Sur les hauteurs de Saint-Julien-en-Genevois, offrant un panorama agréable sur le lac Léman et le Salève, la commune de Feigères se dessine sur un plateau mis en valeur de part et d’autre du chef-lieu par le Grand Nant et par l’Aire qui ont creusé des petits vallons au fil du temps. Au Moyen-Âge, la paroisse dépend des comtes de Genève. Les chartreux de Pomier y percevaient aussi la dîme. En 1401, elle passe sous domination savoyarde avec la prise du comté de Genève par Amédée VIII. Au XVIIIe siècle, Feigères fait partie intégrante du baillage de Termier avec les localités alentours et ce jusqu’à la Révolution française. La population de ce charmant village a atteint un pic d’un millier d’habitants au milieu du XIXe siècle avant de décroitre lentement jusqu’aux années 1960. Depuis, la commune alors réduite à 400 âmes a quadruplé son volume, tutoyant même les 2’000 personnes aujourd’hui !
Citée en 1302 déjà comme donation à l’abbaye Saint-Victor de Genève, l’église de Feigères fut reconstruite intégralement en 1846-1847 suivant le plan d’une croix grecque. Elle fut ensuite consacrée en 1852. Au début du siècle, l’église menaçait ruine et le curé Naz en dressait de nombreuses critiques : elle était trop sombre, trop petite, le plafond trop bas, la toiture abîmée et laissait l’eau s’infiltrer dans l’édifice… Et le clocher, un petit mur en façade avec deux baies pour les deux cloches, menaçait ruine à chaque volée ! C’est en 1835 que le conseil municipal s’intéresse à sa reconstruction, soit 12 ans avant les travaux effectifs ! L’édifice sera alors orienté différent : le clocher qui servait d’entrée dans le monument finira alors collé contre le chœur. Seule la base de ce dernier fut conservé, avec notamment l’ancien porche qui demeure encore aujourd’hui. Sa disposition historique de clocher mur sera revue avec la construction d’une nouvelle tour carré coiffée d’un lanternon dans l’esprit des églises de la région. A l’intérieur de l’édifice, une sobriété est aujourd’hui bien présente. Jusqu’aux années 1970, c’était un majestueux retable néoclassique entouré de stalles ouvragées qui accueillaient le fidèle ! Malheureusement, le Concile Vatican II eut raison de cette décoration sans doute jugée « ostentatoire » par les ouailles de l’époque. Les retables latéraux, dédiés à la Vierge et saint Joseph, ont eux aussi disparu.
En 1805, deux cloches sont coulées par Jean-Baptiste Pitton de Carouge. Destinées à garnir les deux fenêtres du clocher mur, elles pèsent trois et cinq quintaux de Genève (soit environ 165 et 275 kilos). Outre les parrains et marraines respectifs, elles arboraient aussi les noms des autorités : le maire Antoine Puget et le curé Claude Dromp. Ces deux cloches seront ensuite transférées dans le nouveau clocher, cette fois ci dissimulées derrière les abat-sons. En 1950, la sonnerie Pitton est remplacée par une sonnerie Paccard flambant neuve et beaucoup plus imposante ! La plus grosse cloche dépasse la tonne et la plus petite est légèrement plus lourde que la grande cloche Pitton ! Sur la grosse cloche, nommée Jeanne d’Arc, se trouvent l’intégralité du conseil municipal de Feigères. Se trouvent aussi les noms du pape, de l’évêque et du curé de l’époque. Elle est dédiée aux saintes Jeanne d’Arc et Jeanne de France. La cloche moyenne, nommée Françoise-Chantal, est à la gloire de saint François de Sales et de Notre Dame de la Salette. La plus petite cloche, enfin, Marie Thérèse, prie pour les saintes Thérèse et Maria Goretti. Chaque cloche porte une maxime : la grande invite ses ouailles à entendre son appel tandis que la moyenne chante les louanges du Seigneur et de Notre Dame. La plus petite, enfin, rappelle aux fidèles le commandement du Seigneur « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
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N° |
Nom | Diamètre (cm) | Masse (kg) |
Note |
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1 |
Jeanne d’Arc | 120,2 | ~1’150 | Mi 3 |
| 2 | Françoise Chantal | 101 | ~620 |
Sol 3 |
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3 |
Marie Thérèse | 80 | ~325 | Si 3 |
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Fonderie Paccard – 1950 |
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Mes remerciements à :
M. Gérard Messerli, sacristain, pour l’ouverture du clocher et les sonneries spéciales.
M. Michel Brand, ancien élu d’Archamps, pour l’organisation du rendez-vous.
Sources & Liens :
Feigères, Abel Jacquet, 1941
Relevé d’Auguste Cahorn, 1888 – Archives diocésaines d’Annecy
Relevé personnel
Fonds privés
La Salévienne