Le village de Lucinges, blotti contre les Voirons (montagne culminant à 1’480m), offre une formidable vue sur Genève et son grand lac. L’église et son imposante flèche trônent à 712 mètres d’altitude. Les origines d’une paroisse sont fort lointaines : elle était sous la tutelle des abbayes de Cluny et de Saint Victor (Genève) aux XIe et XIIe siècles. En regardant depuis 14 communes (limitrophes ou non) en direction des Voirons, on remarque la silhouette du clocher de Lucinges. C’est la partie la plus ancienne de l’église. En effet, sur sa base, on peut contempler les armes de la famille Faucigny-Lucinge combinées avec celles des Seigneurs des Allymes qui ont déserté la Savoie en 1602. La base de la tour-clocher date donc au plus tard du XVIe siècle. Il est possible qu’elle soit le seul vestige du château de Lucinges. Cependant on apprend que l’ancien édifice qui datait de 1733-1734 était construit sur les fossés dudit château. Le terrain instable et le poids des ans l’avaient fragilisé, ce qui obligea les paroissiens à le reconstruire entre 1898 et 1900. L’église a alors été déplacée de l’autre côté du clocher afin de dégager une place marquant l’emplacement de l’ancien château de Lucinges. Lors de ces travaux la flèche du clocher faite en 1736 a été rénovée. Opération renouvelée il y a quelques années. Il y a deux ans, c’est la nef qui a eu droit à une seconde jeunesse. Dans le style néogothique, elle a vu ses lustres retravaillés, la tribune supprimée et un tout nouveau mobilier arriver, avec une pointe de modernisme, mais qui s’intègre bien dans le lieu de culte paroissial.
Le clocher supporte deux cloches. Fondues en 1848 par Claude Paccard à Quintal, elles remplacent deux cloches : la plus grosse du nom de « Vierge Marie Immaculée », fondue en 1768 pesait 500 kilos . La plus petite, datée de 1768, faisait 340 kilos. Il est fort possible qu’elles aient également remplacé d’autres cloches, mais ces dernières ne semblaient pas être de la commune. Car une date est associée à l’historique campanaire : 1444. C’est à cette date que la paroisse de Fillinges, à quelques kilomètres, est érigée. Les deux cloches du XVIIIe siècle sont cachées avant qu’Ablitte, Révolutionnaire, ne donne l’ordre de raser les clochers et de fondre les cloches. Enterrées dans le bois de Lachaud, à l’écart du village, elles regagneront leur perchoir une fois le Concordat instauré. Lors de la dernière refonte, en 1848, du bronze complémentaire est apporté afin que les cloches doublent en poids. Ce bronze provient de cloches cassées à Bonneville (ville où les cloches devaient être amenées). Si bien que lorsqu’un son de cloche est émis à Lucinges, il est possible d’entendre les cloches oubliées d’une multitudes de paroisses.
« Faite à Quintal près Annecy l’an 1848 par Claude Paccard F D »
Cl. 1 : Sts Etienne & François de Sales – 1’025 kg, 119,7cm – Mi Bémol 3 +7
Cl. 2 : Ste Marie & St Joseph – 504 kg, 94,7cm – Sol 3 +5
(signature sur les cloches, dédicace, masse, diamètre, note (La3 =435 Hz)

Les deux cloches, « dans leur jus ».

Mes sincères remerciements à MM. Bordet et Soulat, ancien maire et maire actuel pour leurs aimables autorisations lors de leur mandats respectifs. Je remercie également la communauté paroissiale de Lucinges et plus particulièrement Mme Denise Trolliet, sacristine. Mention à Alex « Fred Phos » également de la partie.
Mairie de Lucinges
Paroisse de la Trinité
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