Manigod – Eglise Saint-Pierre

La mairie et l’église Saint-Pierre

Nos expéditions campanaires se suivent et ne se ressemblent pas… C’est aujourd’hui dans le massif des Aravis en Haute-Savoie que nous emmène la curiosité, dans l’église Saint-Pierre de Manigod. Cette église paroissiale est située sur la rive droite du Fier, l’une des principales rivières du département qui rejoint à l’ouest d’Annecy le Rhône. Cette petite commune de 1’000 habitants est une station familiale prisée des savoyards ou des touristes. Ses pistes sont reliées à celles de la Clusaz, village voisin aussi réputé. Les amateurs de recettes savoyardes y viendront volontiers manger l’originale tartiflette puisque son reblochon est fabriqué dans ce même massif.

La silhouette élancée du clocher accueille le touriste ou l’autochtone dans la commune. Depuis des siècles il se dresse avec une certaine fierté. Au pied de celui-ci se trouve en effet une église néo-classique qui remonte au XVIIe siècle. Dédiée à saint Pierre, elle était initialement sous le vocable de saint Christophe, qui reste patron du village. En 1687, l’évêché ordonne à la paroisse de reconstruire son église qui avait un maître-autel consacré en 1473. La paroisse fera alors appel à un maçon de Samoëns, Aimé Riondel et les travaux commenceront en 1688. Mgr Michel-Gabriel de Roussillon-de-Bernex, évêque d’Annecy-Genève la consacrera en 1703 : 15 ans après ! Aimé Riondel s’était appliqué à donner à Manigod une église typique pour l’époque et semblable aux églises de montages : une église halle de style baroque. Le clocher, construit à la même époque, a été remanié aux environs de 1832, car abîmé à la Révolution. Il sera reconstruit entre 1886 et 1888, juste après l’agrandissement de l’église d’une travée. En 1991, le projet d’ajout d’un orgue est lancé. En 1994, l’orgue de 22 jeux (2 claviers + pédalier) est installé sous la direction de M. Formentelli, facteur d’orgues de Vérone (I). Mgr Barbier, évêque d’Annecy, le bénira en 1996.

Ce sont au total quatre cloches qui sont dans le clocher de l’église Saint-Pierre. Fondue en 1770, la plus petite cloche demeure la plus intéressante. Elle a été réalisée par Louis Léonard, fondeur natif de Morteau (Doubs). Ce fondeur n’a eu de cesse de se déplacer entre le Jura et les Alpes savoyardes à la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, nous pouvons trouver des cloches de ce fondeur à Taninges (1767) ou à Bex (1775). Si il ne demeure de lui que de modestes cloches de quelques quintaux, c’est lui qui réalisa en 1768 la prédécesseur de l’actuelle « Salésienne » de Notre-Dame-de-Liesse d’Annecy qui pesait environs cinq tonnes. Cette cloche, autrefois attribuée au tocsin, n’est aujourd’hui pas audible car elle ne dispose d’aucun système de traction électrique ou manuelle. Cette cloche doit sa vie au syndic de la période révolutionnaire Aimé Cohendet. Pour les Révolutionnaires, Manigod comptait 8 cloches : trois pour l’église paroissiale et le reste pour les cinq chapelles qui officiellement possédait une cloche. Cependant, la chapelle de Joux en possédait en fait deux. Alors, le syndic a emporté chez lui la plus petite cloche paroissiale et sacrifia la seconde cloche de Joux. On apprend également que la grande cloche était déjà en morceaux. Là aussi, une partie du métal est conservé et sera réutilisé dès 1803 lorsque la commune, syndic en tête, commande deux nouvelles cloches pour l’église. Les différentes chapelles ont actuellement des cloches fondues tour à tour durant le XIXe siècle. En 1877, l’église (qui semblait avoir toujours trois cloches) a été doté de trois nouvelles cloches. Seule la cloche histoire fut conservée. Une première commande est faite à la fonderie Paccard pour deux cloches : les deux plus grandes. En 1879, une troisième cloche est ajoutée, comblant l’intervalle entre la seconde cloche et la cloche historique. La fonte a été commandée par le Rd Joseph Despois, curé natif de Cordon et le maire de l’époque, Pierre Accambray. Les deux grandes cloches citent le pape Pie IX, alors que la plus petite cite son successeur, Léon XIII, élu pendant la confection de ses grandes sœurs. Ces trois dernières invoquent des saints et saints inscrits dans le traditionnel tableau récapitulatif.

Invocations/Nom Fondeurs Année Diamètre (cm) Masse (kg) Note
1 Vierge, Pierre, Louise de Savoie, Pie IX, Christophe Paccard Frères 1877 120 1’050 Mi 3
2 Anne, Joseph, François, Brigitte, Marc Paccard Frères 1877 94,5 530 Sol dièse 3
3 Famille, Guérin, Antoine, Léon le Grand, Léon XIII Paccard Frères 1879 80 350 Si 3
4 non connu Louis Léonard 1770 60 120 Ré dièse 4

Je remercie M. Bruno Sonnier, maire de Manigod, pour son aimable autorisation et pour l’accès au clocher. Remerciés soit également mes valeureux amis Mike « Quasimodo » et Philippe « Senonais » pour l’aide à la réalisation du présent reportage.

Sources & liens :
Manigod
Manigod sur Wikipédia
Eglise Saint-Pierre de Manigod
Paroisse de Manigod
Histoire de l’Eglise
Inventaire personnel
Fonds privés

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