Dijon – Cathédrale Métropolitaire Saint Bénigne

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P1060873L’histoire de la cathédrale débute en 511. L’évêque saint Grégoire de Langres (dont Dijon dépendit jusqu’au XVIIIe siècle) fit construire une crypte afin d’y déposer le corps d’un saint anonyme, dont la tombe faisait des miracles : ce saint y avait gagné le surnom de « benignus », « le bon », et est maintenant connu sous le nom saint Bénigne. Une vita ne fut rédigée qu’a posteriori. Dès 535, le même Grégoire fait élever une basilique au dessus de la crypte. En 871, une abbaye bénédictine est crée, mais la basilique étant vétuste, l’évêque de Langres, Isaac la fait reconstruire. Elle prend logiquement le titre d’abbatiale. En 1001, l’abbé de Saint-Bénigne s’engage dans la construction d’un nouvel édifice de style roman-lombard. C’est à ce moment que la crypte telle qu’on la connaît est édifiée : il s’agit en fait du rez-de-chaussée d’une rotonde, qui permettait aux fidèles de déambuler autour du corps du saint. Entre 1137 et 1147, l’ancien portail est construit. Il disparaîtra au XIXe siècle. Dès 1280, on édifie le nouveau sanctuaire gothique car une des tours s’était effondrée sur lui en 1271. Il ne sera achevé qu’en 1393. En 1479, Louis XI prend à témoin le lieu de culte dijonnais pour confirmer sa protection envers la capitale bourguignonne, c’est à dire en réalité, sa reconquête du duché bourguignon. (Les canons du château dijonnais, par exemple, étaient tournés du côté de l’église Notre-Dame pour mater la ville en cas d’émeute, et les Français ne manquèrent pas de s’en servir). En 1813, l’abbatiale devient cathédrale du tout jeune diocèse de Dijon, érigé en 1731. Auparavant, la cathédrale était Saint-Etienne. Le portail de la basilique est alors supprimé. Il n’en subsiste que saint Bénigne et quatre autres éléments. Au XIXe siècle, la cathédrale est jugée délabrée. Certains envisagent même de la démolir. Des travaux de restauration sont engagés en 1830 puis en 1884. En 2002 le diocèse de Dijon devient archevêché métropolitain : la cathédrale devient logiquement dans la suite la cathédrale métropolitaine.
P1060860A l’intérieur, le visiteur remarque une grande différence entre la pierre de la nef et celle du chœur. Il est raconté que la pierre n’était pas la même. La campagne de restauration faite entre 1988 et 1995 a eu pour but de refaire ce contraste, vivement critiqué. Les grandes orgues sont également remarquables, elles furent construites au XVIIIe siècle par les frères Riepp, qui ont également réalisé les orgues de la collégiale Notre-Dame de Dole.

Le carillon de Dijon est relativement récent. La majorité des cloches proviennent des fours d’Annecy le Vieux, dans les années 1960 et 1980. En regardant attentivement le carillon, le connaisseur remarquera une différence entre une minorité de cloches et les Paccard : le manque de patine évident chez les savoyardes, alors que quelques unes, fondues dans un tout autre profils ont quelques décennies de plus. Ce sont des vestiges des anciens carillons. L’histoire du plus grand instrument campanaire bourguignon (67 cloches) est en effet mouvementée. La plus grande des cloches fixes provient de l’église Notre-Dame (le carillon utilise aussi les 4 cloches de volée). En effet, à la fin du XIXe siècle, le clocher de Notre-Dame voit son architecture modifiée, avec l’apparition d’une haute flèche, et il ne peut plus supporter d’importantes cloches. Celles-ci sont alors descendues et cachées avant l’érection d’un autre clocher. Mais la cathédrale récupéra la grosse cloche avant qu’il ne soit construit, laissant aux oubliettes le projet de Notre-Dame. Les autres partirent pour l’église moderne de Sainte-Bernadette. Le petit bourdon est la seule cloche de volée antérieure à la Révolution : c’est l’ancien bourdon de Saint-Etienne, désaffectée à la Révolution et aujourd’hui bibliothèque. Toutes les cloches de Saint-Etienne ont aussi servi au carillon. Tout comme les cloches de Notre-Dame, elles ont toutes été refondues. Une des plus grosses cloches porte dans le bronze gravé le souvenir de ces cloches. En 1862 est formée la sonnerie en volée de la cathédrale. Les sonneurs devaient monter jusqu’au sommet de la tour afin d’actionner les cloches avec des pédales, jusqu’en 1935, moment où des moteurs les remplaceront. Le bourdon de sept tonnes est installé car les autorités religieuses jugeaient normal que la plus grosse pièce du diocèse soit à la cathédrale et non ailleurs, car la collégiale de Semur-en-Auxois avait commandé à G. Morel une cloche de cinq tonnes en 1857. Après l’installation de la sonnerie en volée, au sommet, des cloches de carillon ont été installées en 1894, 1895 et 1902.

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Nom Fondeur Année Diamètre (cm) Masse (kg)

Note

1

Marie Alphonse G. Morel 1862 221,2 7122 Fa 2
2 Claude Guillot & Mahuet 1740 172,4 ~3500

La 2

3

Elisabeth Louise G. Morel 1862 143,8 1805 Do 3
4 Bernard Sophie G. Morel 1862 108 794

Fa 3

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Mes remerciements vont au chanoine Dominique Garnier, archiprêtre de la cathédrale pour son aimable autorisation, ainsi qu’à M. Sébastien Carcel, sacristain, pour son accueil et sa dévotion. Je tiens également à remercier le père Gonneaud, curé de Notre-Dame de Dijon pour l’organisation de cette visite et à Mike « Quasimodo » sans qui ce reportage n’aurait pas vu le jour.

Sources :
Didier Gonneaud
Adrien Q.
Matthias Walter, campanologue
Paroisse-Cathédrale Saint Bénigne de Dijon
Wikipédia

Voir aussi :
Office du Tourisme, Dijon
Paroisse Notre-Dame

 

 

 

 

 

Un avis sur “Dijon – Cathédrale Métropolitaire Saint Bénigne

  1. Pour la petite histoire :
    Cloche 1 « Marie Alphonse » : G. Morel, 1862 – 7’122 kg, 221,2cm – Fa 2 +4
    Cloche 3 « Elisabeth Louise » : G. Morel, 1862 – 1’805 kg, 143,8cm – Do 3 +10
    Cloche 4 « Bernard Sophie » : G. Morel, 1862 – 794 kg, 108cm – Fa 3 +11
    Ces 3 cloches de 1862 sont celles du fondeur Gédéon Morel, fils d’une dynastie de fondeurs et maîtres-horlogers de Morbier/Morez (la capitale des horloges comtoises et des mécanismes d’horlogerie pour églises et cathédrales). Il descendait en ligne directe d’une famille de forgerons Morel connue depuis bien avant la Renaissance. L’un de ses ancêtres, Etienne Morel, avait établi ses forges vers 1560 sur la Bienne dans une cluse du Jura, lesquelles sont à l’origine de la ville de Morez. Gédéon avait pour sa part délocalisé ses deux fonderies sur Lyon, à la Croix-Rousse, pour profiter des facilités de transport par la Saône et par le Rhône, et ce dès 1833.

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