Yenne – Eglise Notre-Dame-de-l’Assomption

L’église Notre-Dame-de-l’Assomption

Nous nous dirigeons aujourd’hui à l’ouest de la Savoie, sur la rive gauche du Rhône. La commune frontalière de Yenne et ses 3’000 habitants est à seulement quelques kilomètres de Belley, l’un des chefs-lieux de l’Ain. Cette ville est riche en histoire puisque sa position dans l’Avant-pays Savoyard a toujours été stratégique. En 1215, la commune est la première de Savoie affranchie d’une quelconque abbaye (ici les abbayes d’Hautecombe et de Saint-Rambert). Un temps donné aux ducs de Milan, le territoire ne tardera pas à revenir aux Etats de Savoie au XVe siècle. En 1483, les habitants font d’ailleurs acte de fidélité à Charles Ier de Savoie. En 1699, Victor-Amédée confie à Jean-François Vulliet les terres de Yenne. Il en devient le marquis, jusqu’à la Révolution Française. En effet, c’est en 1792 que Yenne intègre la France dans le département du Mont-Blanc. C’est entre 1814 et 1815, lors de la Restauration Sarde que Yenne redeviendra sous la domination des Ducs de Savoie qui possèdent également le titre de Rois de Sardaigne. C’est le 12 juin 1860 que Yenne fait son entrée définitive en France, dans le département de la Savoie (73) avec comme préfecture Chambéry.

L’église Notre-Dame de Yenne est sans doutes l’un des plus belles de la région. Intégralement classée depuis 1987, chacun de ses recoins mérite le détour. Son imposante silhouette laisse paraître une église agrippée au sol, prête à se moquer des siècles. Et c’est le cas ! Un panneau près du porche arbore fièrement le célèbre labyrinthe de la cathédrale Notre-Dame de Reims, logo des Monuments Historiques et la période de construction du sanctuaire yennois : entre le XIIe et le XVe siècle ! Le visiteur qui osera pousser la lourde porte de bois arrivera dans une nef aux pierres apparentes et aux arrêtes gothiques. Pourtant, les vitraux représentants la Vierge ou encore Saint François de Sales, si cher à notre contrée, sont dans des baies clairement romanes. Nuls doutes que le lieu de culte ait été reconstruit siècle après siècle, selon le courant de l’époque. L’acoustique du monument permet la tenue de bon nombre de concerts, sans pour autant perturber la liturgie avec la tenue d’offices, ou de célébrations du casuel comme des baptêmes, mariages et obsèques.

Le clocher flèche est également un élément marquant. Sa tour carrée presque trapue attire l’œil. Au dernier niveau, seules deux baies romanes géminées en plein cintre permettent aux quatre cloches de se faire entendre. Derrière elles, on aperçoit de l’extérieur un beffroi en bois clair. Celui-ci a été refait en 2016 pour remplacer l’ancien, bien trop usé par le temps. L’urgence était là : seule la deuxième cloche était autorisée à sonner. La grande cloche était trop lourde, et les deux petites n’avaient pas encore reçue un coup de baguette magique de la fée électricité. Alors, dès 2014, la nouvelle municipalité n’a pas manquée d’étudier les dossiers en cours de l’ancienne mandature, dont celui des cloches, et n’a pas manqué de le concrétiser !
Et ils ont eu raison ! Car aujourd’hui, le clocher a retrouvé une voix puissante. Il faut dire que son patrimoine campanaire est d’exception. Sur les quatre cloches, la plus petite et la plus grande sont également classées Monuments Historiques ! Elles ont été fondues en 1688 par la famille Vallier. Leurs descendants ont été présentés maintes fois sur ce même site, surtout en collaboration avec la famille Gautier. Ces deux familles étaient en collaboration au lendemain de la Révolution, car toutes deux natives de la région briançonnaise (Hautes-Alpes). Terre savoyarde oblige, diront certains, les deux cloches intermédiaires proviennent des non moins célèbres fours de la fonderie Paccard. La plus grande a été livrée en 1892 par Georges & Francisque, de la 3ème génération, alors installés à Annecy-le-Vieux, et la plus petite par Claude & Jean-Pierre, la génération précédente, installée à Quintal. Une curiosité musicale vient s’ajouter. Si on omet la justesse musicale plus qu’approximative dans cet ensemble, on notera que les deux petites résonnent comme des « répliques » des deux grandes. La plus grande et son grand âge peut paraître comme… atypique ! Cela s’explique par la perte d’un fragment de celle-ci, on ne sait ni pourquoi ni comment (sans doutes lors de précédents travaux, ou à la Révolution?) rendant ainsi un son ténébreux, mais pas si rare, en prenant pour exemple la plus grande cloche de Lutry ou un des bourdons de la cathédrale Saint-Etienne de Sens, en Bourgogne. Enfin bref, on pourra trouver à cette sonnerie tous les charmes du monde… c’est un de mes coups de cœur de l’année !

AVANT RESTAURATION :

PENDANT LES TRAVAUX :

AUJOURD’HUI :

La grande cloche.

Mes remerciements pour cette visite du clocher à M. Padernoz, maire, pour son aimable autorisation, et à MM. Puthon & Watier respectivement premier et deuxième adjoints au maire pour l’organisation de la visite et la mise à disposition des photos lors des travaux. Je n’oublie pas non plus mes amis Mike « Quasimodo » et Guilhem Lavignotte, organiste d’Yverdon-les-Bains pour le soutien technique lors de cette visite.

Sources & liens :
Mairie de Yenne
Yenne
Classement grande cloche – Notice base Palissy
Classement petite cloche – Notice base Palissy

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