Douvaine – Eglise Saint-Loup

C’est au cœur du Chablais que nous poursuivons nos « enquêtes campanaires ». Après un bref arrêt en Lorraine pour les fêtes pascales, il est temps de revenir au bercail. Un clocher que je connais depuis mon enfance. Situé sur la route du Lac Léman, il me signifiait par beau temps une belle journée au bord de l’eau en famille. Mais ce n’est pas ces histoires là que je vais vous conter : plutôt celle de ce fameux clocher ! De plus, il abrite une des plus grosses cloches de la Province du Chablais. Depuis les années 1960, la population de la commune a été multiplié par six ! La faute à sa position, sans doute : traversé par un des axes majeurs du département, non loin de Genève, de son lac, et des stations de skis du Gavot. 

L’église de Douvaine est surprenante sur bien des points. Tout d’abord, parlons de son vocable : c’est une des seules églises de la région qui se voue à saint Loup, évêque de Troyes au Ve siècle et compagnon de saint Germain d’Auxerre. En entrant dans l’église par le clocher porche, on peut-être surpris par l’épaisseur des murs. Le clocher, quant à lui, est quasi millénaire ! Nous y reviendrons. La paroisse est en effet très ancienne : elle est citée en 1153 par Eugène III. Elle est tenue par l’abbaye Saint-Jean de Genève (elle même sous la juridiction de l’abbaye lyonnaise d’Ainay) et au XIIIe siècle un prieuré y est fondé. Un de ses prieurs sera mondialement connu : il s’agit du pape Jules II, à l’origine de la basilique vaticane actuelle. Vu l’époque (XV-XVIe siècle) il était prieur commanditaire uniquement. Avec la Réforme en 1536, l’église devient temple protestant. Le Prieuré, essoufflé par ces troubles, ne se relèvera pas : une paroisse sera rétablie à sa place à la fin du siècle et l’église sera restaurée. Après quelques siècles, l’église est pillée à la Révolution : elle deviendra le lieu où les Révolutionnaires convoquent leurs assemblées. Le Concordat signé, elle retrouve sa destination initiale après une restauration nécessaire suite au pillage révolutionnaire. Agrandie une première fois en 1823, l’église sera reconstruite en 1876, du moins sa nef, représentant une surface de 400 mètres carrés : une des plus grandes églises des environs ! 

Revenons au clocher, que nous allons gravir. Il abrite aujourd’hui deux cloches, entourées de murs épais. Ses meurtrières entre ciel et terres peuvent surprendre. En effet, le clocher aurait été jadis une tour défensive avant de prendre sa vocation actuelle. Sa porte d’accès, en tribune, demeure très « médiévale » : il faut bien se baisser pour la franchir ! Des escaliers nous emmènent ensuite au sommet. Au dernier étage, avec les cloches, la cabane de l’horloge est vide. Le mouvement a été installé en 1840 et remplacé à électrification par un système moderne. Le beffroi, qui semble âgé, soutient avec vigueur les deux cloches. Ce nombre ne semble avoir guère évolué durant l’histoire de cette charpente, marquée des chiffres romains pour faciliter son assemblage. A la Révolution, la petite cloche est descendue pour être cassée. Elle sera finalement laissée intacte. La grande cloche, elle n’a pas bougé pour sonner les rassemblements civils. En 1811, une nouvelle petite cloche est bénie. On ne sait pas ce qu’il est advenu des anciennes cloches. En 1844, la petite cloche est refondue et augmentée à environ 800 kilos. Il en sera de même en 1869 pour la grosse cloche : fêlée, elle sera portée à 1800 kilos, devenant ainsi une des plus grosses cloches du Chablais français. Révisée au début du XXe siècle, son installation a également été revue il y a quelques années. Il en fut de même pour la petite cloche.

Fondeur(s)

Année

Diamètre (cm)

Masse (kg)

Note

1

Frères Paccard

1869

146

1800 Ré ♭ 3

2

Bulliod Frères

1844

114

800

Fa 3

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J’adresse mes remerciements à M. Jean-François Baud, maire de Douvaine et à la commission « Culture et Patrimoine » sous la présidence de Mme Claire Chuinard, adjointe, pour les autorisations. Je remercie également Mme Anne-Marie Berthollet et M. René Carminati, membres de la commission patrimoine de la commune, pour leur disponibilité.

Sources & Liens :
Douvaine
Mairie de Douvaine
Eglise de Douvaine
« Patrimoine Remarquable de la Commune de Douvaine », Pays du Léman, 2006
Fonds privés
Clichés personnels

 

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