15 kilomètres. Enfin, en contrebas du bourg, le lac de Carouge est un lieu propice à la détente, véritable clé de voûte de toute une base de loisirs.
Avant la Révolution française, Saint-Pierre-d’Albigny comptait deux églises. L’église paroissiale dédiée à Saint Pierre, et l’autre, toute proche, était celle du couvent des Augustins qui disparut à la Révolution. Elle avait été construite par les seigneurs de Miolans lors de l’installation de ces moines entre 1350 et 1450 environ. Aujourd’hui, au milieu du village, c’est la flèche du clocher de Saint-Pierre qui subsiste. Sous la mairie, le « caveau des Augustins » reste néanmoins le témoin d’un passé religieux faste. Des cryptes sont encore visibles et permettent de pénétrer dans les anciennes sépultures de notables.
L’église paroissiale, est citée pour la première fois en 1013. Le bâtiment actuel date en tout cas du XIVe siècle. L’église ne faisait que 2/3 de la surface actuelle. Vers 1360 est créée en cette même église la Confrérie du Saint-Esprit qui durera des siècles. Vers 1700 a lieu le premier grand agrandissement d’une travée, vers l’ouest. Le fronton de pierre au-dessus de la porte d’entrée principale porte la date de 1700. De 1760 à 1768, le lieu de culte est agrandi une nouvelle fois. Cette fois, ce sera côté chœur, et on rehausse l’ensemble de la toiture de 4 m. Le fait d’avoir deux édifices religieux proches dans la même commune permet aux paroissiens d’aller au culte dans l’autre église « chez les Augustins ». Un luxe que peu de villages pouvaient se payer ! En 1787, l’ancien clocher est rehaussé à son tour pour une meilleure diffusion du son des cloches. Et l’on en profite pour remplacer sa flèche par un magnifique toit en « Comble Impérial ». Malheureusement, après seulement 7 ans d’existence, le clocher sera hélas arasé en 1794, sous les ordres d’Albitte… Un toit d’une seule pente lui apportera une étanchéité provisoire. Il fallut toutefois attendre 1831 pour qu’il retrouve sa hauteur, et qu’il soit coiffé de sa célèbre « Rave » qui en faisait sa fierté. 1927 sera l’année du retour d’une flèche, toujours en place aujourd’hui.
Pour revenir à l’église, la toiture fut abîmée par trois orages entre 1809 et 1824. Elle fut refaite en 1825. A l’intérieur, un bon nombre de fresques néoclassiques ornent l’église. Par exemple, les quatre Évangélistes entourent Saint Pierre, patron. La sacristie a été construite en 1844. L’Assomption figure également dans les représentations. Elle a été réalisée en 1857. D’où proviennent les stalles dans le chœur ? Peut-être de l’église des Augustins qui furent chassés en 1792, ou alors de l’église des Carmes de la Rochette. Aucune certitude. Elles datent du premier quart du XVIIIe siècle.
Un grand remaniement a eu lieu en 1928. Il concernait surtout la réfection des peintures et du plancher de la nef. Des modifications plus ou moins importantes ont eu lieu depuis. La dernière en date est l’installation d’un orgue du facteur Thomas en 2010.
Aujourd’hui, deux cloches sont locataires du clocher. Elles ont toutes deux été fondues à Quintal, chez Paccard en 1843 et 1846.
Lors de la Révolution, les neuf cloches de la commune, comprenant celles des deux églises et celles des chapelles de villages, ont été réquisitionnées et fondues. La Municipalité a d’abord voulu conserver, en vain, la plus grande de St-Pierre, avant de quémander une autre cloche pour avertir les habitants d’événements divers, notamment les incendies. Cette cloche de 22 quintaux sera donc livrée en 1795 et installée au clocher en 1797. Sur les cloches présentes avant la Révolution, une d’entre elles a été bénie le 7 octobre 1748. Elle répondait au nom de « Josephte ». La Confrérie du Saint Esprit fut l’un des principaux mécènes. En 1788, le curé de l’époque s’était porté acquéreur d’une cloche mise en vente par la paroisse Saint-Antoine de Chambéry afin d’étoffer la sonnerie d’une troisième cloche. Le Sénat de Savoie n’avait pas accédé à sa demande. Il est probable que d’autres dames d’airain ont pris place sur le beffroi du clocher, mais les archives ne sont pas assez bavardes à ce sujet.
Si les deux cloches actuelles sont en place depuis plus de 150 ans, il est bon de préciser que la commune veille toujours sur elles, comme elles le font sur les habitants. En 2012, par exemple, la société Bodet remplace le beffroi qui soutient les cloches. Pas moins de 3,7 mètres cubes de chêne sont assemblés pour une charpente capable de supporter près de 2500 kilos de charge pour près de cinq tonnes de force, lors de la grande volée utilisée aux sépultures.
Nº | Fondeur(s) | Année | Masse (Kg) | Diamètre (cm) | Note |
1 | Frères Paccard | 1846 | 1860 | 144,2 | Ré ♭ 3 |
2 | Frères Paccard | 1843 | 530 | 95,3 | La ♭ 3 |
Les deux cloches.
La grosse cloche, détails.
La petite cloche.
J’adresse pour cette visites mes sincères remerciements au maire Michel Bouvier pour son autorisation et à MM. Rémy Saint-Germain & Lionel Gouverneur pour l’accès au clocher et les sonneries spéciales. Remercié soit également M. Yves Pajean, président d' »Autrefois Saint-Pierre-d’Albigny » pour la mise à disposition de documents relatant l’histoire de l’église et de son clocher et pour son soutien. Qu’ils soient félicités, lui et son association, pour le travail accompli. Enfin, mention à Pierre Dubourgeat, conseiller municipal de Montailleur, pour l’organisation de cette étape ; à Matthias Walter, expert-campanologue à Berne et président de la GCCS pour la collaboration et Sébastien Savoy, conseiller municipal de Saint-Eustache (74), qui a pris part à cette visite.
Sources :
« Eglise et Clocher » Association « Autrefois Saint-Pierre-d’Albigny » J.E.P. 2004
Inventaire personnel
Fonds Privés
Mairie de Saint-Pierre-d’Albigny
Voir aussi :
Saint-Pierre-d’Albigny sur Wikipédia