Annemasse – Eglise Saint-Joseph

Pour ce nouvel article, je vous propose un rendez-vous à Annemasse. Un clocher que je connais depuis longtemps : c’est ici que j’ai été baptisé ! Annemasse est aujourd’hui l’une des communes plus peuplées du département après Annecy et Thonon-les-Bains. Le développement rapide du siècle dernier fait que d’Annemasse, nous pouvons rejoindre Genève (et même l’Ain) sans quitter la ville ! Annemasse compte 35’000 habitants… et 10x plus pour son aire urbaine ! Pourtant, la ville actuelle est restée longtemps rurale. D’abord installée près de l’Arve, elle s’est étendue progressivement. La première étape fut l’arrivée du chemin de fer et de la gare. C’est sur cette ligne dite « du Tonkin » que continuent de passer les interminables wagons remplis d’eau Evian. Après la Première Guerre, Annemasse connaît un accroissement énorme de la population. Une seconde église sera bâtie pour suppléer à l’église historique. La ville n’a jamais cessée de grandir depuis. Actuellement, le tramway qui reliait Annemasse à la Suisse entre 1921 et 1959 est en cours de reconstruction pour une mise en service fin 2019.

Avec le développement de la ville, il faut prévoir une seconde paroisse : l’excentricité de l’église Saint-André (qui dessert aussi Etrembières et Ambilly) devient un problème car la ville s’en éloigne petit à petit. En 1938, un appel d’offre est passé par la nouvelle paroisse pour construire une grande église sur un terrain rectangulaire entre l’Avenue Jules Ferry et la rue Madame Fleutet, sur un terrain triangulaire. Le moine bénédictin Don Bellot est retenu. Il est auteur de plusieurs sanctuaires en Europe ou en Canada. Dans la région, on retiendra de lui la Basilique Saint-Joseph d’Annecy (Les Fins) qui lui est similaire. Le terrain a été acquis en 1940 et le chantier débute le 19 mars de la même année, jour de la saint Joseph, patron de la nouvelle église. Le défi de l’époque était non seulement l’utilisation de béton armé (matériau nouveau) mais aussi de trouver la matière première, en raison de la guerre. Notons que les pierres extérieures au monument proviennent de la carrière Montessuit sur le Salève (à quelques kilomètres de là). Le 31 mars 1946, la nouvelle église est inaugurée. Décédé en 1944, le moine-architecte n’a pas pu voir son oeuvre achevée. A l’intérieur, l’usage de béton armé laisse des grands espaces avec une absence remarquable de piliers. La coupole amplifie cette impression. Entre 1987 et 1998, l’église est profondément restaurée pour son cinquantenaire : toiture, chauffage ou encore la décoration sont au cœur des discussions. Pour ce dernier point, les travaux seront confiés à M. Philippe Kaeppelin, qui a aussi travaillé à Saint-André. En tribune, un orgue trois claviers prend place depuis peu. En provenance de Mons en Belgique, il a été racheté d’occasion grâce à un mécénat mené par l’association « les Orgues Annemassiennes » et installé fin 2011. Dès lors, des concerts sont proposés en plus de son utilisation cultuelle, pour permettre de mieux profiter de cet instrument.

Le clocher n’est hélas pas conforme aux plans de Dom Bellot : la longue flèche prévue n’a jamais vue le jour. Le manque de moyens prédomine pour cet inachèvement. En gravissant la tour, il semble se confirmer : sur les deux cloches présentes dans ce vaste espace, une seule sonne aujourd’hui. En arrivant au 2ème étage (le 0 correspondant au porche, et le 1er à l’arrière de la tribune) on constate qu’une modeste cloche est installée sur un beffroi en acier. D’un poids d’environ 200 kilos, elle porte un nom « Joséphine Marguerite » et une inscription vouée à saint Joseph, patron de la paroisse. Problème : elle n’est pas datée. Un blason épiscopal se trouve sur le côté, symétrique au blason de ses créateurs : la fonderie Paccard. Mais il ne corrobore pas avec les blasons des évêques d’Annecy du XXe siècle (NN. SS. Campistron, Du Bois de la Villerabel et Cesbron). Par ailleurs, Annemasse n’a semble-t-il jamais donné d’évêque à l’Eglise. Les quelques indices du blason laissent toutefois entendre que le prélat était des environs, car il représente entre autres une croix savoyarde. Une dernière théorie est envisagée : une cloche pour un autre clocher, rachetée d’occasion par la paroisse. Quoi qu’il en soit, elle a servi dans un premier temps, avant une sonnerie plus grande et plus puissante.
Le sommet du clocher se mérite : il faut emprunter une échelle d’environ 10 mètres, sans aucun palier ! Une gigantesque salle s’offre à nous, offrant un point de vue unique sur cette ville et ses environs. Au centre, sur un modeste beffroi métallique, l’actuelle cloche titulaire est installée, prête à sonner. Elle aussi n’est pas assez bavarde à notre goût. Seule sa date et son auteur sont mentionnés en relief : la fonderie Paccard d’Annecy-le-Vieux et 1977. La cloche ne possède aucun motif religieux. Seul un bouquet floral sur une face avec en dessous, semi effacé « Gabriel ». De l’autre côté, une phrase de trois mots est presque intégralement supprimée, elle aussi. On peut distinguer le mot final « ana ». Cette cloche d’une tonne possède quand même, gravé timidement, la mention de son actuel lieu d’installation « Paroisse St-Joseph Annemasse ». Là aussi, pourrions-nous parler d’un réemploi ? Probablement une cloche réalisée pour un autre lieu que l’actuel. Dernier questionnement : la petite cloche devait-elle la rejoindre ? Un emplacement est encore vide aujourd’hui, au-dessus de cette grande cloche. Pourrions-nous espérer à l’avenir un ensemble plus conséquent pour un des plus grands édifices du diocèse ?

Nom Fondeur Année Masse (kg)

Note

1

Gabriel ? Paccard 1977 1100 Mi3
2 Joséphine-Marguerite Fils de G. Paccard 19.. 200

ré4

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Mes remerciements pour cette visite du clocher au père Pierre Marmilloud, curé de la paroisse Saint-Benoît-des-Nations d’Annemasse. Une visite émouvante car c’est en ces lieux que j’ai reçu le sacrement du baptême… probablement que les cloches (ou la cloche!) ont sonné !

Sources & liens :
Annemasse
Eglise Saint-Joseph Annemasse
Paroisse Annemasse
Clichés personnels
Fonds privés

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