A mi distance des communes d’Annemasse et de Saint-Julien-en-Genevois, Bossey est une petite commune française d’à peine 1’000 habitants, coincée entre les falaises du Salève au sud-est et la frontière Suisse au nord-est. Au bas du village, contre la frontière, trois moyens de communications traversent la commune : la route départementale, le chemin de fer et enfin l’autoroute A40. Bossey est aussi connu pour son golf qui offre un panorama agréable sur la ville de Genève, a un jet de pierres seulement. Fait moins connu de la commune, Bossey fut pendant près d’un millénaire réputée pour son vin ! En 1178, il est cité dans un document des Comtes de Genève. Les vignes disparaîtront progressivement avec l’arrivée du chemin de fer, amenant avec lui les vins du Midi qui étaient plus appréciés des locaux. On notera 14 hectares de vignes en 1870 contre un seul en 1929. L’arrivée du phylloxera (insecte des vignes) sonne ensuite le glas de la production viticole dans la commune. Bossey a également servi de refuge à Jean-Jacques Rousseau qui a résidé avec le pasteur Lambercier de 1722 à 1724. Bossey accueille aujourd’hui la sépulture de Geneviève Anthonioz-de-Gaulle. Nièce du célèbre général, celle qui fut devenue savoyarde d’adoption après ses exploits de la Seconde Guerre Mondiale a décidé de reposer avec son époux dans le cimetière du village. Choisie pour entrer au Panthéon en 2015, c’est en réalité un peu de terre de Bossey qui y fut amené, la famille ne souhaitant pas translater sa dépouille à Paris.
L’église Saint-Pierre de Bossey est immanquable lorsque nous prenons la route -ou le train- de Saint-Julien vers Annemasse. Elle domine en effet les 3 axes en dépit de ses dimensions modestes. Pour être plus personnel, j’aime la surnommer « Notre-Dame-de-l’Autoroute » avec quelques amis qui me rendent visite dans la région, comme une manière de dire que nous sommes presque arrivés ! L’église de Bossey a connu une histoire complexe. La paroisse est citée dès le XIIème siècle comme dépendante du chapitre cathédral de Genève, avec comme fille l’église d’Evordes. Le sanctuaire est consacré, peut-être une nouvelle fois, le 16 août 1487 par Mgr François de Savoie. En 1536, Bossey passe sous domination protestante. L’église devient donc un temple protestant durant plus de deux siècles. Le Traité de Turin (1754) rend Bossey au Duché de Savoie, de religion catholique. Les paroissiens ont 25 ans pour se convertir à nouveau. En 1779, l’église est donc rendue au culte catholique et la paroisse est érigée en 1780 par le roi Charles-Emmanuel qui donne pour l’occasion 10’000 livres afin de la doter d’objets liturgiques. Le clocher et le chœur sont encore témoins de l’ancienne église, alors que la nef fut reconstruite en 1867. A l’intérieur, un grand Christ de 1828 attire immédiatement le regard, ainsi qu’un grand tableau de saint Pierre, patron de la paroisse, au dessus de la porte emmenant au clocher.
Le petit clocher de l’église de Bossey abrite deux cloches, placées de manière superposées dans le beffroi. Cette disposition est assez peu courante dans la région ! Pourquoi une telle disposition ? Parce que la petite cloche a été tout simplement rajoutée en 1962 ! La première archive campanaire à Bossey est très récente, elle date de 1849. Une cloche y a été fondue par les frères Claude et Jean-Pierre Paccard. Il y était -entre autres- écrit « Cette cloche du poids de 8 quintaux appartenant à l’église de Bossey a été coulée en l’année 1849 sous l’invocation de la glorieuse Vierge Marie et des apôtres St Pierre et St Paul ». En 1887, Auguste Cahorn réalise son relevé et note que cette cloche est seule. En 1931, cette cloche est refondue. Les travaux sont offerts par la commune. Les inscriptions sont plus laconiques, car on y lit principalement son nom Françoise-Marguerite, l’année et le village bien sûr, ainsi que plusieurs noms : ses parrain et marraine ainsi que le maire, l’évêque d’Annecy et le curé de l’époque. En 1962, la petite cloche est rajoutée. Elle fait mémoire du Concile Vatican II, cette « grande réunion » réunissant les évêques du monde entier autour du Pape pour réformer l’Eglise catholique. Elle porte le nom de « Jeanne-Marie-Thérèse ». Il y est aussi inscrit « témoin de votre vie chrétienne, je partage vos joies, je m’attriste de vos deuils ». C’est cette cloche qui, chaque jour, sonne les angélus le matin, le midi et le soir. Elle accompagne volontiers sa grande sœur pour les funérailles et cette dernière annonce, seule, les quelques messes célébrées dans la nef de l’église.
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N° |
Nom | Fondeur | Année | Diamètre (cm) | Masse (kg) | Note |
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1 |
Françoise Marguerite | Les fils de G. Paccard | 1931 | 94,7 | 530 |
La♭3 |
| 2 | Jeanne Marie Thérèse | Fonderie Paccard | 1962 | 71,2 | 210 |
Ré♭4 |
Mes remerciements à :
- La municipalité de Bossey sous le mandat de M. Jean-Luc Pécorini pour l’accord de principe.
- Mme Denise Mariethoz, sacristine, pour l’ouverture du clocher et les sonneries spéciales.
- M. Michel Brand, ancien élu d’Archamps, pour l’organisation de cette belle visite.
Sources & Liens :
- Bossey sur Wikipédia
- Paroisse Saints-Pierre-et-Paul en Genevois
- Association « La Salévienne »
- Commune de Bossey
- Inventaire d’Auguste Cahorn : relevé du 8 septembre 1887
- « Gerbes de notes et documents », chanoine C-M Rebord, 1922
- Relevé personnel sur site
- Clichés personnels