A la fois village typique et station de ski…
Au fond d’une vallée creusée par l’Arrondine, torrent parfois sévère, La Giettaz est un village de 400 habitants à l’année, chiffre qui peut tout à fait s’envoler, surtout en hiver. La station est en effet reliée à celle de Megève et à un jet de pierres d’autres domaines prestigieux comme par exemple la Clusaz, grâce au col des Aravis. Ce dernier, ouvert toute l’année, permet de rejoindre la Haute-Savoie. En suivant le fil de l’eau, il est possible de rejoindre la Combe de Savoie. La Giettaz ne se cantonne pas qu’aux sports d’hiver : les nombreuses montagnes qui l’entourent permettent aux randonneurs de découvrir le village autrement, ainsi qu’un pan tout entier des Aravis, grand massif se partageant les deux départements savoyards.
Une église intégralement reconstruite
Au cœur de la Giettaz, sur un léger replat, se trouvent l’église, la mairie, la poste, et l’école ainsi que quelques commerces. Si l’église date du milieu du XIXème siècle, la vie religieuse ne commence pas à cette époque mais au XIIème siècle : le prieuré de Megève assure les services religieux l’été à la Giettaz. En 1390, l’antipape Clément VII, un savoyard, autorise la Giettaz à bâtir sa propre église. Ils choisiront comme patron saint Pierre, apôtre et, selon la tradition, premier pape. Souvent remanié, l’édifice a été aussi malmené. Ce fut le cas à la Révolution. Alors que la paroisse peinait à panser les plaies d’une église jugée trop petite, décision est prise de la raser en 1846 pour en reconstruire une plus grande, au même emplacement. Le 21 juin 1851, l’édifice est consacré par l’évêque d’Annecy. Car la paroisse de la Giettaz ne dépend pas de l’archevêque de Chambéry, comme la (presque) totalité des paroisses du département, mais bien de son homologue haut-savoyard. L’édifice religieux est un bel exemple de l’art baroque tardif, en témoigne par exemple son bulbe, ajouté en 1852. A l’époque, en tout cas en Savoie, on ne construisait plus en utilisant cet art initié par saint François de Sales et sa contre-réforme. Par exemple, le retable baroque, daté de 1725, se trouvait dans l’ancienne église. Il a été adapté au sanctuaire actuel. Les fresques de la coupole et du chœur sont signée de Clément Giacobini. Notons qu’elles ont été restaurées avec gout en 1999 et 2004. Tout récemment, l’ensemble des façades de l’église ont été reprises, rajeunissant presque ce bâtiment séculaire.
Une cloche pour l’an 2000
Nous somme le 21 octobre 1999. Le jeudi, à la fonderie Paccard, c’est jour de coulée. Dans le four, le bronze en fusion monte en température. Il se prépare à rejoindre les moules, fins prêts. L’un d’eux donnera naissance à « Aurore », cloche marquant le Jubilé de l’an 2000 à la Giettaz. D’un poids de 380 kilos, elle rendra hommage à tout ceux qui se sont cotisés pour elle, mais aussi à une ancienne cloche. Antérieure à la Révolution, celle-ci était fêlée depuis fort longtemps. En 1957, son bronze a été racheté par cette même fonderie pour financer l’électrification des trois autres cloches. Elle figurait parmi les quatre cloches en place en 1792 : les deux premières ont été descendues pour être emmenées à Sallanches par cinq giettois. Elles pesaient 500 et 231 livres. La troisième a été cachée dans un champ au lieu-dit l’Abbaye. La dernière, la fameuse cloche vendue en 1957, était « tolérée » au clocher pour sonner le tocsin et les assemblées. Difficile d’en savoir plus sur le patrimoine campanaire antérieur. Nous savons simplement qu’en 1670, le clocher est rénové une première fois, et avec lui le beffroi supportant les cloches. En 1774, une nouvelle campagne de restauration a lieu, mais simplement sur sa toiture.
Dans le nouveau clocher, une première cloche est ajoutée par la fonderie Paccard en 1858. Elle répond simplement au nom de « Marie » et prie l’intercession de saint Pierre, patron de la paroisse. Elle rejoint donc ses deux aînées. 36 ans plus tard, on refond la seconde cloche, antérieure à la Révolution. Elle datait de 1780. Elle prendra le nom de « Anne » mais ses anciennes inscriptions figurent toujours sur la cloche, décorée avec soin. Face à elle, « Elisabeth » a quitté la fonderie en même temps qu’elle, redonnant ainsi au clocher de la Giettaz le même nombre de cloches que décrit avant la Révolution Française.
N° |
Nom |
Fondeurs |
Année |
Diamètre (cm) |
Masse (kg) |
Note |
1 |
Marie |
Frères Paccard |
1858 |
125 |
1250 |
Mi 3 |
2 |
Anne |
G&F Paccard |
1894 |
107,8 |
760 |
Fa ♯ 3 |
3 |
Elisabeth |
G&F Paccard |
1894 |
96,5 |
530 |
Sol ♯ 3 |
4 |
Aurore |
Fonderie Paccard |
1999 |
84 |
380 |
La ♯ 3 |
Je remercie chaleureusement :
Monsieur le maire Noël Bibollet, en fonction lors de ma visite, pour son aimable autorisation.
Monsieur Pradel, responsable des services techniques, pour son accueil.
Mon ami Claude-Michael Mevs dit « Quasimodo » pour l’aide apportée à l’inventaire des cloches.
Sources & Liens :
La Giettaz
Mairie de la Giettaz
La Giettaz et son patrimoine – Secrets de clocher
Fonds privés
Relevé personnel
Clichés personnels